Cette culture que l’on dit populaire

31 mai 2012.
 

Avec Michel LE BRIS, Frédéric MARTEL, Sylvie LAURENT, Pierre CASSOU-NOGUES

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Pour l’amour des livres

Grasset - 2019

« Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant peu à peu un visage à l’inconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable  ? Ils nous sont, si l’on y réfléchit, notre première et notre véritable demeure. Notre miroir, aussi. Car dans le foisonnement de ces histoires, il en est une, à nous seuls destinée, de cela, nous serions prêt à en jurer dans l’instant où nous nous y sommes reconnus – et c’était comme si, par privilège, s’ouvrait alors la porte des merveilles.

Pour moi, ce fut la Guerre du feu, « roman des âges farouches  » aujourd’hui quelque peu oublié. En récompense de mon examen réussi d’entrée en sixième ma mère m’avait promis un livre. Que nous étions allés choisir solennellement à Morlaix. Pourquoi celui-là  ? La couverture en était plutôt laide, qui montrait un homme aux traits simiesques fuyant, une torche à la main. Mais dès la première page tournée… Je fus comme foudroyé. Un monde s’ouvrait devant moi…

Mon enfance fut pauvre et solitaire entre deux hameaux du Finistère, même si ma mère sut faire de notre maison sans eau ni électricité un paradis, à force de tendresse et de travail. J’y ai découvert la puissance de libération des livres, par la grâce d’une rencontre miraculeuse avec un instituteur, engagé, sensible, qui m’ouvrit sans retenue sa bibliothèque.

J’ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde, au temps chaque jour un peu plus refusé, à l’oubli de soi, et des autres. Pour le plus précieux des messages, dans le temps silencieux de la lecture  : qu’il est en chacun de nous un royaume, une dimension d’éternité, qui nous fait humains et libres. »


 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

La couleur du marché : Racisme et néolibéralisme aux Etats-Unis

Seuil - 2016

L’enthousiasme suscité par l’élection de Barack Obama a masqué la perpétuation des inégalités raciales aux Etats-Unis. Cinquante ans après le vote des droits civiques, le mouvement "Black Lives Matter" et les violences policières ciblées qu’il dénonce apportent un démenti cinglant à l’illusion de l’équité. La majorité des Américains affirme aujourd’hui que Blancs et Noirs disposent des mêmes opportunités et accusent les minorités d’être à l’origine de leurs propres échecs. Selon la doxa néolibérale du mérite et de la responsabilité individuelle que les Républicains comme les Démocrates ont enracinée dans le pays, le marché serait neutre et impartial : color-blind. Mais cette notion désigne-t-elle vraiment l’indifférence à la couleur de peau ou plutôt l’aveuglement face aux traitements discriminatoires que continuent de subir les Africains-Américains en matière d’éducation, de logement, d’emploi, de revenu et de justice ? En retraçant la genèse de l’idéologie postraciale aujourd’hui en vogue aux Etats-unis, ce livre montre comment le triomphe de la doctrine néolibérale reproduit structurellement au sein de la société américaine un racisme qui ne s’avoue pas.


Revue de presse :

“Selon la chercheuse, le succès de Donald Trump est ainsi incompréhensible s’il n’est lu au regard de l’élection de Barack Obama.”
Catherine Calvet, Libération

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

La bienveillance des machines

Seuil - 2022

Des applications qui déterminent notre humeur, des robots humanoïdes qui s’adaptent à notre comportement, des caméras qui devinent nos gestes, ces technologies nous surveillent pour notre bien : elles sont bien-veillantes. Faudrait-il croire, contre l’idée répandue d’une intelligence artificielle hostile, et qui un jour pourrait prendre le pouvoir, à une bienveillance des machines, toutes organisées autour de nous pour notre plus grand bonheur ? Ou bien l’existence d’un « règne des machines », qui pourraient prendre soin des humains, nous affecte-t-elle au point que notre identité humaine en soit bouleversée ? C’est par le biais des fictions que nous imaginons pour habiter de nouvelles formes de vie que Pierre Cassou-Noguès explore notre rapport à la technologie contemporaine. Car si celle-ci transforme notre environnement matériel, elle chamboule aussi le contenu de nos pensées, de nos émotions, jusqu’aux dimensions les plus intimes de nos subjectivités. Ainsi la philosophie peut-elle analyser à la fois ces nouvelles réalités et les possibilités qu’elles promettent, pour le meilleur comme pour le pire.