L’édito de Michel Le Bris

Villes mondes, cultures urbaines

21 juin 2011.
 

Le XXIe siècle naît sous nos yeux

Après une année particulièrement riche au cours de laquelle Etonnants Voyageurs a fait escale à Bamako en novembre, vu un grand colloque au Canada consacré à la « littérature-monde » et paraître sur celle-ci plusieurs ouvrages à l’étranger, le festival retrouve la cité malouine à la Pentecôte prochaine.
Une nouvelle halte au pied des remparts pour plus de 300 rencontres, débats, lectures, cafés littéraires, des expositions, 140 projections de films documentaires et de fiction et un espace librairie de 3 000 m2. Et cinq jours d’un festival jeunesse plein de belles énergies. Cette année encore plus de 250 écrivains, dessinateurs, photographes et cinéastes seront au rendez-vous de l’aventure, de la fiction et du voyage…
Plus que jamais, par le thème retenu, Etonnants Voyageurs au cœur de la littérature en train de se faire.

Villes mondes, cultures urbaines

En 1950, seules Londres et New York comptaient plus de 8 millions d’habitants. Aujourd’hui, on compte 22 mégapoles dans le monde. On en prévoit 35 en 2015. Et 4 milliards de citadins. Villes folles, monstrueuses, tentaculaires, en croissance exponentielle, sans plus de centre ni de limites, cratères en éruption où s’invente le monde de demain, dans le tohu-bohu des identités confrontées, mêlées, brisées, réinventées — et nous savons bien que nos concepts et nos catégories anciennes sont impuissants à les penser. « Dire le monde », aujourd’hui, c’est d’abord dire la prolifération hallucinante de ces mégapoles, les énergies qui les traversent, leurs sons, leurs rythmes, leur chaos tout à la fois destructeur et créateur, la résistance aussi à la sauvagerie de leur expansion, l’invention de nouvelles manières d’être ensemble. Cultures urbaines. Dans ces cratères en fusion s’invente la littérature de demain, s’entend des voix nouvelles, se réinventent images et musiques, et jusqu’à l’espace même : une culture-monde.

Révoltes urbaines : l’acte de naissance du siècle nouveau ?

Achille Mbembé avait annoncé le surgissement d’une « autre Afrique », et d’une culture « afropolitaines » par laquelle la jeunesse exprimait sa révolte et ses espoirs, inventait une parole neuve. Nous l’avons vu s’emparer littéralement du festival Etonnants Voyageurs en novembre, à Bamako — et nous l’avons vu dans les rues de Tunis, puis du Caire, nous l’avons vu ébranler tout le monde musulman. Et au delà : comment ne pas voir que le phénomène est mondial ?
Lina Ben Mhenni, la blogueuse tunisienne, Khaled Al Khamassi et Alain Buu sur la place Tahir, Kamel Daoud et Abdelwahab Meddeb en Algérie et Amkoullel la star du hip hop malien, artistes s’emparant de la rue comme d’un livre à écrire, grapheurs, « pixadores », photographes comme JR et Choque, artistes peintres comme Ernest Pignon Ernest, Paul Bloas, Miss’ Tic, mais aussi les slameurs Rouda, Rim, Neobled et Lyor (collectif 129h), Souleymane Diamanka et Jacky Ido.
Hip-hop, slam, street art, mais aussi « web docus », B.D., romans, poésie, séries TV : nous avons voulu cette année déployer, le temps du festival, la diversité des expressions nouvelles.
Une formidable mutation est en cours, comme l’acte de naissance du siècle nouveau : trois jours de festival pour en prendre la mesure…

Et tous les grands axes du festival.

Vous découvrirez toute la programmation du festival dès le mois de mai, sur ce même site.
En attendant, retrouvez tous les auteurs présents cette année, ici.