NIMROD

Tchad

28 janvier 2013.
 

Grand poète du continent africain, Nimrod Bena Djangrang dit Nimrod, né en 1959, a quitté son Tchad natal en 1984. Révélé au grand public en 2001 par un roman, Les Jambes d’Alice (Actes Sud), il est l’auteur d’une oeuvre qui explore sans relâche l’expérience de l’exil. Sa poésie a été récompensée par de nombreux prix : le prix de la poésie de la Fondation de la vocation pour Pierre, poussière en 1989, le prix Louise-Labbé pour Passage à l’infini en 1999 et le prix Max Jacob pour Babel, Babylone en 2010, tous publiés aux éditions Obsidiane.

Nostalgique et profond, ce poète-philosophe, hanté par le souvenir de la patrie perdue, s’est fixé pour tâche de "demeurer fidèle à la poussière". Comme tous ses écrits, L’or des rivières, recueil de récits poétiques, oscille en permanence entre le passé et le présent, entre les souvenirs d’enfance et la réalité de l’exil.


Bibliographie :

Romans

Poésie

Essais

Littérature jeunesse


Présentation de : L’or des rivières :

Revenant au pays comme chaque année pour visiter sa mère. Nimrod emprunte aux premières lueurs de l’aube les ruelles ocre de son quartier d’antan. Par-delà les années la vieille dame n’a pas bougé, et pour son fils exilé, voyageur lettré de passage en ce monde dont elle préserve l’intemporelle réalité, un sentiment soudain se précise : "C’est ma mère qui invente ce pays. Comme j’ai mis longtemps pour formuler cette idée. Elle est si simple pourtant. Dépouillé depuis toujours de la moindre de mes richesses, surtout lorsque j’ai eu dix-neuf ans - qui est l’âge de la guerre civile -, le pays ne cesse de me piller. Ma mère incarne ce dénuement. Aux poètes tchadiens - présents et à venir - je dédie cette par-celle de nudité que même la fraîcheur matinale dé-daigne désormais. Il faut beaucoup d’imagination pour lui trouver un attribut maternel. C’est mon rôle à moi qui suis poète. Ma mère invente le Tchad." A partir de ce subtil hommage, Nimrod déploie, dans une succession de tableaux, des récits dans lesquels il réenchante les bonheurs passés, évoque les rares moments de partage avec son père, grand absent de sa vie, et revient aux origines de son tempérament contemplatif, comme si dans l’enfance il percevait déjà l’inévitable départ et dès lors s’efforçait de préserver en lui un refuge aux dimensions de l’univers : la poésie est fille de mémoire.


Présentation de : Le bal des princes :

Après Les Jambes d’Alice et Le Départ, Nimrod poursuit l’histoire d’un jeune Tchadien aux prises avec les affres de l’infidélité, les contradictions de l’exil et la schizophrénie du pouvoir. Fin lettré, de retour dans le village familial, le narrateur de ce roman se voit confronté au grotesque de certaines démonstrations militaires mais aussi à leur extrême naïveté : miroir tendu à son propre cheminement. Mais au-delà de ses regards parfois critiques, cet homme aux appartenances multiples s’éprend avec une sensibilité toute poétique, toujours et encore, de ce pays et de ses habitants.


Présentation de : La Nouvelle Chose Française :

“Comment endosser la posture d’un écrivain qui, a priori, devrait être présenté comme étant dépourvu de lecteurs, de critiques, de journaux, de machines éditoriales et, d’une certaine façon, d’appartenance nationale ? Telle est la situation de l’écrivain africain de langue française. L’exil est son essence, à l’image de la littérature où il s’inscrit, née sur les quais de la Seine, à l’ombre de la Sorbonne, dans les années 1930. La Nouvelle Chose française est le manifeste de ce paradoxe. Senghor est celui qui l’a bien compris, qui, sachant que nous n’aurons pas avant quelques siècles le lectorat, l’économie culturelle nécessaire à l’épanouissement de nos écrivains et de notre littérature, invente la francophonie. Les essais réunis dans ce volume sont pour moi l’occasion d’analyser mon statut d’écrivain exilé pour tenter de comprendre ce dont il retourne quand on écrit loin de chez soi, avec des lecteurs et des critiques étrangers à l’univers de notre création. Traduire des imaginaires et des histoires « d’outre-ciel » dans la langue de Rabelais n’est pas une mince prouesse quand on est sénégalais ou tchadien, mais les frontières du français sont plus vastes que celles de l’hexagone.” Tels sont les mots de Nimrod, qui propose dans ce livre une profonde réflexion sur l’essence de l’exil, le territoire de l’imagination et les frontières de la langue pour un écrivain. Nimrod est poète, essayiste et romancier. Il a publié aux éditions Actes Sud trois romans : Les Jambes d’Alice (2001 et Babel 2008), Le Départ (2005) et Le Bal des princes (2008). Sa poésie est publiée aux éditions Obsidiane.