BRAECKMAN Colette

Belgique

29 février 2012.
 

Biographie

© Le Soir

Journaliste et romancière engagée, Colette Braeckman est connue pour ses analyses critiques et indépendantes vis à vis de la diplomatie belge. Souvent appréciée, parfois décriée, elle suit depuis de nombreuses années l’actualité du Congo pour le quotidien Le Soir et collabore au Monde diplomatique. Le camp qu’elle a choisi ne fait aucun doute : plus qu’une « spécialiste » du Congo, elle se veut le porte-voix des intérêts du pays et de son peuple, oublié par les hommes politiques et pourtant si vivace dans la mémoire collective belge.

Le journalisme est une évidence pour cette femme née en 1946 à Ixelles, qui cherche, par le biais de l’écriture, à faire entendre la formidable indépendance d’esprit qui la caractérise. Elle l’exprime surtout dans ses analyses portant sur l’histoire de l’Afrique centrale, ses populations, les injustices politiques, humaines, sociales passées et leurs répercutions actuelles. Colette Braeckman s’est d’abord fait connaître par ses articles controversés sur le génocide rwandais. Elle mit en contact Pauline Kayitare et l’écrivain Patrick May qui aida la jeune femme à raconter son parcours de survivante Tutsi dans Tu leur diras que tu es Hutu. En prenant parti pour les peuples, Colette Braeckman cherche à faire prendre conscience aux dirigeants du monde entier l’échec d’une politique de domination : la meilleure politique qui soit selon elle, c’est celle du dialogue et du rapprochement entre les peuples.

À l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance du Congo, elle pilote Congo 1960, compilation de textes soigneusement choisis, écrits par des journalistes et des universitaires, qui reviennent sur l’histoire qui lie la Belgique au Congo. Ces réflexions permettent de remonter aux origines de l’entreprise coloniale de Léopold II puis de comprendre le processus d’indépendance jusqu’à sa proclamation en 1960. Elles donnent également un aperçu de « l’après-indépendance » et de ses conflits, par le biais de personnages marquants : assassinat de Lumumba en 1960, prise du pouvoir de Mobutu en 1965. Bien que l’approche soit historique, ce livre appelle à une véritable réflexion et pose les jalons d’un questionnement toujours pertinent sur l’avenir du pays. « De la même manière que les évènements heureux et malheureux de l’enfance marquent définitivement la conscience d’un être devenu adulte, on a le sentiment que la manière dont un pays est arrivé à l’indépendance peut contribuer à expliquer ses traumatismes et ses craintes ». Si elle sait soulever les problèmes qui subsistent, Colette Braeckman est cependant très optimiste pour le Congo où elle se rend en voyage plusieurs fois par an : « Si j’avais par exemple osé dire en 2001 que dans dix ans on verrait le retrait des troupes étrangères, des élections, le début de la reconstruction des routes et infrastructures, etc., les gens m’auraient déclarée folle. »


Bibliographie :


Présentation de Congo 1960 : échec d’une décolonisation

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“Ensemble, mes frères, mes soeurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.” Le Premier ministre Lumumba se voulait confiant ce 30 juin 1960, jour de l’indépendance du Congo. Les événements ne tarderont pas à le contredire. La Force publique crée la panique. Le Katanga fait sécession. Lumumba, Kasa-Vubu, Tshombe, Mobutu s’affrontent et des troubles sanglants éclatent. L’ONU, dont le Secrétaire général évoque un risque pour la paix mondiale, entre en scène... Une première partie de cet ouvrage éclaire les origines de l’entreprise coloniale belge, puis s’interroge sur les forces qui la régirent, lui imprimant son caractère si spécial. Vient ensuite le temps des turbulences : comment expliquer ce processus accéléré qui conduisit le Congo à l’Indépendance, mais aussi les imbroglios politiques et les affrontements qui s’ensuivirent, où la Belgique sembla jouer un double jeu tandis que l’ONU s’y enlisait ? Les auteurs réunis dans ce recueil ne sont pas seulement de brillants analystes, ils ont aussi, pour la plupart, vécu personnellement ces événements. Cette somme d’expériences personnelles explique la vivacité des styles et certaines audaces dans les réflexions.

Revue de presse :

« Ce livre propose une synthèse générale et vivante du cas congolais, à la fois dans sa spécificité, dans son historicité et ses points communs avec les autres processus de décolonisation. La première partie de l’ouvrage rappelle ainsi l’origine et les particularités de la colonisation belge au Congo. […] La décolonisation du Congo, étudiée dans la seconde et la troisième partie de l’ouvrage, apparaît de prime abord comme exemplaire : à la fois négociée, pacifique et démocratique. […] Pourtant en quelques semaines, la situation du pays dégénère. […] Comme l’écrit et le décrit Jean Kestergat, six mois après la proclamation de l’indépendance, il y a en fait trois Congo, trois gouvernements et trois armées basés à Léopoldville à l’Ouest, Stanleyville au Nord et Elisabetville au Sud. […] Cette seconde partie du livre est la plus riche sur le plan événementiel : les auteurs donnent les éléments factuels les plus importants et les clés principales pour comprendre la situation. », Pierre Ramognino, Revue Vingtième Siècle, février 2011.

« Cet ouvrage collectif est intéressant pour diverses raisons. La première tient à la connaissance approfondie qu’ont les différents auteurs de l’histoire politique du Congo. La seconde tient au fait que ce livre raconte la genèse d’un pays qui s’est rapidement et à plusieurs reprises retrouvé au coeur de problématiques contemporaines des périodes historiques traversées. La troisième est due à la découverte des personnalités et des tactiques politiques des “grands” hommes qui ont fait l’histoire tragique du Congo. Enfin, une autre raison de la richesse et de la pertinence de l’ouvrage est la présentation de la riche province du Katanga. Un ouvrage à lire et à relire, très certainement, régulièrement pour percevoir l’avenir et imaginer, un jour, une sortie de crise. », Nelly Staderini, Revue humanitaire n°26, 1/09/2010.