LOPES Henri

Congo

26 février 2013.
 

Biographie

Peintre sarcastique des malheurs de l’Afrique post-coloniale, chantre d’une Afrique métissée et d’une langue française en perpétuelle réinvention, Henri Lopes est l’un des grands noms de la littérature congolaise. Homme politique et diplomate, il a reçu pour son oeuvre de romancier le Grand Prix de la francophonie de l’Académie Française en 1993.

Étudiant à Paris dans les années 1960, il fréquente la librairie Présence Africaine où il découvre l’Anthologie de la poésie africaine et malgache de Senghor qui devient son livre de chevet. Ses premiers écrits sont ainsi imprégnés de l’influence de Senghor, de Césaire, mais aussi d’Aragon, à ses yeux le plus grand poète français. De retour au Congo, il est nommé Directeur de l’Enseignement puis Ministre de l’Éducation nationale en 1969. Commence alors une carrière politique marquée par un passage de trois ans au poste de Premier Ministre (1973-1975). Au début des années 1980, Henri Lopes rejoint l’Unesco où il travaillera pendant de longues années avant d’être nommé Ambassadeur du Congo en France en 1998.

En 1982, rompant avec ses précédents romans, Le pleurer-rire s’impose comme un livre exemplaire du renouveau esthétique observé à l’époque dans le roman africain. Produit de la désillusion des lendemains de l’indépendance, il peint les frasques et les bouffonneries d’un « Maréchal-Président » tyrannique dans une langue truculente, ironique, truffée de "congolismes".

Délaissant la thématique du pouvoir dans ses romans suivants, Henri Lopes, lui-même métis, met en scène des personnages à l’identité problématique, dont l’histoire se partage entre plusieurs continents. Critique vis à vis de la Négritude, il revendique une identité plurielle, ouverte, dans un recueil d’articles paru en 2003 Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois. Après presque dix ans de silence, il revient au roman avec Une enfant de Poto-Poto (Gallimard), couronné en 2011 par le Prix de la Porte Dorée. L’histoire d’un trio amoureux métissé dont les passions traversent le temps et les frontières, portée par une langue chatoyante, protéiforme, créolisée à la sauce lingala.

Bibliographie :


Présentation de Une enfant de Poto-Poto :

couverture A la une, la photo d’une foule en liesse… En bas, dans le coin gauche, quelqu’un lève deux doigts. C’est Pélagie. A sa gauche, c’est moi, Kimia… C’était le 15 août 1960. La nuit de notre Indépendance… Pour Pélagie et moi, il s’agissait plus d’une occasion de réjouissance que d’une date historique. » Suit le récit d’une amitié ente deux jeunes femmes que l’évolution de leur pays va séparer un temps. Amitié profonde, complexe, sillonnée de rivalités, de jalousie et, surtout, mue par une indéfectible solidarité au coeur d’un monde divisé. Entre Pélagie et Kimia, un Moundélé, comme on appelle les Blancs, là-bas ! Mais ne serait-il pas, lui aussi, un enfant de Poto-Poto ?… Doublant l’intrigue amoureuse, une plongée dans les consciences de trois êtres dont les identités se forgent à la fusion des boues et des glaises des sols d’Afrique et d’ailleurs. A contre-courant des clichés, l’auteur, à l’écriture dépouillée, rapide, cinématographique, nous offre trois palpitants destins en perpétuels dialogues. De l’Europe aux Etats-Unis, ce trio fiévreux de passion et d’intelligence reste uni par une aspiration commune, le désir de s’assumer et de se dépasser, que traversent les parfums et les saveurs du Congo dans les rythmes des rumbas du pays bantou.


Revue de presse :