HUNT Laird

6 mars 2011.
 

Biographie

Paul Auster le compterait, dit-on, parmi les jeunes écrivains les plus talentueux de la scène littéraire américaine contemporaine. Tout comme P. Auster, bien que leurs choix formels divergent grandement, Laird Hunt se plaît en effet à instiller le doute, à cultiver le soupçon du lecteur, dans des romans où réalité et fantasme restent indiscernables.

Fils d’un homme d’affaire, Laird Hunt a eu une enfance vagabonde :
né à Singapour, où il a vécu jusqu’à l’âge de 4 ans, il a ensuite résidé à Londres, aux Pays-Bas puis en France. Ces déracinements successifs, au cours desquels il a appris puis oublié plusieurs langues (le chinois, le hollandais), ne sont peut-être pas pour rien dans le sentiment de décalage et d’étrangeté qui baigne toutes ses œuvres.

Aujourd’hui professeur de "creative writing" à l’Université de Denver, Laird Hunt est lui-même diplômé d’une université pour le moins atypique : la Naropa University, fondée en 1974 dans le Colorado par un bouddhiste tibétain. C’est au sein de cet établissement, dont le cursus de littérature, baptisé Jack Kerouac School of Disembodied Poetics (Ecole Jack Kerouac de poésie désincarnée (!)), fut fondé par des poètes de la Beat Generation, que le jeune écrivain a fait ses premières expérimentations littéraires.

Comme son premier roman Une impossibilité (2005), New-York N°2, son dernier ouvrage traduit en français, prend le prétexte d’une intrigue de roman noir pour perdre son lecteur dans un univers à plusieurs strates qui s’apparente à l’angoissant cinéma de David Lynch. Très référencé, plein d’humour, ce roman, où l’on évolue à tâtons dans le New-York déréglé de l’après 11-Septembre, questionne le rapport malade qu’entretiennent nos sociétés avec le réel.


Bibliographie :


Présentation de New-York N°2

spip_logo “Tous nos New York sont, après tout, en partie rêvés. Nombre d’entre eux sont modelés par les brillants rêveurs nous ayant précédés.” L. H.

Au lendemain du 11-Septembre, Henry, brisé par les événements et en proie à des obsessions et à des cauchemars qui ne le laissent jamais en paix, sombre dans une existence de vagabondage dans l’East Village de New York.
Il est “sauvé” de son errance par une association fantomatique dont l’activité principale semble consister à mettre au point le meurtre de clients qui, particulièrement perturbés par l’attentat, ont choisi de se livrer à l’expérience consistant à survivre à l’épreuve de leur propre assassinat programmé. Ayant rejoint cette sinistre équipe, Henry entre dans une relation étrange avec son chef, le mystérieux spécialiste du hareng, M. Kindt, dont l’identité se découvre peu à peu en ses tours et détours à travers l’évocation du cadavre peint par Rembrandt dans son fameux tableau “La Leçon d’anatomie”…
Parallèlement, le lecteur découvre Henry et M. Kindt dans un autre rôle : celui de patients pris en charge, dans un hôpital, par un certain Dr. Tulp. L’énigme qui entoure tant le passé de M. Kindt que le destin de Henry déploie alors sa configuration de la manière la plus extraordinaire et extravagante.
Truffé d’images et de scènes où s’opère la dissection subtile du corps complexe et monstrueux que forment la réalité, les relations humaines et la nature même de l’existence, jonché d’objets urbains aussi mutants que surréalistes, affecté d’une bonne dose de mélancolie que combattent de grandes quantités de hareng mariné, ce brillant et singulier objet littéraire qu’est New York numéro 2 a des allures de roman noir où un Raymond Chandler qui aurait lu Les Anneaux de Saturne de W. G. Sebald donnerait, sous le signe de la falsification créatrice, son interprétation personnelle de la grande danse macabre qui hante la mémoire de l’inconscient occidental pour faire surgir le visage secret et inquiétant d’une ville meurtrie qui cherche, dans son double rêvé, à apprivoiser le cauchemar qui la hante.

Revue de presse :