Hommage à Christophe de Ponfilly par Olivier Weber

21 mai 2006.
 

Il était l’ami des équipées afghanes et des chevauchées solitaires. Grand connaisseur de l’Afghanistan, Christophe de Ponfilly, mort à 55 ans, avait découvert une vallée perdue, le Panchir, en pleine guerre contre les Soviétiques. Et un homme d’une lucidité incroyable, le commandant Massoud. De cette rencontre, Christophe de Ponfilly sera marqué à vie, à mort. Cinéaste et grand reporter, lauréat de nombreux prix dont le prix Albert Londres, il s’engage pour la cause afghane, rend célèbre le Lion du Panchir. Écrivain, il écrit des récits de voyage et la chronique d’une occupation, celle de l’Armée rouge en Afghanistan -Massoud l’Afghan, Une vallée contre un empire. Mais pas seulement : le regard de Christophe sur la planète était chaleureux, tendre, souvent révolté, et d’abord contre l’indifférence du monde.

Lorsque Massoud meurt le 9 septembre 2001, nous étions quelques-uns à nous attendre au pire. Il surviendra deux jours plus tard, avec la destruction des tours de Manhattan. Massoud était un colosse aux pieds d’argile. Christophe de Ponfilly aussi. Il gardait de ses escapades aux quatre coins du monde une ironie amère, un humour caustique qui masquaient ses failles, ses penchants d’homme fragile. Il venait d’achever son premier film de fiction, L’Étoile du soldat, l’histoire authentique d’un soldat de l’Armée rouge capturé en Afghanistan. Il a toujours gardé sur lui la photo de ce jeune combattant. Nous garderons sur nous l’image d’un cinéaste-écrivain au coeur blessé et clairvoyant.

Olivier Weber


Un bel hommage de Pierre Assouline : https://passouline.blog.lemonde.fr/...