NADEAU Maurice

France

15 avril 2011.
 

Biographie

Maurice Nadeau, né en 1911, a connu Aragon, Breton, Prévert, Péret au fil de ses années militantes d’abord au PCF puis dans l’organisation trotskyste "La ligue Communiste" dans les années trentes. Il tire de ces rencontres une "Histoire du Surréalisme" publiée en 1945 qui sert encore aujourd’hui de référence. Il échappe de justesse aux rafles qui frappent son réseau de résistance qui comprenait fait exceptionnel un soldat allemand. Ce dernier sera fusillé pour sabotage et plusieurs des militants, notamment David Rousset, partiront en camp de concentration.

Il entre à la Libération dans le journal issu de la Résistance "Combat" dirigé par Albert Camus dont il va très vite tenir la page littéraire durant 7 ans. C’est ainsi que dans cette fenêtre sur la littérature, René Char, Claude Simon, Henri Miller, pour ne citer que ceux-là, y seront révélés ou défendus. Céline lui-même confiné dans son exil pourra y trouver un appui. "Les écrivains ont le droit de tout écrire". Après "Combat", Maurice Nadeau est critique à "l’Express" de François Giroud puis au "Nouvel Observateur".

Parrallèlement, il dirige une revue littéraire, "Les Lettres Nouvelles", chez l’éditeur Julliard où il aura comme voisin de palier la revue de Jean-Paul Sartre "les Temps Modernes" avec laquelle il entretiendra de bons rapports. Ces liens seront particulièrement renforcés à l’occasion de son inculpation pour la diffusion du "Manifeste des 121" défendant le droit à l’insoumission pendant la Guerre d’Algérie.

Longtemps directeur de collections chez de grands éditeurs comme Corréa-Buchet-Chastel, Julliad, Denoël, le Mercure de France ou Robert Laffont, il prend son indépendance en 1984. Il est encore aujourd’hui, à 98 ans, éditeur à son compte des "Éditions Maurice Nadeau" et directeur de publication de "La Quinzaine Littéraire" depuis plus de 43 ans.

On a dit de lui qu’il est découvreur de talents en littérature. Il a permis, en effet, la publication en France des premiers ouvrages de nombreux écrivains comme "Les Jours de notre Mort", le premier livre sur les camps de concentration de David Rousset, prix Renaudot 1945, "La rage de vivre" de Mezz Mezzrow", "Au-dessous du Volcan" de Malcom Lowry, qui depuis est devenu un grand classique, l’écrivain noir américain Richard Wright, des écrivains de la Beat Generation, Jacques Kerouac et Lawrence Ferlinghetti, "Élise ou la Vraie Vie" de Claire Etcherelli, adapté au cinéma par Michel Drach, "Les Choses" de Georges Perec, prix Renaudot 1965, "Ferdydurke" du grand écrivain polonais Witold Gombrowicz, les poèmes de Pier Paolo Pasolini ou encore "Les Récits de la Kolyma" de Varlam Chalamov dont s’est inspiré Soljenitsine pour écrire son histoire du Goulag.

Il a publié aussi une étude sur Sade en 1947 et la trilogie d’Henry Miller, "Sexus", "Plexus", "Nexus", malgré la censure qui sévissait dans l’après-guerre. Avant de faire son entrée à l’Académie Française, Hector Bianciotti a fait ses débuts dans la collection des "Lettres Nouvelles" qui abrite aussi l’ensemble de l’oeuvre de Léonardo Sciascia, de J P Donleavy ainsi que celle de l’écrivain suédois Stig Dagerman.

Devenu éditeur à part entière, il a publié les inédits d’Henry James, l’écrivain sud-africain Coetzee (prix Nobel de littérature 2003) et poursuit sa prospection de jeunes auteurs avec récemment "Extension du Domaine de la Lutte" de Michel Houellebecq devenu un livre culte auprès des jeunes lecteurs ainsi qu’un ouvrage percutant inspiré de la guerre de Bosnie "Les deux fins d’Orimita Karabegovic" de Janine Matillon.

Le 21 mai 2011, il fête ses 100 ans. Pour l’occasion, Albin Michel publie une version revue et corrigée par ses soins de Grâces leur soient rendues, ses mémoires littéraires, saluées à leur sortie en 1990. Le critique, l’éditeur, quelles que soient son intuition et son obstination, n’existe que par les autres : les écrivains. À tous ceux qui lui ont porté attention et qui, morts ou vivants, continueront à l’accompagner, Maurice Nadeau tient à ce que « grâces leur soient rendues ».


Bibliographie :


Présentation de Grâces leur soient rendues


Témoin privilégié d’un demi-siècle de la vie des idées et des lettres en France, Maurice Nadeau fait apparaître dans ces pages écrivains, journalistes, éditeurs, amis qui ont joué un rôle important dans l’histoire culturelle du XXe siècle : Adrienne Monnier, Gide, Antonin Artaud, les surréalistes André Breton et Benjamin Péret, son ami Roland Barthes, l’un de ses patrons d’édition, René Julliard, des écrivains qu’il a connus et admirés de Maurice Blanchot à Raymond Queneau, Michel Leiris, Samuel Beckett ou Henry Miller.
Le critique, l’éditeur, quelles que soient leur intuition et leur obstination, n’existent que par les autres : les écrivains. A tous ceux qui lui ont porté attention et qui, morts ou vivants, continuent de l’accompagner, Maurice Nadeau tient à ce que « grâces soient rendues ».