DJAVANN Chahdortt

Iran

20 mars 2012.
 

Biographie

© Claude Wegscheider
Chahdortt Djavann

"Il m’a fallu beaucoup de temps pour admettre que même Dieu, s’il existait, ne pouvait rien ni contre le passé, ni contre la réalité ; et qu’il s’en foutait royalement de l’humanité. Ce fut peut-être là le moment décisif où j’ai voulu, au dépend de ma vie, devenir écrivain. Mais, à bien y réfléchir, ce qui a fait vraiment de moi un écrivain, c’est ma grande capacité à survivre aux chocs, à jouir des pires souffrances et à me reconstituer après chaque anéantissement." Les premiers mots de Je ne suis pas celle que je suis, le dernier roman de Chahdortt Djavann, résument à eux seuls la personnalité de cette iranienne. Installée en France depuis près de 19 ans, est est l’une des grandes figures littéraires de la diaspora iranienne. Après une adolescence à Téhéran sous l’oppression du voile islamique, et du la loi des mollah, elle décide de quitter son pays pour Istanbul, puis Paris.

Chahdortt Djavann, qui débarque à Paris en 1993, ne parle alors pas un mot de Français. C’est cependant avec beaucoup de conviction qu’elle embrasse les valeurs de la République, en particulier celle de la laïcité. Avec beaucoup de courage, elle apprend le Français à la Sorbonne, tout en continuant ses études,en sciences humaines. Toujours attachée à son pays, elle obtient le diplôme de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales pour un mémoire intitulé L’Endoctrinement religieux (analyse des manuels scolaires iraniens) . Elle hésite un temps à embrasser la carrière d’enseignante avant de se décider à se consacrer uniquement à l’écriture.

Si l’Iran est toujours présent dans ses romans, Chahdortt Djavann, multiplie les axes de réflexion sur l’identité, et la place de la religion. Dans Comment peut-on être français ?, elle imagine la réponse d’une jeune femme aux Lettres Persanes de Montesquieu. Dans un registre beaucoup plus dur, La Muette revient sur la triste réalité des mariages arrangés en Iran, de l’inhumanité des mollahs iraniens. Ces figures féminines, héroïnes des romans de Chahdortt Djavann, apparaissent toutes comme ses propres reflets à la lecture de son dernier roman, Je ne suis pas celle que je suis. Elle y décrit avec beaucoup d’humanité le périple de Donya, jeune iranienne dont l’histoire est très proche de la sienne, des rues de Téhéran à celles de Paris, mais aussi en parallèle sa longue et douloureuse analyse sur le divan : lente reconstruction mais aussi rédemption dans la découverte d’une nouvelle langue.


Bibliographie :


Présentation de Je ne suis pas celle que je suis

Des vies différentes dans des villes différentes, et une même femme. Deux histoires entrelacées. L’une, picaresque, nous fait voyager en compagnie de l’héroïne, qui traverse mille et une épreuves, de Téhéran au golfe Persique, de Dubaï aux rives du Bosphore. Et l’autre, intime, à Paris, se construit dans le cabinet d’un psy. Pour la première fois une psychanalyse nous est dépeinte, séance par séance, comme un tableau impressionniste. Le rapport au père, à la mère, aux hommes, la prison, la torture, le viol, la prostitution, la solitude, l’exil et la langue française dont il faut s’emparer pour faire le récit d’une vie, pour se réconcilier avec la vie sont les thèmes de ce livre.

Revue de presse :


Résumé de Comment peut-on être français ? :

Roxane arrive à Paris. Comme bagage, elle n’a que son enthousiasme, sa naïveté, son désir et sa rage d’apprendre le français. Elle veut devenir française par la langue. Mais la langue française se révèle implacable, une compagne infidèle. “ Quelle belle garce cette langue, la plus belle. Quelle belle grâce cette langue, la plus belle. ”
Les bribes d’une enfance iranienne troublent son monde parisien. Les souvenirs murmurent tout bas. Elle se découvre un confident mythique : Montesquieu. Elle se raconte et raconte le monde d’aujourd’hui à l’inventeur des Lettres persanes.
Dans une écriture où l’imaginaire se confond avec le réel, où la drôlerie et la fantaisie le disputent à la mélancolie et à l’amertume, la vie d’une jeune femme est mise en scène : une femme qui connaît le prix à payer pour ne pas perdre pied face à la réalité.
Ce roman, souvent proche du conte, impressionne par la légèreté, l’humour et la sobriété de ton. Un roman de formation. Une histoire à suivre.