Les aventures véridiques de Gabrielle et Anna en Inde !

Nouvelle écrite par Sophie ROUSSEL, en 5ème au collège Victor Hugo, Sourdeval (50)

10 mai 2011.
 

Les aventures véridiques de Gabrielle et Anna en Inde !

Pourtant, ce matin-là Gabrielle se promenait parmi les livres. Elle se déplaçait sur la dernière étagère qui donnait sur le petit marché. Anna arriva dans la bibliothèque et vit juste à temps Gabrielle en train de tomber en Inde !

Anna avait un sac à dos avec quelques goûters mais vraiment peu de choses, des stylos et son journal intime. Elle avait préparé son sac parce qu’elle avait l’intention de se rendre chez une amie l’après-midi. En voyant Gabrielle tomber en Inde, elle sauta avec elle ! Elle ne réfléchit pas, elle prit juste son sac à dos car elle l’avait sous la main et se précipita tête la première vers la dernière étagère où elle venait de voir son amie disparaître subitement. Hors de question de laisser Gabrielle se débrouiller toute seule : où trouverait-elle ses endives préférées ? Et ne risquait-elle pas d’être mangée par les Indiens qui la trouveraient ? Ils avaient des coutumes si bizarres...

Anna arriva sur le petit marché, chercha Gabrielle mais ne la trouva pas ! « Bizarre, je suis tombée en même temps qu’elle, je devrais la voir. A la vitesse où elle se déplace, j’aurais déjà dû la rattraper ! », pensa-t-elle. Anna marcha quelque temps puis s’adressa à un homme :

- Hello ! My name is Anna. Avez-vous vu ma tortue ? lui demanda-t-elle en anglais.

L’homme lui semblait un peu bizarre, était-ce dû à sa tenue qui ne ressemblait pas à ce que les hommes portaient en France ? Il était habillé d’une sorte de pantalon fait d’un pan de tissu qui passait entre les jambes et était attaché à la ceinture et portait une longue tunique. Non, ce n’était pas cela, plutôt l’air avec lequel il l’avait regardée quand elle s’était mise à parler de sa tortue. Mais elle n’avait pas le choix, il fallait bien qu’elle lui fasse confiance ! Elle ne connaissait personne... L’homme lui répondit :

- Of course ! Suis-moi !

L’Indien l’emmena dans une ruelle très sombre, elle n’était pas goudronnée, une simple ruelle en terre battue, un vrai coupe-gorge, pensa Anna, mais avant qu’elle n’ait pu faire demi tour, l’homme lui sauta dessus et l’enferma dans un sac. Il l’avait kidnappée ! Que voulait-il, demander une rançon à ses parents ? La panique accentua sa sensation de chaleur et d’étouffement. Elle commença à explorer le sac et en tendant la main avec précaution elle sentit quelque chose de rugueux mais dans le noir elle ne pouvait rien distinguer. Elle recula aussitôt sa main, horrifiée, et si c’était un serpent ?! Peut-être les Indiens mangeaient-ils les serpents ? Si seulement elle avait eu le temps de se renseigner... Mais tout à coup elle sentit sur sa main le nez et la langue de ce qui ne pouvait être autre que sa tortue ! Comment Gabrielle avait-elle atterri dans ce sac -car elle ne douta pas un instant que seule Gabrielle aurait osé lui lécher la main, une tortue étrangère se serait méfiée d’une inconnue. De joie elle caressa la tête de sa tortue et lui parla :

- Oh, ma meilleure amie ! Tu as faim ? Je suis désolée, je n’ai rien pour toi, je n’ai pas eu le temps de prendre tes endives préférées !

Mais le kidnappeur lui ordonna de se taire. Le voyage était tellement long qu’Anna et Gabrielle finirent par s’endormir malgré l’inquiétude. Elles se réveillèrent dans une pièce très sombre et pas très propre.

En réalité l’homme n’avait pas l’intention de manger Gabrielle comme elles s’en rendirent compte ensuite, il avait kidnappé sa tortue... pour la vénérer ! Il désirait l’installer dans son petit temple personnel et la considérait comme une véritable déesse, ou du moins comme un animal sacré. « Comme les vaches », pensa Anna. Mais elle, pourquoi l’avoir kidnappée ? se demanda-t-elle. L’homme avait juste remarqué qu’Anna cherchait sa tortue et s’était dit qu’il ne devait pas séparer la tortue qu’il venait de voler de la jeune fille, son amie, sinon l’animal dépérirait.

Anna n’avait plus de goûters dans son sac et cela faisait deux jours qu’elles étaient enfermées. L’homme ne venait pas souvent les voir mais il ne manquait jamais de venir prier deux fois par jour Gabrielle qu’il avait installée dans un petit temple. Elle seule était bien traitée, il la vénérait comme une déesse ! Il lui apportait beaucoup de nourriture et à sa grande honte Anna, pour ne pas mourir de faim, était obligée d’en prélever un peu pour elle-même. Heureusement Gabrielle comprenait et ne mangeait pas tout !

Cela ne pouvait plus durer aussi Anna se mit-elle à réfléchir à un plan. Il y avait une petite fenêtre avec des barreaux qui restait constamment ouverte. Il faisait si chaud malgré l’obscurité de la pièce, il n’y avait pas de ventilateur, encore moins d’air conditionné et Anna se mettait près de la fenêtre pour avoir un peu d’air mais l’inconvénient c’était que des moustiques entraient également et elle avait pris l’habitude de se mettre de l’insecticide, heureusement qu’elle en avait apporté, elle ne voulait pas attraper le paludisme ! Elle se dit que Gabrielle pourrait facilement se faufiler à travers les barreaux, pour elle, ce serait trop juste, il fallait qu’elle trouve autre chose. Pour l’aider à réfléchir elle commença à noter tout ce qui lui était arrivé jusque là dans son journal intime. Quand tout à coup lui vint une idée ! Lorsque l’homme viendrait faire sa prière du soir, il s’apercevrait que sa tortue avait disparu, il en serait forcément bouleversé. Inquiet, il la chercherait partout et Anna saurait le convaincre de la laisser partir à la recherche de Gabrielle. Elle lui expliquerait que sa tortue avait peur de lui, que c’était la raison pour laquelle elle s’était enfuie mais que dès qu’elle verrait Anna, elle se montrerait et qu’il pourrait alors l’attraper.

Le plan fonctionna à merveille. Anna porta Gabrielle jusqu’à la fenêtre et la glissa à travers les barreaux, elle était sûre de ce que ferait ensuite sa tortue, où elle se cacherait. Anna voyait de la fenêtre une petite flaque d’eau assez profonde qui avec la pluie de mousson était toujours remplie, elle savait que Gabrielle irait s’y réfugier. Depuis combien de temps n’avait-elle pas pu patauger dans l’eau ? Anna réussit à faire avancer Gabrielle, c’était presque le plus difficile, franchir ces barreaux était une aventure en soi pour Gabrielle qui préférait de loin ne pas bouger et être confortablement installée dans son petit temple où on lui servait une nourriture copieuse ! « Ah, l’appel du ventre ! », pensa Anna. Mais finalement Gabrielle se décida lentement à traverser la ruelle en regardant droit devant elle, bravant les passants et les rickshaws qui auraient pu l’écraser ! Et, comme l’avait prévu Anna, elle se dirigea droit vers la flaque d’eau. Il ne restait plus qu’à feindre l’affolement dès que l’homme entrerait. C’est ce qu’elle fit et à force de pleurs elle le convainquit de la laisser partir. De toute façon, ce n’était pas elle qui intéressait l’Indien, seule sa tortue avait de la valeur à ses yeux ! C’est ainsi qu’elle put s’enfuir et revenir ensuite, à la nuit tombée, rechercher Gabrielle.

Elle marcha toute la nuit, un peu au hasard mais le lendemain matin elles étaient comme par miracle revenues sur la petite place du marché de Shalingappa ! Ce n’était pas possible... Sa tortue avait-elle les pouvoirs d’une déesse ? L’avait-elle protégée et dirigée inconsciemment vers le bon endroit ?
Comme Anna adorait le safran elle voulut en garder en souvenir de leurs aventures, elle avait réussi à voler des roupies au kidnappeur, elle put donc en acheter un peu. Elle ne put s’empêcher au dernier moment de craquer aussi pour des bracelets de toutes les couleurs. C’était très bon marché, elle avait observé que toutes les femmes indiennes en portaient et il lui restait quelques roupies, autant les liquider car elle ne reviendrait pas en Inde de sitôt !

Tout à coup, la grand-mère d’Anna arrêta de raconter son histoire car Anna venait de s’endormir. Quant à Gabrielle, cela faisait belle lurette qu’elle avait rentré sa tête dans sa carapace maintenant qu’elle avait mangé toutes ses endives. Peut-être regrettait-elle que toute cette histoire fut une invention de la grand-mère d’Anna : cela ne devait pas être déplaisant, au fond, d’être traitée comme une déesse, on devait satisfaire ses moindres caprices ! Pourtant une chose était sûre, toute cette histoire NE POUVAIT PAS ARRIVER pour la bonne raison que JAMAIS elle ne serait montée sur la dernière étagère de la bibliothèque : Gabrielle n’aimait pas l’aventure ! Et Anna n’aimait l’aventure qu’assise confortablement sur le canapé en écoutant les histoires que sa grand-mère lui racontait ! Mais il se faisait tard et Anna s’était endormie.

Sa grand-mère la souleva pour la porter dans son lit et remarqua que ses vêtements sentaient le safran, elle vit aussi des bracelets scintillants à son poignet. Tiens, se dit-elle, Anna serait-elle allée faire des courses dans les épiceries indiennes du passage Brady ?