SEN Mimlu

Inde

7 avril 2011.
 

Biographie

Cette femme au destin incroyable partage depuis une vingtaine d’années la vie vagabonde des Bauls, ces musiciens nomades de l’Ouest du Bengale qui parcourent les routes et chantent en échange d’une aumône. Une aventure musicale et mystique qu’elle raconte dans son premier roman paru en 2011, Les Vagabonds enchantés.

Mimlu Sen est née à Shillong, en Inde, en 1949. Après de rapides études de littérature anglaise, cette femme à l’esprit rebelle et voyageur part faire du bénévolat dans un village touché par la sécheresse. Plus tard, au cours d’un séjour en Angleterre avec d’autres étudiants, elle "s’échappe" vers Paris, avec seulement cinq livres en poches. Là, elle connaitra la folle effervescence qui souffle sur la ville à cette époque : "C’était le Paris du féminisme, de la psychanalyse et de l’existentialisme. Je passais des nuits blanches à courir de café en café, où je côtoyais les architectes de la révolte, philosophes, peintres et cinéastes." De retour en Inde, elle est emprisonnée pour ses prises de position politique, puis devient pendant quelque temps journaliste.
A vingt sept ans, elle s’installe de nouveau à Paris. Mais en 1982, un concert vient révolutionner sa vie : un groupe de musiciens bauls donnent en effet un récital. Une musique qui ne lui est pas étrangère, transmise d’abord par sa mère dans l’enfance, puis ré-entendue chantée par des prisonnières lors de son incarcération. Mimlu Sen est immédiatement fascinée. La culture des Bauls - qui prônent une extrême tolérance religieuse, refusent le système des castes et encouragent l’égalité hommes-femmes - entre en résonance avec ses convictions intimes. Elle décide alors de quitter Paris, avec ses deux enfants, pour se lancer dans une folle aventure : rejoindre les nomades en Inde pour partager leur vie de dénuement. Elle retrouve Paban Das Baul, le leader du groupe, qui deviendra son compagnon. "Les Bauls m’ont appris que la première étape vers la sagesse est de se connaître soi-même et de s’exprimer." Elle devient musicienne pour accompagner leurs chants (pratiquant l’ektara, cet instrument traditionnel unicorde), et pénètre les secrets spirituels d’une culture jusqu’ici encore trop méconnue. Son autobiographie livre donc un témoignage exceptionnel sur cette vie de bohème et sur la communauté fascinante des Bauls, écrit dans une langue aussi simple que belle.


Bibliographie :


Présentation de Les Vagabonds enchantés

Un soir de 1982, Mimlu Sen, jeune Indienne en rupture de ban, entend à Paris un concert exceptionnel, donné par un groupe de musiciens mystérieux, vagabonds mystiques de l’Ouest du Bengale : les Bauls. Foudroyée net par leur prestation, sa vie en sera changée.
Enfant rebelle de la haute bourgeoisie de Calcutta, elle y a connu la prison, avant de se joindre à un groupe de jeunes gens en partance pour l’Europe. Elle arrive à Paris en mai 1968. Mais voici que cette musique éveille en elle de tels échos que laissant tout, elle décide de retourner en Inde, et de partager la vie misérable et glorieuse des Bauls musiciens – et surtout celle du leader du groupe Paban, qui deviendra son mari. Il lui faudra pour cela descendre très loin en elle-même, pour pénétrer dans une des cultures les plus mystérieuses et fascinantes de l’Inde…
Mystiques et iconoclastes, musiciens vagabonds n’acceptant aucune autorité, vivant parmi les plus basses castes dans un orgueilleux dénuement, n’agissant que selon leur bon plaisir, les Bauls se revendiquent d’une tradition orale née de la rencontre entre les sages tantriques sahajiya et les mystiques soufis qui voyageaient il y a plus de mille ans de la ceinture transcaucasienne au fin fonds des plaines du Gange. Leurs chants ont inspiré la création poétique de Rabindranath Tagore et ont été en 2005 proclamés « chef d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel de l’Humanité ».
Ce livre est le récit d’une double découverte : d’une femme par elle-même à travers un voyage tout à la fois physique et spirituel, et d’une communauté fascinante, jusque là peu connue, dont elle pénètre les arcanes secrètes en partageant leur vie vagabonde dans les villages et les bidonvilles de l’arrière-pays Bengale, courant les festivals perchés sur le toit de bus bondés ou serrés dans des trains surpeuplés. « Un roman d’amour, écrit Dalrymple, tout à la fois un récit de voyage, un livre de dévotion, un travail exceptionnel d’ethnographe, dans un monde à peu près inconnu en Occident »
Une réussite exceptionnelle par son écriture tout simplement splendide, son honnêteté et sa passion.