Thibaut Ascher, lauréat 2010 :"Mon concours de nouvelles"

15 juin 2010.

Depuis l’écriture de sa nouvelle d’après l’incipit de Pierre Bottero, jusqu’à son séjour à Saint-Malo et la remise de prix officielle le 22 mai dernier, Thibaut Hascher nous raconte son aventure.

 

ETONNANTS VOYAGEURS 2010 :
du collège Rimbaud de Charleville-Meizières à Saint-Malo.

L’écriture.

Tout a commencé ce jour où Mlle Braun m’a demandé si j’aimais écrire. Elle faisait alors le tour du CDI pour inscrire les (rares) élèves volontaires pour participer au concours de nouvelles pour les jeunes de 11 à 18 ans organisé annuellement par Etonnants voyageurs. Je n’avais alors aucune idée de la tournure que prendraient les événements.
« Est-ce que tu aimes écrire ? »
« Oui, pourquoi ? »
« Ça t’intéresserait de participer à un concours de nouvelles ? »

Elle m’a alors donné le règlement, et les deux incipit proposés par Pierre Bottero (célèbre auteur d’Héroïc Fantaisy : Ewilan, l’Autre,…). Le principe du concours repose dessus : le candidat a le choix entre deux incipit qu’il doit ensuite continuer. La nouvelle doit faire entre deux et quatre pages.

J’ai choisi le 1er incipit : j’aurais plus de facilité à y introduire de l’action que dans le second, dont le thème principal est le rêve, donc plus poétique. Je suis alors resté près de trois semaines sans développer d’idées dignes d’intérêt. J’en étais même venu à envisager de laisser tomber. Finalement, le 23 décembre, pour être exact, je me suis attelé à l’ordinateur, j’ai recopié mon incipit, et, le plus naturellement du monde, la suite m’est venue à l’esprit au fur et à mesure que mes doigts continuaient à écrire. J’ai passé une bonne heure ainsi, puis j’ai arrêté et repris le lendemain. Au total, j’ai passé trois heures à l’écriture de ce texte de quatre pages.
C’est également ce jour-là que j’ai appris, à regret, sur le site du concours, la nouvelle de la mort de Pierre Bottero, décédé dans un accident de moto le 8 Novembre 2009. Je pense qu’il aurait été fier de nos nouvelles.

Première sélection : plus que 16 lauréats… sur 6 000 !

Ma nouvelle, intitulée Une fois mais pas deux, devait être prête pour le 15 Janvier. J’avais donc largement eu le temps de la relire, de la corriger, de l’améliorer et d’en changer la fin, comme me l’avaient conseillé mes parents.
Une fois rendue, je n’avais plus qu’à attendre… Mais je ne me faisais pas de souci : je me doutais bien que mes chances de gagner étaient faibles et que mes concurrents étaient nombreux. Mais voir mon nom sur la liste des 80 lauréats qui seraient sélectionnés (5 par académies ou interacadémies) m’aurait tout de même fait plaisir. Alors aujourd’hui, le moins que je puisse dire, c’est que mes espoirs furent récompensés, ce fameux Lundi 29 Mars où j’ai appris que j’étais arrivé 1er de l’interacadémie Reims-Nice, et que j’ai réalisé que non seulement j’étais parmi les 16 qui seraient prochainement publiés, mais qu’en plus, j’avais mes chances d’aller à Saint-Malo durant le week-end de la Pentecôte avec quatre autres lauréats ! Cette première réussite m’a également rapportée une carte cadeau de 50 €.
En attendant, je la joue discrète : à part M. Duperont, notre nouveau documentaliste, la Principale, Mme Brion, et quelques rares profs et élèves qui ont fini par apprendre la nouvelle, personne n’était au courant (je parle du collège, bien sûr : dans ma famille tout le monde suivait l’affaire de près).
En attendant les prochains résultats, j’ai pu découvrir avec plaisir la plupart des nouvelles des 15 autres lauréats, mises en lignes.

Les 5 derniers lauréats.

Jeudi 22 Avril 2010 : je n’ai appris la nouvelle qu’à 16h 45, lorsque mon père est venu me rechercher au collège. Les résultats devaient tomber ce jour-là, mais en début d’après-midi aucun nom ne figurait sur le site des Etonnants Voyageurs. Je m’étais donc résigné à ne pas faire partie des « 5 », et pourtant, je mourais d’envie d’aller à Saint-Malo ! Pas pour gagner (qu’importe d’être le 1er si l’on est au moins sélectionné parmi les « 5 »), mais pour rencontrer des gens, des écrivains, et plus particulièrement les 4 autres lauréats, des jeunes comme moi qui aiment écrire, qui partagent les mêmes passions que moi.
C’est donc mon père qui m’apprend, dans la voiture, que dans un mois je serai à Saint-Malo. Sur internet, je découvre que je suis le seul garçon à y aller.

Heure H -14…

Samedi 22 Mai 2010 : 5h 45. Dans une heure, je serai dans le train qui me conduira à Paris, d’où je partirai pour ma destination finale : Saint-Malo ! Et dans 14 heures, je saurai enfin…

Heure H -8

A Paris, petit avant goût de ce merveilleux week-end : sur les sièges du train se trouvent des exemplaires du recueil dans lequel je viens d’être publié !!! Je me jette dessus et en lis les trois quarts avant que le train n’arrive en gare de Saint-Malo.

Heure H -6

Là, une voiture et un chauffeur nous attendent. Nous sommes conduits à l’hôtel où nous (mes parents et mon petit frère, Quentin) passerons les deux prochaines nuits (les frais de transport, d’hébergement et de bouche sont pris en charge par le festival). Après notre arrivée, nous nous promenons une heure sur la plage (le soleil aussi était présent) avant de gagner le Palais du Grand Large, où se déroulent les principales activités du festival. Après avoir visité diverses expositions (tableaux venus d’Haïti, planches originales des BD de François BOURGEON Les Passagers du Vent, …), nous partons pour le Salon du Livre, où je rencontre Pierre Bordage, qui me dédicace Les Derniers Hommes, et Mikaël Ollivier, nouveau président du jury puisque ami de Pierre Bottero, et qui manque de me donner à l’avance le résultat final !!! Heureusement, il les avait oubliés… Le suspens dure jusqu’au bout !

Heure H : la remise des prix

Nous étions 6 000 à travers toute la France, nous ne sommes plus que 5…
Il est 19h 15, au café littéraire du Palais du Grand Large, où le jury s’apprête à appeler les cinq lauréats à rebours, après quelques mots de Mikaël Ollivier à la mémoire de Pierre Bottero.

Au fur et à mesure que nous sommes appelés sur scène, les meilleurs extraits de nos nouvelles sont lus par Timothée de Fombelle, membre du jury. Ainsi, au terme de ce compte à rebours, je suis nommé… 1er LAUREAT NATIONAL ! Mon cœur était sur le point de se décrocher de ma cage thoracique lorsque j’ai été appelé…

© Gaël Le Ny
Thibaut Hascher, entouré de Jean-Philippe Arrou-Vignod, représentant des éditions Gallimard et de Michel-Edouard Leclerc, partenaire du concours.

Au terme de cette cérémonie, clôturée par quelques photos, je repars avec dix livres, un diplôme et 600 € (à faire valoir dans les espaces culturels E. Leclerc) !

Mais la soirée est loin d’être finie : aussitôt descendu de scène, un journaliste de l’Actu m’interroge :

« Ça fait longtemps que tu écris ? »
« Depuis que j’ai 11 ans. »
« Et tu avais déjà participé à un concours de nouvelles ? »
« Non, c’était la première fois. »
« … »

Après quoi, nous (les cinq lauréats, nos familles et un tas de monde) sommes invités à un petit cocktail, où je signe une bonne vingtaine d’autographes ! Là, moi et les quatre autres gagnantes nous échangeons également nos adresses e-mails…
Je dédicace deux recueils pour les deux filles de Michel-Edouard Leclerc.
« Si c’est ce que tu aimes faire, continue. » m’encouragent-elles.

Encore un jour et demi à Saint-Malo

Lors des deux jours suivants, je continue à visiter Saint-Malo : balade sur les remparts, visites au salon du livre, cinéma (en rapport avec le festival), débat sur le thème de la Mort dans les livres pour la jeunesse, avec, notamment, Mikaël Ollivier, bref, un excellent week-end.
Mais vient l’heure (15h 50) où je dois repartir, alors que quelques semaines de plus ne m’auraient pas déplu (c’est vous dire à quel point les Ardennes ne m’ont pas manquées) ! Je ne serai de retour à Charleville qu’à 11 heures du soir. Pas grave, demain je ne vais pas au collège !

Thibaut HASCHER :
1er prix du concours de nouvelles Etonnants Voyageurs 2010.