GÜRSEL Nedim

Turquie

7 mars 2016.
 

Biographie

Grande figure du monde intellectuel musulman éclairé ouverte sur le monde, sur l’autre et l’ailleurs, le Turc Nedim Gürsel croit au rapprochement entre Orient et Occident, à l’image de son parcours : une enfance en Turquie auprès d’un grand père très pieux, des études au lycée français d’Istanbul puis à Paris, où il est contraint à l’exil au moment des coups d’état militaires. Auteur d’une trentaine de romans, d’essais littéraires et de chroniques, l’écrivain exilé à Paris depuis plus de trente ans puise son inspiration dans la riche culture de son pays et dans les lettres occidentales pour construire une œuvre singulière, emprunte de nostalgie.
Depuis son premier récit, Un long été à Istanbul, paru en 1976, récompensé par la plus haute distinction littéraire turque mais censuré en Turquie sous le régime militaire, Nedim Gürsel mêle avec brio le passé et l’avenir, cherchant dans la géographie de sa ville tant aimée le destin de son monde. Marqué par sa double culture et par les villes d’Europe qu’il a traversé depuis ses trente ans, entre Paris, capitale de l’exil et de la souffrance, et Istanbul, cité de la douceur, mais aussi de la nostalgie, Nedim Gürsel établit dans ses romans une géographie des sentiments calquée sur son propre parcours, entre douleur et poésie.
À travers une formidable galerie de portraits, il revient dans son nouvel opus sur les thèmes qui lui son chers : la mémoire, la vieillesse, et l’exil.

Auteur de nouvelles, il signe également en tant que chercheur au CNRS spécialiste de la littérature turque, de nombreux ouvrages d’essais critiques et une importante étude sur la poésie de Nazim Hikmet. À noter qu’en 1986, il obtient le prix Ipecki pour sa contribution au rapprochement des peuples grecs et turcs. Dans La Turquie, une idée neuve en Europe (2009), il confie ses espoirs de voir son pays entrer dans l’Union tandis que son récit, Retour dans les Balkans imagine une possible réconciliation entre Chrétiens et Musulmans et interroge les cœurs des hommes et des femmes qui ont connu les pires horreurs de la guerre civile qui détruisit Sarajevo. (Voir à ce sujet sa chronique de la guerre du Kosovo pour Libération en 1999). Quant à son roman Les Filles d’Allah, il fit en 2008 l’effet d’une bombe : conduit devant les tribunaux turcs pour outrage à la religion, il risque alors un an de prison ferme. Soutenu par de nombreux intellectuels dans une lettre ouverte au premier ministre turc, l’évènement projette alors à la face de l’Europe l’image d’un pays où la liberté d’expression est toujours flouée.


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Le fils du capitaine

Seuil - 2016

Sur ses vieux jours, un ancien journaliste relate au magnétophone les événements importants de sa vie. Élevé par sa grand-mère, sous la férule d’un père militaire, autocratique et bambocheur qui soutiendra le coup d’État de 1960, il passe une grande partie de sa scolarité comme interne boursier au un lycée Galatasaray d’Istanbul. Ces souvenirs d’enfance et d’adolescence sont marqués par l’absence de la mère, morte lorsque le narrateur était très jeune, par la tyrannie et parfois la brutalité du père, par la réclusion entre les murs du lycée que la camaraderie, les blagues de potache, l’éveil de la sexualité rendent un peu moins pénibles. Dans ce récit tour à tour drôle, amer et cynique, émaillé de considérations sur la Turquie d’aujourd’hui et son président, affleure à chaque page une rébellion à peine voilée contre l’autorité, qu’elle soit paternelle ou étatique.
Un livre émouvant, qui plonge dans la mémoire intime d’un homme épris de liberté, et rappelle les premiers romans de l’auteur.