LOGIST Karel

Belgique

29 avril 2011.
 

Biographie

J’aime que chacun puisse boire 
entre les lignes de ma main 
l’eau du possible poème 
et voir comment 
au bord de mes yeux 
grandit une fleur incertaine.

Depuis l’enfance, Karel Logist consigne dans ses vers le monde qu’il observe avec humour et gravité. Celui à qui la poétesse Lilian Wooters déclarait dès 1984 : "Vous êtes incontestablement taillé pour écrire", est devenu au fil du temps une voix majeure dans le paysage de la poésie belge.

Né à Spa en 1962, Karel Logist commence par tater des alexandrins au contact de La Fontaine et du Parnasse. C’est à la lecture de Cocteau, Apollinaire et Norge que son écriture se libère. Ses premiers textes sont récompensés très tôt par des prix littéraires. Sous les encouragements de ses ainés, dont Lilian Wooters, un premier recueil, le Seismographe, parait en 1989. Un livre dont la grande qualité littéraire n’échappe pas à la critique.

Avec un brin d’humour, ses vers intimistes explorent à pas prudents les thèmes de l’amour, l’amitié, l’enfance, le voyage, l’observation des autres, le portrait. A mi-chemin entre le chant et la confidence intime, avec une constante pudeur et une naïveté feinte, sa poésie simple, discrète et toujours délicate touche au quotidien des choses.

De 1989 à 2008, sur une période déjà longue et productive de vingt ans, il publie une dizaine de recueils : une œuvre qu’est venue couronner une anthologie personnelle de ses textes en 2008 (Tout emporter, aux éditions du Castor Astral). Il a reçu onze prix de poésie, dont certains décernés par de très importantes institutions (l’Académie Royale de Langue et de littérature française de Belgique, le Parlement de la Communauté française de Belgique, l’Académie française).

Karel Logist s’est également consacré au théâtre (une pièce), ainsi qu’au roman : il a publié Dés d’enfance sous pseudonyme (par discrétion), mais l’a revendiqué depuis.

Le poète a aussi à cœur de faire vivre la scène littéraire de son pays. C’est ainsi qu’il fonde la revue Le Fram, qu’il continue d’animer avec Carl Norac et Serge Delaive, et dont les principes sont la publication de prose (extraits de romans, nouvelles) et de poésie pour donner une voix aux jeunes générations d’auteurs. Il est également cofondateur et co-directeur de la collection patrimoniale « Ha ! », publiée aux éditions du Taillis Pré (Châtelineau) qui a pour vocation de rééditer des poètes belges dont les œuvres sont importantes mais peu connues, introuvables, voire inédites.

Documentaliste, critique littéraire (revue Le Carnet et les Instants) et animateur, il cherche depuis deux ans à partager sa passion en animant des ateliers d’écriture poétique à Liège et à Bruxelles.

"Je fais le poète à seize heures jusqu’à dix-sept heures quarante.
J’enstrophe tout ce qui me trotte par la tête sur douze pieds. Je mords mon feutre pour trouver une rime riche à vertèbres, puis couche sur le papier trois vers promis à six lecteurs (six vers écrits pour trois lecteurs si je césure l’hémistiche).
À dix-huit heures Vivi rentre et dit qu’as-tu fait de bon. J’ai fait les lits et la vaisselle, j’ai donné le bain à bébé, j’ai fait du lapin aux pruneaux, j’ai donné à boire au yucca, j’ai fait tourner l’efface-rêves, j’ai donné mon corps à la science, j’ai fait courir quelques rumeurs, j’ai fait donner de l’olifant.
Et pendant qu’elle ôte ses grolles, je versifie l’apéritif. Pendant qu’elle pose sa veste, je la poème à pleine bouche, et quand je la prends dans mes bras, je fais passer au vide-ordures mes vers poudrés comme loukoums et mes insipides pantoums."

(Force d’inertie)


Bibliographie :


Présentation de Tout emporter : Poèmes 1988-2008

spip_logo« Karel Logist voit loin, Karel Logist voit tout de travers. C’est qu’il voit le monde de là où il se trouve : de l’autre côté du fleuve. Selon les heures du jour, selon les saisons de l’année, le regard doit traverser tantôt la brume qui traîne autour de l’eau, tantôt les pluies de novembre, ou alors les mirages de l’été. Ainsi il arrive que le malheur, à cette distance, vous ait des airs de complicité, pour un rien il vous tendrait la main. Et il n’est pas rare que le bonheur, avec son vieux manteau et ses pas de danse maladroits, vous lance une grimace en guise de salut. Géographe de la dérision, Karel Logist ne se moque de rien ; mais il sait qu’il faut cligner de l’oeil pour y voir clair. Après, il reste des poèmes, pour dire que rien ne dure – sauf le coeur. »
(Francis Dannemark)