Une Afrique en mouvement. Dans le tumulte, les convulsions, certes, mais il n’empêche : jamais, dans son histoire moderne, l’Afrique n’avait connu pareil essor économique – que double une extraordinaire effervescence culturelle. Et pourtant ! Région des Grands Lacs en feu, crise en Côte d’Ivoire, tragédie des enfants soldats, guerre civile au Darfour, sécession au Soudan, Mali en plein chaos, ravages de l’islamisme : bien sombre peut être dite cette entrée dans le XXIe siècle. Mais ne s’agit-il pas aussi de crispations, de résistances à ce qui s’est mis en route, qui fait moins l’actualité, mais qui prend la force d’une lame de fond ? On peut certes décrire Lagos, Kinshasa comme des mégapoles de cauchemar, y dénoncer la misère et l’on aura raison – si l’on en voit aussi la prodigieuse énergie, la fièvre créatrice, dont témoignent tant d’artistes, de musiciens, d’écrivains...
L’énergie : c’est ce qui nous frappe, dans les films qui nous arrivent, les musiques, les romans actuels. Le regard aigu, sans concession, et l’énergie. Qu’on en finisse, semblent-ils tous nous dire, avec les discours sur « l’Afrique du malheur », qui n’est jamais que l’envers du discours compassionnel, de la bonne conscience humanitaire d’un Occident battant sa coulpe. Mais qu’on en finisse pareillement avec les discours victimaires si confortables, cherchant toujours ailleurs les causes de ses malheurs. Parce que nous n’avons qu’une vie – une vie qu’il s’agit de jouer pleinement, dont nous entendons être les acteurs. Et c’est cela, la nouvelle Afrique.