CHOQUE PHOTOS

Brésil

24 mars 2011.
 

Biographie

Etalant à l’infini le béton de ses façades, asphyxiant chaque jour ses 20 millions d’habitants dans les gaz d’un trafic automobile anarchique, cernée par quelques 1500 favelas, Sao Paulo, première ville du Brésil, est un véritable monstre urbain. Depuis 2006, le jeune Choque a trouvé dans la photographie un « instrument d’autodéfense » contre cet environnement chaotique.

Pendant deux ans il a suivi de l’objectif les virées nocturnes de « pixadores », ces bandes de jeunes surgissant des zones périphériques bombe de peinture à la main pour, au mépris de la police et du vertige, recouvrir des immeubles entiers de signes cabalistiques.

Car Sao Paulo est, à la nuit tombée, le théâtre d’une véritable guérilla symbolique : une fronde artisanale, massive et anonyme menée par la jeunesse des quartiers miséreux contre l’invisibilité sociale.

Le phénomène est unique au monde par son ampleur comme par son esthétique.
Le nombre de façades envahies par ces étranges hiéroglyphes monochromes dépasse largement l’ensemble des situations de graffiti connues à ce jour.

Loin des fresques colorées de New-York, la typographie du « pixaçao » est également singulière. La bizarre ressemblance qu’on peut trouver entre ces innombrables signatures illisibles et les runes des anciens alphabets scandinaves n’est pas un hasard : c’est en effet l’iconographie des pochettes de heavy-metal anglo-saxon des années 80 (AC/DC, Iron Maiden, Slayer), largement reprise à l’époque par la bouillonnante scène « trash metal » brésilienne, qui a nourri l’esthétique noire et anguleuse du « pixaçao ».

Véritable agression esthétique, le phénomène marque le paysage de Sao Paulo comme une cicatrice. Les photos que Choque en a tiré, exposées dans de nombreux pays du continent et lors de la fameuse Biennale Internationale d’Art de Sao Paulo en 2010, témoignent de ce qu’il considère comme le « symptôme d’une maladie sociale chronique ».


Bibliographie :

Documentaire :