Les Barcelones de Vasquez Montalban

27 septembre 2011.

Père du détective Pepe Carvalho, écrivain profondément attaché à la capital catalane, Manuel Vasquez Montalban consacre un livre magnifique à "sa" ville. L’occasion d’une belle rencontre avec un très grand écrivain européen.

 
Le "Mercat de la Boqueria", à deux pas des bureaux de Carvalho (D.R.)

"Le livre que je propose n’est ni un ouvrage "poétique", ni un ouvrage "historique", mais une chronique documentée et subjective à la fois, la chronique de ma ville et, à travers elle, de toutes les villes possibles puisque la thèse préalable et indispensable de ce livre est que Barcelone, comme toute œuvre de création, n’est pas Barcelone mais Barcelones et j’ai voulu contribuer à une mémoire différente d’une ville pluridimensionnelle. Puissent mes points cardinaux être aussi ceux de mes lecteurs présents et futurs. Et si ce n’était pas le cas, qu’ils pensent à l’honnêteté littéraire de son entreprise, étant entendu que l’honnêteté en littérature n’a aucun rapport avec l’honnêteté dans la vie quotidienne. Toute proposition littéraire est fondée sur les malhonnêtetés intermédiaires : la mémoire, la culture, le désir, le langage."
À cet "avertissement" de Manuel Vasquez Montalban en ouverture de son dernier livre, Barcelones, publié au Seuil l’an dernier, nous avons immédiatement envie de répondre que, précisément, ce sont ces "malhonnêtetés intermédiaires" que nous aimons à surprendre et à retrouver chez lui à chacun de ses livres. Et tant mieux s’il s’obstine à pester - à travers son double Pepe Carvalho - contre les promoteurs immobiliers qui ravagent le quartier populaire du Raval, tant mieux s’il manifeste une telle obsession pour la gastronomie comme fondement de l’identité catalane, tant mieux s’il prête une importance quasi religieuse aux résultat sportif du Barça. Puisque nous savons que jamais aucun voyage dans la capitale catalane ne sera aussi agréable et excitant que celui auquel Montalban nous invite dans ses Barcelones imaginaires.