Chef-d’œuvre de Mircea Cărtărescu, Solénoïde est un roman monumental où résonnent des échos de Borges, Swift et Kafka. Il s’agit du long journal halluciné d’un homme ayant renoncé à devenir écrivain, mais non à percer le mystère de l’existence.
Après avoir grandi dans la banlieue d’une ville communiste – Bucarest, qui est à ses yeux le « musée de la mélancolie et de la ruine de toute chose », mais aussi un organisme vivant, coloré, pulsatile –, il est devenu professeur de roumain dans une école de quartier. Si le métier le rebute, c’est pourtant dans cette école terrifiante qu’il fera trois rencontres capitales : celle d’Irina, dont il tombe amoureux, celle d’un mathématicien qui l’initie aux arcanes les plus singuliers de sa discipline, et celle d’une secte mystique, les piquetistes, qui organise des manifestations contre la mort dans les cimetières de la ville.
À ses yeux, chaque signe, chaque souvenir et chaque rêve est un élément du casse-tête dont la résolution lui fournira un « plan d’évasion », car il ne s’agit que de pouvoir échapper à la « conspiration de la normalité ».
Traduit du roumain par Laure Hinckel.
- « Solénoïde fait circuler un fluide hypnotique dans l’écriture de Mircea Cărtărescu, une mélancolie atroce balaye les destins, une hantise mystérieuse pousse les personnages à tâter les murs de leur existence à la recherche d’une autre issue. Avec Solénoïde, on traverse le rêve et on se retrouve dans la réalité, on ouvre la porte d’une maison bucarestoise et les pièces à sillonner se succèdent sans fin. Une autre dimension domine cet univers qui, on comprend bien, va en claudiquant sur ses trois dimensions. On se languit d’une quatrième, mais de quelle nature serait-elle ? (...) Avec Solénoide, dont la beauté de la langue resplendit pleinement en français grâce au travail tout en finesse de Laure Hinckel, le souffle technologico-mystique de Cărtărescu couche sur le papier un splendide cri de révolte contre la mort. Que peuvent donc les écrivains, face à ce sentiment de claustrophobie métaphysique ? « Mais les écrivains voient-ils jamais quelque chose ? Leurs portes peintes sur le mur infiniment épais de notre cellule de condamnés à mort s’ouvrent-elles jamais ? » (p. 537). » ActuaLitté
- « Quel combat ? Contre quoi ? En rêvant de quelle victoire ? En étant défait comment ? Solénoïde réunit la plus formidable accumulation de réponses qu’un roman puisse contenir. Ce n’est pas un roman-fleuve. C’est un roman-crue, un torrent qui sort de son lit, emporte, submerge, tourbillonne entre les murs des villes englouties, que Mircea Cartarescu détruit et ressuscite dans le même mouvement, comme il le fait de l’immense matériau autobiographique, magique, fantastique, logique, scientifique, métaphysique dont son œuvre, qui trouve ici un accomplissement, est la constante réinvention. » Le Monde
- « L’auteur, le romancier roumain Mircea Cartarescu, né en 1956 comme le narrateur de son roman, prête à son double des questions et des cauchemars qui furent certainement les siens, puis imagine pour lui un avenir différent. Un peu ce qu’a fait Paul Auster dans 4321(Actes Sud, 2018), mais en version kafkaïenne. » Libération