Certains s’obstinent à opposer le « roman de l’exil » aux romans de ceux, demeurés sur place, garants d’une « authenticité » : l’opposition est absurde, et suicidaire. La dispersion identitaire est une des conséquences de la tragédie historique des dernières décennies. Aussi, le nouvel espace romanesque africain est-il d’abord celui de l’exil, des migrations, des télescopages culturels, non seulement vers l’extérieur, mais aussi à l’intérieur même de l’Afrique : l’exil en Europe, en Amérique ou ailleurs, certes, mais auquel répond de plus en plus celui vers la ville, monstrueuse, hybride, où s’expérimentent également métissage et multiculturalisme. Là se met en place un univers créole, soubassement pour Achille Mbembé d’une nouvelle modernité « afropolitaine »...