Élise Turcotte est née à Sorel (Québec, Canada) en 1957. Son parcours littéraire soutenu débute en 1978, avec la publication de poèmes dans la revue La nouvelle barre du jour et de deux premiers recueils, Dans le delta de la nuit (1982) et Navires de guerre (1984), publiés aux Écrits des Forges par le poète Gatien Lapointe. Le ton novateur de son écriture y est déjà présent, traversé par une lucidité qui transfigure le quotidien et illumine le chaos des existences. Cette voix unique restera sa marque tout au long de sa carrière. Suivront deux autres recueils de poésie en prose, La voix de Carla (1987) et La terre est ici (1989), chez VLB éditeur, qui remportent coup sur coup le prix Émile-Nelligan.
En 1991, paraît un premier roman qui deviendra un classique de la littérature québécoise : Le bruit des choses vivantes. Selon Lori Saint-Martin, son originalité provient en partie du fait que « très peu de romans […] présentent le réel du rapport mère-enfant du point de vue de la mère ». La décennie se poursuit avec Caravane (1994), un recueil de nouvelles et L’île de la Merci (1997), un autre roman, et le début de la série des Annette, romans pour adolescents publiés aux éditions de La courte échelle. Avec La maison étrangère (prix du Gouverneur général, catégorie roman 2003) et Sombre ménagerie (Grand prix du Festival International de poésie de Trois-Rivières 2002), Élise Turcotte entame un nouveau cycle où la prose alterne avec la poésie, maintenant versifiée. Elle reçoit également le prix du Gouverneur général catégorie jeunesse pour son texte Rose, derrière le rideau de la folie, en collaboration avec Daniel Sylvestre (gagnant dans la catégorie illustration), le Grand Prix du livre de Montréal avec Guyana (2011), son dernier roman publié chez Leméac et le prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec pour L’apparition du chevreuil (Alto, 2019). Son plus récent ouvrage, Autoportrait d’une autre (Alto, 2023) est finaliste au Prix des libraires du Québec. Son œuvre, sans cesse renouvelée, est inscrite dans l’engagement féministe, portée par la volonté de décloisonner les genres et de faire se confronter l’intime et le politique. En 2011, le Conseil des arts et des lettres du Québec lui a rendu hommage en lui remettant l’une de ses prestigieuses bourses de carrière.
Parallèlement à son métier d’écrivaine, Élise Turcotte a enseigné pendant plus de trente ans, au cégep et dans plusieurs universités, en plus de donner de nombreux ateliers d’écriture et d’offrir des activités de mentorat, contribuant à former et à inspirer de jeunes écrivain·e·s qu’elle continue de suivre avec intérêt. Outre la traduction de ses livres en anglais, en espagnol et en catalan, elle a maintes fois présenté son travail à l’international, notamment en France, en Espagne, en République Tchèque, en Suède, en Colombie et au Mexique. Elle reste très active sur la scène littéraire et participe régulièrement à des colloques et à de nombreux festivals et spectacles littéraires. Ses œuvres ont aussi fait l’objet de plusieurs mémoires de maîtrise et thèses de doctorat, tant au Québec qu’au Canada ; elle est aussi étudiée à l’étranger (États-Unis, France, Pays-Bas, Belgique, Espagne, Pologne, Autriche). Son parcours foisonnant et sans concession fait d’elle l’une des grandes voix de la littérature canadienne contemporaine.
Bibliographie
Romans
- Autoportrait d’une autre (Éditions Alto, 2023)
- L’Apparition du chevreuil (Éditions Alto, 2019 ; Le mot reste, 2020)
- Le Parfum de la tubéreuse (Éditions Alto, 2015)
- Guyana (Leméac, 2011 ; Bibliothèque québècoise, 2024)
- Pourquoi faire une maison avec ses morts (Leméac, 2007 ; Bibliothèque québècoise, 2019)
- La Maison étrangère (Leméac, 2002 ; Bibliothèque québécoise, 2014)
- L’Île de la Merci (Leméac, 1997 ; Bibliothèque québécoise, 2001)
- Le Bruit des choses vivantes (Leméac, 1991 ; Actes Sud, 1998 ; Bibliothèque québécoise, 2016)
Poésie
- À mon retour (Éditions du Noroît, 2022)
- Esquilles : Histoires fictives (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017)
- La forme du jour (Éditions du Noroît, 2016)
- Ce qu’elle voit (Éditions du Noroît, 2010)
- Piano mélancolique (Éditions du Noroît, 2005)
- Diligence : de Pike River à Beebe Plain (Les Petits villages, 2004)
- Sombre Ménagerie (Éditions du Noroît, 2002)
- Deux ou trois feux (Dazibao, 1997)
- La terre est ici (VLB éditeur, 1989 ; Éditions du Noroît, 2003)
- La Voix de Carla (VLB, 1987)
- La Catastrophe (NBJ, 1985)
- Navires de guerre (Les Écrits des forges, 1984)
- Dans le delta de la nuit (Les Écrits des forges, 1982)
Jeunesse
- Rose : derrière le rideau de la folie (La courte échelle, 2009)
- Le Meilleur Ennemi d’Annette (La courte échelle, 2006)
- Voyages autour de mon lit (La courte échelle, 2002)
- Annette et le vol de nuit (La courte échelle, 2000)
- La Leçon d’Annette (La courte échelle, 1999)
- Les Cahiers d’Annette (La courte échelle, 1998)
Essais et nouvelles
- Autobiographie de l’esprit (La Mèche, 2013)
- Caravane (Léméac, 1994 ; Bibliothèque québécoise, 2004)
- La mer à boire (Éditions de la Lune occidentale, 1980)