KURTOVITCH Nicolas

Nouvelle-Calédonie

20 février 2012.
 

Biographie

« Je crois m’être mis à l’écriture parce que je ne pouvais être musicien. Même si par la suite j’ai pu faire de la musique, j’ai tout de suite compris que je ne saurai créer quoi que ce soit en musique, ni même me contenter. J’ai donc accepté l’idée et l’acte, les actes, d’écrire. »

Né à Nouméa en 1955, sa famille maternelle est installée depuis le XIXème siècle en Nouvelle-Calédonie, faisant partie des premiers français à découvrir cette terre jusqu’alors inconnue de l’occident. Nicolas Kurtovitch y passe son enfance et son adolescence, puis, désireux de découvrir et d’habiter pleinement la diversité du Pacifique, il voyage en Nouvelle-Zélande et en Australie. Par la suite, il obtient une licence de géographie à l’Université d’Aix-en-Provence et rentre au pays natal où il enseigne dans un collège de Lifou, puis au lycée Do Kamo de Nouméa dont il devient le directeur.

Il publie son premier recueil de poèmes, Sloboda, en 1973, à l’âge de dix-huit ans. D’autres recueils suivront, mais aussi des nouvelles, des romans et des pièces de théâtre. Dans les différents écrits de Nicolas Kurtovitch, on ressent son amour des lieux, notamment dans son importante oeuvre poétique qui lui vaut d’obtenir en 2008 le prix Antonio Viccaro et parmi laquelle on trouve Le piéton du Dharma, recueil de poèmes qui obtient en 2003 le Prix du Livre Insulaire de Ouessant :
"Sur ces terres souples au rythme des pas
Le passé s’efface emportant les ultimes barrières
Il suffit d’être au monde dans le souffle du jour
Où réside la respiration unique de la terre"

Amour des lieux vus, Uluru par exemple, ce rocher de terre rouge dans le désert australien, à propos duquel il écrit dans Autour Uluru que, là-bas, "La roche est la page où s’écrit la vie, les plis, les couleurs, les petits rochers, les petites protubérances, les ombres, les trous, les pics, les traînées laissées par l’eau lorsqu’il pleut, sont les signes et l’alphabet qu’il faut apprendre à déchiffrer". Amour des lieux imaginés aussi, amour des lieux habités, amour de l’archipel, de l’île natale qu’il nomme ainsi dans son poème Être Caldoche aujourd’hui :
"Île mon île,
Une marche où se pose
Mon âme"

Son dernier recueil de poèmes, paru en 2010, Les arbres et les rochers se partagent la montagne renferme des mots sur la conscience de l’exil, contient le bruissement d’une île, son île et, toujours, le même amour du Lieu.

Ses romans et autres écrits contiennent le même souffle, porté par une écriture limpide, ciselée, poétique. Et les mots deviennent aussi le moyen pour Nicolas Kurtovitch de s’interroger et d’interroger le lecteur sur la question de l’identité et particulièrement de l’identité calédonienne. C’est le cas de Good night friend, un court roman paru en 2006, une histoire d’envoûtement et de meurtre. L’occasion pour l’auteur de parler du lien familial en Nouvelle-Calédonie, de dire les cultures du pays, l’entrelacs de ces cultures, la violence, le désenchantement que l’on peut ressentir à vivre là-bas lorsqu’on habite la ville, mais aussi la beauté du dehors. Et même la prison, personnage à part entière du roman dans lequel on peut voir une métaphore de la ville, devient un lieu de rencontres et d’amitiés fortes qui emporte l’âme humaine bien au-delà des différences ethniques.

A lire Nicolas Kurtovitch, nous sentons vibrer la terre, nous ressentons l’appartenance de l’auteur mais également notre propre appartenance au monde, nous voyons la Nouvelle-Calédonie et aussi, selon les dires de l’auteur, « si on veut, l’affirmation d’une identité calédonienne, mais à condition de n’oublier ni que l’homme libre reste indéfinissable, ni le fait incontournable qu’ici est une terre kanake ».


Bibliographie :

Roman :

Récit :

Poésie :

Nouvelles :

Théâtre :


Présentation de Les arbres et les rochers se partagent la montagne

La poésie de Nicolas Kurtovitch est une étrange rumeur, le bruit d’une île, la parole d’une terre partagée. C’est sûrement ce mélange entre conscience d’un exil et recherche d’une place juste qui fait que son écriture résonne tant en nous. Ce « nous » universel et pluriel qui nous interroge sans cesse dans notre quotidien singulier. C’est de cette matière qu’est faite la poésie de Nicolas Kurtovitch : une glaise où chaque homme trouve à façonner son quotidien pour construire son existence.

Présentation de Good night friend

Un roman qui, malgré sa brièveté, nous en dit beaucoup sur la Nouvelle-Calédonie et sur le lien familial fort qui englobe présents et absents, les ancêtres mais aussi ceux qui sont adoptés. Par petites touches, à la manière des impressionnistes, l’auteur jour avec le " je " du narrateur qui devient comme un témoin et passe d’un personnage à l’autre. Il dévoile au fil du récit une sombre histoire d’envoûtement avec meurtre et nous tire jusqu’au cœur des problématiques océaniennes attachées au nom et à la terre. Commençant par l’énigme d’un rêve et se terminant par une parabole, Good night friend parle du tressage des cultures, de Kanaks qui aiment l’opéra, de l’exil hors des tribus, du va’a, de la terre qui est maintenant dans l’inconscient, mais aussi d’être désormais de la ville. La ville vue à travers la métaphore de la prison de pierre qui enferme mais qui permet l’amitié malgré les différences ethniques.


Revue de presse :


Nicolas Kurtovitch, 5 Questions pour Île en île par ileenile

Interview de l’auteur sur France Inter

(...) Nicolas Kurtovitch, de Nouvelle-Calédonie, écrit des poèmes de piéton. Sa poésie est celle de "l’homme- en-marche", de l’homme migrant vers la plénitude de sa définition d’homme. Il s’y applique à suivre les pistes des humains et de la vie, dans sa permanence comme son actualité, pour habiter pleinement la sienne. Ce mouvement, qui préside à sa quête, a séduit les membres du jury du Prix international de poésie Antonio Viccaro, réunis, comme chaque année, au restaurant Aux Trois Canettes, rue des Canettes, à l’occasion du Marché de la Poésie 2008 de Paris. (...) Nicolas Kurtovitch est homme de lieux, de routes et de trajets. De ceux qui bruissent de la parole des hommes, mais aussi, surtout peut-être, de leurs silences, partagés ou non, et des questions que renvoie à chacun la présence de l’Autre.
Festival International de poésie de Trois-Rivières (Québec), à l’occasion de la remise du prix Antonio Viccaro à N. Kurtovitch, 2008