Biographie
Dans le grand récit mondial, les études historiques relatives à la Chine, civilisation quatre fois millénaire, sont encore loin de connaître un essor à la mesure de leur intérêt propre. Pour Timothy Brook, historien et éminent sinologue canadien, c’est pourtant autour de l’empire du Milieu, entre les XIIIème et XVIIème siècles, que se polarisait le commerce mondial, préfigurant d’ores et déjà le premier monde moderne.
Professeur à l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver et à l’Université de Shanghai, Timothy Brook, né en 1951 à Toronto, est docteur en Histoire, diplômé de Harvard (1984).
Offrant à ses lecteurs un panorama de l’histoire économique de la Chine (plus particulièrement la dynastie des Ming entre le XIVème et le XVIIème siècle), Timothy Brook propose une approche particulière de l’histoire conjuguant son amour et sa connaissance érudite des objets, des anecdotes et des détails, avec une vue globale des grandes questions théoriques et tendances historiques.
La dynastie des Ming est le socle de ses écrits, considérant qu’il n’y aurait pas de mondialisation, et que le système capitaliste dans lequel nous vivons aujourd’hui n’aurait pas émergé sans elle.
En plus de sa participation à de nombreuses conférences, dont quelques-unes au Collège de France, il publie également des travaux de recherche de haut niveau notamment sur l’histoire de la collaboration avec les occupants japonais et la répression des manifestations de la Place Tian’anmen.
Quand Timothy Brook publie en 2010 Le chapeau de Vermeer. Le XVIIème siècle à l’aube de la mondialisation, il remporte un franc succès tant en Amérique du Nord qu’en France, où l’œuvre s’est vendue à 20 000 exemplaires. Le déchiffrage d’un tableau de Johannes Vermeer permet de restituer le dynamisme du XVIIème siècle qui voit se renforcer les interconnexions du monde, avant que l’Europe n’impose au globe une parenthèse impériale.
Après Le chapeau de Vermeer, Timothy Brook continue d’explorer avec talent les routes de la mondialisation dans Sous l’œil des dragons (2012), suivant le sillage de Marco Polo et de Zheng He, l’amiral chinois.
La Carte perdue de John Selden retrace l’histoire d’une grande carte de la Chine finement dessinée à l’encre noire, dont on ne connaît ni l’auteur ni le commanditaire, mais que l’on date du début du XVIIe siècle (fin de la dynastie Ming). Nommée « carte de Selden » elle a appartenu au juriste et orientaliste anglais John Selden (1584-1654) avant de se retrouver à la Bodleian Library d’Oxford en 1659 et d’être redécouverte par hasard en 2008 par Robert Batchelor. Elle représente la partie du monde que connaissaient les Chinois de ce temps, de l’océan Indien à l’ouest aux Iles aux épices à l’est, et de Java au sud au Japon au nord. Cette carte chinoise et ses mystères : voilà le point de départ d’une extraordinaire enquête pour retrouver toutes les personnes qui l’ont croisée et les espaces qu’elle a traversés avant d’être occultée pendant près de quatre siècles, jusqu’à aujourd’hui.
Son dernier ouvrage, Le léopard de Kubilai Khan. Une histoire mondiale de la Chine, il poursuit son exploration des relations entre la Chine et le monde du XIIIe à nos jours. Cette enquête menée avec brio émerveille grâce à l’énergie insufflée aux destins de 13 personnages, anonymes ou célèbres, qui ont marqué l’histoire.
Bibliographie
- Le léopard de Kubilai Khan. Une histoire mondiale de la Chine, traduit de l’anglais par Odile Demange (Payot, 2019)
- La Carte perdue de John Selden (Payot, 2015)
- Sous l’œil des dragons (Payot, 2012)
- Le chapeau Vermeer. Le XVIIème siècle à l’aube de la mondialisation (Payot, 2010)
- The Troubled Empire. China in the Yuan and Ming dynasties (Harvard University Press, 2010)