LAURENT Sylvie

1er mars 2017.
 
© Hermance Triay

Régulièrement invitée à s’exprimer sur les ondes de France Culture, Sylvie Laurent est une historienne et américaniste reconnue, et écrit de nombreux articles pour la presse. Chercheur associé à l’université de Harvard et de Stanford, cette spécialiste française de l’histoire politique et littéraire des Afro-Américains dissèque les mythologies fondatrices des États-Unis. Dans les séries TV et la littérature populaire, ces mythes, en perpétuel renouvellement, contribuent à fabriquer chaque jour l’unité d’une nation disparate, composée de fils d’immigrés et de déracinés. Elle s’est notamment intéressée aux figures contradictoires incarnées par Barack Obama, ou à la série The Wire qui montre de façon crue la réalité urbaine du sous-prolétariat noir américain.

L’année dernière, Sylvie Laurent nous livrait une biographie non hagiographique de Martin Luther King, figure fossilisée et pétrifiée tant par ses contempteurs que par ses admirateurs.

Dans son dernier ouvrage, consacré au racisme inavoué qui se perpétue aux Etats-Unis, Sylvie Laurent nous livre une archéologie des inégalités raciales. Avec La couleur du marché, elle pointe du doigt la responsabilité de l’idéologie néolibérale dans l’écart considérable qui persiste entre égalité formelle et égalité réelle, et va même jusqu’à expliquer pourquoi, contre toute attente, l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche en 2008 a contribué à la dissimulation de cette réalité.

Le site internet de Sylvie Laurent


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

La couleur du marché : Racisme et néolibéralisme aux Etats-Unis

Seuil - 2016

L’enthousiasme suscité par l’élection de Barack Obama a masqué la perpétuation des inégalités raciales aux Etats-Unis. Cinquante ans après le vote des droits civiques, le mouvement "Black Lives Matter" et les violences policières ciblées qu’il dénonce apportent un démenti cinglant à l’illusion de l’équité. La majorité des Américains affirme aujourd’hui que Blancs et Noirs disposent des mêmes opportunités et accusent les minorités d’être à l’origine de leurs propres échecs. Selon la doxa néolibérale du mérite et de la responsabilité individuelle que les Républicains comme les Démocrates ont enracinée dans le pays, le marché serait neutre et impartial : color-blind. Mais cette notion désigne-t-elle vraiment l’indifférence à la couleur de peau ou plutôt l’aveuglement face aux traitements discriminatoires que continuent de subir les Africains-Américains en matière d’éducation, de logement, d’emploi, de revenu et de justice ? En retraçant la genèse de l’idéologie postraciale aujourd’hui en vogue aux Etats-unis, ce livre montre comment le triomphe de la doctrine néolibérale reproduit structurellement au sein de la société américaine un racisme qui ne s’avoue pas.


Revue de presse :

“Selon la chercheuse, le succès de Donald Trump est ainsi incompréhensible s’il n’est lu au regard de l’élection de Barack Obama.”
Catherine Calvet, Libération