DIOP Christiane Yandé

25 octobre 2010.
 

Directrice des éditions Présence africaine fondées en 1947 par son mari Alioune Diop, Christiane Diop est la première femme noire dirigeant une grande maison d’édition à Paris.
Chevalier de la légion d’honneur au titre des soixante années d’activités professionnelles dans les domaines de l’édition et de la littérature, la doyenne des grandes années de la Négritude est à la tête d’une structure qu’on ne présente plus.
Présence africaine a permis aux intellectuels et aux écrivains noirs de revendiquer leurs identités culturelles et historiques que le contexte colonial niait ou « exotisait ». La maison d’édition et sa revue du même nom furent donc à la fois un mouvement, un réseau d’échanges et une tribune permettant aux différents courants d’idées liés aux « mondes noirs » de s’exprimer.
Christine Diop l’a bien en mémoire, c’est en 1947 qu’Alioune, déjà son époux, fonde la revue, qui deviendra maison d’édition en 1949. Le couple s’entoure des plus grands, qui feront plus tard la gloire de l’identité négro-africaine : les ethnologues Théodore Monod, Michel Leiris, Paul Rivet, les écrivains et philosophes Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Jean-Paul Sartre, André Gide, Albert Camus...
Arts, civilisations et modes de pensées du « Monde Noir » sont donc mis à l’honneur, dans cette maison d’édition située dans la célèbre rue des Ecoles : être installés à Paris, capitale de l’ex-colon, est tout un symbole.
Au décès de son mari en 1980, Alioune Diop reprend les rênes de Présence Africaine et continue, en digne continuatrice de l’œuvre de son époux, à soutenir la ferveur de la voix noire. De colloques en ateliers, elle défend avec une ténacité sans borne la culture et les identités noires. Elle a notamment été parmis les intellectuels à soutenir les premiers mouvements noirs américains comme Harlem Renaissance et reste l’une des rares maisons d’édition à réimprimer régulièrement les ouvrages classiques de Senghor, Césaire et Anta Diop.