ROUX Christian

France

8 mars 2015.
 
© Doume

Selon Christian Roux, le roman noir, son genre de prédilection, est avant tout un « roman social, roman qui raconte l’histoire de personnages ancrés dans la réalité contemporaine et qui doivent d’une manière ou d’une autre se battre pour leur survie ». Ce pianiste de formation né en 1963 partage aujourd’hui son temps entre musique et écriture, deux formes d’expression qui lui permettent de mettre à mal les travers de la société de consommation et de dénoncer la marginalisation sociale sous toutes ses formes. Lauréat de nombreux prix pour ses polars, dont le Prix du Premier Polar SNCF 2002 pour Braquages, il ne se limite pas au roman et écrit aussi pour le cinéma, la radio et le théâtre.

Avant de se consacrer à la composition et à l’écriture, Christian Roux, enchaine les petits boulots alimentaires en se faisant successivement instituteur, berger, libraire, caissier, magasinier, coursier, déménageur, machiniste, pianiste de bar, peintre en bâtiment… Cette accumulation involontairement poétique cesse lorsqu’il adopte en 1997 le statut d’intermittent du spectacle. Il n’en reste pas moins un touche-à-tout, travaillant aussi bien sur des scénarios de longs et courts métrages que sur des nouvelles, des pièces de théâtre ou encore des pièces radiophoniques. Côté musique, Christian Roux fait d’abord partie du groupe Vern, puis sort deux albums en son nom : Défardé en 2007, et Goutte à goutte en 2010.
Que ce soit dans ses chansons ou dans ses textes, son écriture donne à voir une réalité brute, sans apparat, qui ne manque pourtant pas d’une certaine poésie. Ses personnages, des marginaux, des oubliés de nos démocraties libérales, n’ont qu’une solution : sortir des sentiers battus. C’est le cas dans Kadogos (2009) du personnage de Marnie, tueuse à gages de malades en phase terminale, ou encore de Larry dans L’homme à la bombe (2012), un chômeur désespéré qui se lance dans une série de braquages pour ne plus avoir à subir l’humiliation quotidienne des entretiens d’embauche et de l’assistanat. Ces romans noirs illustrent et dénoncent, grâce à un style précis et quasi-cinématographique, la psychologie du désespoir causée par un monde contemporain regorgeant de cruauté.
Christian Roux est aussi l’auteur d’œuvres à la jeunesse, qui se concentrent cependant toujours sur des thématiques proches de ses polars pour adultes. Ainsi, dans La maison aux paupières crevées (2008), l’histoire de l’amitié entre deux adolescentes lui permet d’aborder le racisme ordinaire et les difficultés liées à l’expulsion des sans-papiers, tandis que La Cabane au fond du chantier relate la vie d’adolescents dans une banlieue défavorisée.

Si pendant longtemps littérature et musique formaient pour Christian Roux deux « chantiers de création distincts », il édifie un pont entre ces deux arts dans son nouvel ouvrage, Adieu Lili Marleen, qui paraît en 2015 aux éditions Rivages. “Lili Marleen” est une référence au titre d’une célèbre chanson allemande des années 1950 : c’est cette chanson que Julien, héros du roman et pianiste dans un restaurant du Ve arrondissement, doit jouer tous les soirs sur la demande de Magalie de Winter, une vieille dame élégante. Le soir où celle-ci cesse de venir, Julien se voit subitement rattrapé par son passé de trafiquant. De son côté, Magalie est elle aussi confrontée à son histoire personnelle, étrangement liée aux musiciens qualifiés de « dégénérés » persécutés par le régime nazi…


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Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Adieu Lili Marleen

Rivages - 2015

Julien est pianiste dans un restaurant du Ve arrondissement. Chaque soir, Magalie de Winter, une cliente âgée à l’élégance surannée, lui demande de jouer Lili Marleen. Jusqu’au jour où elle cesse de venir. En revanche, Julien reçoit la visite de « Carlos », un individu patibulaire qui l’oblige à le suivre. Il comprend que son passé l’a rattrapé. Dans une autre vie, il a failli devenir un concertiste de haut niveau. Mais les premiers prix des concours lui ont échappé et il s’est retrouvé dans les griffes d’un agent artistique de seconde zone, un type louche qui remplit des « missions » pour le compte d’un réseau de trafiquants. Julien pensait bien avoir tourné la page, or le voilà contraint de reprendre du service pour Kamel et sa bande. Sa mission : jouer du piano sur le yacht d’un milliardaire russe. Lorsqu’il découvre que Magalie de Winter est à bord du bateau, il comprend que cette vieille dame excentrique a elle aussi un passé caché. Magalie était l’épouse d’Arno de Winter, homme d’affaires et mécène d’origine allemande. Dans les années trente, ils vivaient en Allemagne, organisaient des festivals et soutenaient des musiciens que le régime nazi allait bientôt qualifier de « dégénérés » puis persécuter jusqu’à la mort et l’oubli total. Comme un petit nombre de leurs compatriotes, ils ont cherché à résister...