Quand l’art descend dans la rue

2 juin 2011.
 
Début 1970 Ernest Pignon Ernest, commence à apposer des images peintes, dessinées, sérigraphiées, sur les murs de lieux symboliques pour provoquer des « anachronismes signifiants », en quête d’interactions, de rencontres, avec le lieu comme avec les passants, dont la photographie gardera la mémoire. Un immense artiste auquel nous consacrerons un après-midi entier le dimanche au Vauban 1.

« La rue est ma palette » (Ernest Pignon-Ernest). « La plus grande galerie d’art au monde » (le photographe JR). Peintres, photographes, graffeurs, pixadores : par eux, la ville devient un nouvel espace narratif. Comme les pages d’un immense livre sur lequel écrire leurs fictions, inscrire leurs images. Qu’est-ce que c’est, habiter un lieu — sinon le charger d’imaginaire, d’images, de fictions ? Provocants, inventifs, mystérieux parfois, voici donc les nouveaux poètes de l’espace urbain... Vieux comme le monde, le graffiti — éphémère, poésie anonyme, sauvage, de la rue, clandestine, message d’amour ou cri de révolte. Déjà, à Pompéi... Et un livre de référence, devenu culte, Graffiti de Brassaï, en 1960, auquel s’associa Picasso, qui le définit comme Art brut. Avant l’explosion de mai 68, quand les murs se mirent à parler, se couvrirent d’affiches sérigraphiées, (« Sous les pavés la plage » « Gilda je t’aime, à bas le travail »). Pendant qu’à New York les rames de métro se couvraient de noms mystérieux de « posses », de « crews », de « squads »,de « gangs », « Soul » ou « CrazyArtists », pour des actions de plus en plus spectaculaires — naissance de ce que l’on appellera la culture « hip hop »...
Trois jours pour découvrir la genèse d’un mouvement, à travers des films, des rencontres, des performances et d’autres surprises. Dont une superbe rencontre, le lundi à 14h dans la salle Maupertuis, « Art et transgression : investir les lieux non-culturels » autour de Miss.Tic, le photographe Choque, Paul Bloas et Žilda.

Performance de Paul Bloas et Serge Teyssot-Gay

Peintre plasticien brestois, Paul Bloas depuis 20 ans court les villes du monde où il colle sur les murs ses peintures géantes. Il créera une œuvre en plein air pendant le festival accompagné à la guitare par Serge Teyssot-Gay, co-fondateur de Noir Désir : dimanche à 19h dans la Fosse aux Lions (devant l’Hôtel de Ville, intramuros, si la météo le permet, sinon à L’Escale). Et dimanche à 16h15 en Vauban 1, projection du film Zones d’Ombres suivie d’une rencontre.

Miss. Tic

Artiste plasticienne, poétesse du « street art », Miss. Tic, conjugue travail au pochoir sur les murs de Paris et épigrammes poétiques pour dire sa vie, des désirs, ses colères.

Žilda

Jeune artiste rennais, Žilda investit la rue de collages au trait noir grandeur nature, télescope figures mytho- logiques, Icares de papier chutant sur les façades et laissés-pour-comptes surgissant des fourmilières humaines.

JR, le « Photographe clandestin »

Il se dit lui-même « activiste urbain », parcourt depuis 2011 les villes du monde, Paris, Los Angeles, Jérusalem, en collant sur les murs des reproductions grand format de ses photographies. Retrouvez ses installations à Tunis après la Révolution de Jasmin dans l’exposition « Face aux Murs » et la projection de son film Women are Heroes, dimanche à 17h30 au Vauban 1, dans le cadre de l’après- midi consacrée à Ernest Pignon-Ernest.