Les matins du Monde

27 septembre 2011.

Les débats du Monde sont devenus des rendez-vous incontournables. Deux rencontres sont à nouveau proposées cette année par le quotidien du Soir.

 

"Chemins croisés", ou le regard de quatre grands écrivains sur cette Europe que borde la Méditerranée. Leurs routes se croisent depuis des années, une complicité est née, nourrie de leur amour pour cette "mère Méditerranée". Avec Jacques Lacarrière, Nedim Gürsel, sans doute un des plus grands écrivains turcs vivants, Vassilis Vassilikos, auteur notamment de Z, et Predrag Matvejevitch, figure majeure du paysage intellectuel européen, né à Mostar, dont le Bréviaire méditerranéen est devenu un classique.
À ne pas manquer, lundi, la question sans doute centrale de ce "désir d’Europe" : "la culture, langue commune de l’Europe ?". Avec Alain Borer, Jacques Darras, Michel Le Bris, Fatos Kongoli, Georges Arthur Goldschmidt et André Lorant. L’histoire de l’Europe aura été longue, violente, tourmentée, faite d’affrontements épouvantables et de flamboiements extraordinaires de créativité artistique et de spiritualité, à travers lesquels se sont inventées des valeurs, une certaine idée de l’homme et de l’art, qui sont notre bien le plus précieux : notre partie commune.
Cette Europe de la culture doit-elle conjuguée simplement au passé - ou reste-t-elle pour nous tous un vivant foyer ?

 

DERNIER OUVRAGE

 

Le géographe des brindilles (de J. Lacarrière)

Hozhoni - 2018

Dans ce nouveau et savoureux recueil, l’auteur de L’Eté grec et de Chemin faisant nous emporte par sa qualité d’écriture, son humour, son appétence pour les mots, sa poésie délicate et sa culture singulière. Il nous entraîne dans Une forêt de signes où l’on respire Le parfum des légendes et où l’on écoute avec ravissement La cantate des chemins. L’Ode à mes amis les arbres, L’offertoire des vents ou L’homme qui voulut rencontrer le printemps sont autant d’agréables moments à passer en compagnie de celui qui fut aussi un arpenteur émerveillé des chemins et un attentif écrivain-voyageur nous emmenant avec délectation au pays des arganiers, dans sa Bourgogne ou sa Grèce tant aimée. Féru de botanique et de biologie, l’amoureux des jardins et des "jardineurs" savait errer dans les bois, discourir savamment sur Le privilège de l’abeille, La mémoire des Libellules ou la Sagesse serpentine, esquisser le portrait d’une vache, passer (au microscope !) Un été chez les Infusoires, déceler La mélancolie du géranium, s’inquiéter de La nostalgie de l’anguille ou réclamer Justice pour les Crapauds. La relation de Lacarrière avec la nature est, nous dit Gil Jouanard dans sa belle préface, celle "des nomades du Paléolithique qui habitaient le monde en le nommant"...

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Pour l’amour des livres

Grasset - 2019

« Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant peu à peu un visage à l’inconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable  ? Ils nous sont, si l’on y réfléchit, notre première et notre véritable demeure. Notre miroir, aussi. Car dans le foisonnement de ces histoires, il en est une, à nous seuls destinée, de cela, nous serions prêt à en jurer dans l’instant où nous nous y sommes reconnus – et c’était comme si, par privilège, s’ouvrait alors la porte des merveilles.

Pour moi, ce fut la Guerre du feu, « roman des âges farouches  » aujourd’hui quelque peu oublié. En récompense de mon examen réussi d’entrée en sixième ma mère m’avait promis un livre. Que nous étions allés choisir solennellement à Morlaix. Pourquoi celui-là  ? La couverture en était plutôt laide, qui montrait un homme aux traits simiesques fuyant, une torche à la main. Mais dès la première page tournée… Je fus comme foudroyé. Un monde s’ouvrait devant moi…

Mon enfance fut pauvre et solitaire entre deux hameaux du Finistère, même si ma mère sut faire de notre maison sans eau ni électricité un paradis, à force de tendresse et de travail. J’y ai découvert la puissance de libération des livres, par la grâce d’une rencontre miraculeuse avec un instituteur, engagé, sensible, qui m’ouvrit sans retenue sa bibliothèque.

J’ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde, au temps chaque jour un peu plus refusé, à l’oubli de soi, et des autres. Pour le plus précieux des messages, dans le temps silencieux de la lecture  : qu’il est en chacun de nous un royaume, une dimension d’éternité, qui nous fait humains et libres. »


 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

« Speak white ! » Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?

Gallimard - 2021

Les langues savent sur nous des choses que nous ignorons. Elles diffèrent non par les mots, qui voyagent et s’échangent par familles, mais par leurs idéalisations collectives, logées dans leur morphologie. Aujourd’hui, la langue française est en passe de s’effondrer en une sorte de dialecte de l’empire anglo-saxon — ce qui implique un autre Réel, autant qu’un infléchissement collectif des visions du monde et des relations humaines, dont aucun politique, semble-t-il, n’a la première idée. « Speak white ! », partout résonne l’injonction de parler la langue du maître : nous soumettrons-nous ? Mais pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?

 

DERNIER OUVRAGE

 
Autres

Lettres à Shakespeare

Thierry Marchaisse - 2014

Qu’en est-il aujourd’hui de Shakespeare, de sa place dans l’imaginaire et la création ?

Nous avons demandé aux écrivains qui entretiennent avec son œuvre un fort engagement personnel de fêter ici le 450e anniversaire de sa naissance en s’adressant directement à lui, pour lui exprimer ce qu’ils lui doivent, lui reprochent, lui envient...

Cette correspondance collective, tour à tour jubilatoire, savante, intime, légère, violente, s’ouvre sur l’histoire mouvementée de cette passion française et se clôt par un retour inattendu, où il apparaît que le fantôme du père de Hamlet n’est pas près de cesser de hanter notre temps.

Evénement éditorial du programme Shakespeare 450, en partenariat avec la Société Française Shakespeare.
Auteurs des Lettres : Michèle Audin, Georges Banu, Pierre Bergounioux, Yves Bonnefoy, Hélène Cixous, Jacques Darras, David di Nota, Florence Dupont, Michael Edwards, Robert Ellrodt, Raphaël Enthoven, Jacques Jouet, Michèle Le Dœuff, Alberto Manguel, François Ost, Pierre Pachet.

 

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Romans

Le fils du capitaine

Seuil - 2016

Sur ses vieux jours, un ancien journaliste relate au magnétophone les événements importants de sa vie. Élevé par sa grand-mère, sous la férule d’un père militaire, autocratique et bambocheur qui soutiendra le coup d’État de 1960, il passe une grande partie de sa scolarité comme interne boursier au un lycée Galatasaray d’Istanbul. Ces souvenirs d’enfance et d’adolescence sont marqués par l’absence de la mère, morte lorsque le narrateur était très jeune, par la tyrannie et parfois la brutalité du père, par la réclusion entre les murs du lycée que la camaraderie, les blagues de potache, l’éveil de la sexualité rendent un peu moins pénibles. Dans ce récit tour à tour drôle, amer et cynique, émaillé de considérations sur la Turquie d’aujourd’hui et son président, affleure à chaque page une rébellion à peine voilée contre l’autorité, qu’elle soit paternelle ou étatique.
Un livre émouvant, qui plonge dans la mémoire intime d’un homme épris de liberté, et rappelle les premiers romans de l’auteur.