HATZFELD Jean

France

7 avril 2014.
 
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La guerre hante l’œuvre de Jean Hatzfeld. Journaliste sportif, devenu grand reporter, il a couvert pendant vingt-cinq ans les conflits du Moyen-Orient, d’Afrique et des Balkans et en a fait des récits et des romans.

Blessé en juin 1992 à Sarajevo par une rafale de Kalachnikov, il rédige pendant son immobilisation son premier récit L’Air de la guerre. Suivent un premier roman, La Guerre au bord du fleuve, puis un autre, La Ligne de flottaison, autour du thème de l’écriture et la guerre.

À partir de 2000, il suspend son activité de journaliste et prend un congé sans solde pour se consacrer à un travail littéraire sur le génocide tutsi aux bords des marais de Nyamata, au Rwanda, qui débouche sur la publication d’une trilogie dont chaque opus est primé.
Le premier des trois récits, Dans le nu de la vie, obtient le prix France Culture en 2001. Il poursuit ensuite son travail avec un groupe de Hutu ayant participé au génocide. De ces rencontres naît en 2003 Une Saison de machettes, qui reçoit le prix Femina Essai et le Prix Joseph Kessel la même année. Puis, dans son troisième ouvrage, La Stratégie des antilopes (Prix Médicis 2007), Jean Hatzfeld raconte le passage du temps, la vie après le génocide de ses premiers livres, l’impossible dialogue entre les rescapés et les tueurs sortis de prison, les peurs, les doutes et incompréhensions et surtout les fantômes.

De l’Afrique et de la guerre, il est toujours question dans Où en est la nuit, un roman qui nous emmène cette fois-ci à la frontière de l’Ethiopie et de la Somalie. Frédéric, journaliste et passionné de sport, y fait la connaissance d’Ayanleh Makeda, une légende vivante de la course à pied, marathonien surdoué, qui aux JO de Pékin, suite à un contrôle antidopage positif, met fin à sa carrière. Ayanleh est désormais soldat, il évite de parler du passé. Fasciné par la personnalité taciturne et noble de l’ancien coureur, incompatible avec la figure d’un tricheur, Frédéric va tenter de percer le mystère qui l’entoure… Jean Hatzfeld parle remarquablement du sport, dont Ayanleh Makeda incarne les vertus les plus hautes : non pas le courage et la force, mais une sorte de grâce, une tension vers un au-delà du corps qui confère à l’être tout entier une élégance mystérieuse. Basé sur de longs dialogues, le récit met au jour les mentalités africaines, le parler des Africains francophones mais aussi, avec sensibilité et justesse, le métier de grand reporter.

En 2013, il renoue avec Sarajevo et publie Robert Mitchum ne revient pas, roman d’amour et de guerre, en plein conflit des Balkans en 1993. Puis, un an plus tard, c’est un autre conflit qu’il met à nouveau en scène vingt ans après, le génocide rwandais, auquel il a consacré une grande partie de son œuvre. Dans Englebert des collines, J. Hatzfeld dresse le portrait d’un rescapé, personnage fantasque avec qui il avait noué contact lors de son premier voyage dans les environs de Nyamata.


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Témoignage

Je me souviens de la foulée de Marie-José Pérec (et autres madeleines sportives)

Seuil - 2024

À l’occasion des Jeux Olympiques de Paris, de grandes plumes de la littérature française chaussent les crampons pour raconter leurs souvenirs sportifs. De Pierre Assouline à Maylis de Kerangal, de Jean-Paul Dubois à Maria Larrea, JO ou les souvenirs d’enfance sous l’égide de Pérec.

LE LIVRE
À la manière de Georges Perec, les vingt-huit auteurs réunis dans ce collectif sportif pourraient débuter ainsi chacun de leurs textes : « Je me souviens du visage d’Hassiba Boulmerka lors de sa victoire à Barcelone en 1992 ; je me souviens de la reine du bronze Merlene Ottey, et comment parfois les vaincus sont victorieux ; je me souviens des reportages d’Antoine Blondin pendant les Jeux Olympiques ; je me souviens de l’exploit d’Alain Mimoun ; je me souviens de Christine Caron dit Kiki Caron, l’icône des bassins aux Jeux de Tokyo en 1964 ; je me souviens de Guy Drut et des haies enjambées ; je me souviens de Dick Fosbury, et de son saut révolutionnaire entre lévitation et vitesse ; je me souviens de la naissance au monde du géant Mohamed Ali et sa médaille d’or à Rome en 1960 ; je me souviens des Jeux de 1996 d’Atlanta, dans la ville de Coca-Cola ; je me souviens de la foulée merveilleuse de Marie-José Pérec sur 200 et 400 mètres ; je me souviens du drame de Munich ; je me souviens de la note 10 de Nadia Comaneci ; je me souviens de Hans-Gunnar Liljenwall, le pentathlonien tricheur ; je me souviens de Michael Jordan et la Dream Team de Basket-ball de 1992 ; je me souviens de Mark Spitz et de la nage papillon ; je me souviens, je me souviens, ou le sport refuge des souvenirs d’enfance... »

L’AUTEUR
Un ouvrage coordonné par Benoît Heimermann (auteur et ancien grand reporter à l’Équipe) avec Kaouther Adimi, Nathacha Appanah, Pierre Assouline, Évelyne Bloch-Dano, Geneviève Brisac, Bernard Chambaz, Philippe Claudel, Bernard Comment, Philippe Delerm, François-Henri Désérable, Pierre Ducrozet, Jean-Paul Dubois, Éric Fottorino, Paul Fournel, Thierry Frémaux, Tristan Garcia, Jérôme Garçin, Jean Hatzfeld, Alexis Jenni, Maylis de Kerangal, Luc Lang, Marria Larrea, Lisette Lombé, François-Guillaume Lorrain, Blandine
Rinkel, Colombe Schneck, Larry Tremblay.