RUGAMBA Dorcy

Rwanda

Hewa Rwanda - Lettres aux absents (JC Lattès, 2024)

© Johanna de Tessières

Comédien, auteur et metteur en scène né au Rwanda, Dorcy Rugamba a fuit le génocide de 1994 via le Burundi voisin et s’est réfugié en Belgique. Depuis, il bâtit une œuvre artistique multiforme attachée à l’exploration de la violence de masse, de la résilience et des mémoires africaines. En 1999, il livre sa première pièce, Rwanda 94, une création exceptionnelle sur le génocide des Tutsis et le massacre des Hutus. En 2001, il crée Urwintore, un collectif destiné à produire les artistes rwandais sur les scènes locales et internationales, puis fonde en 2012 le Rwanda Arts Initiative, centre d’art à Kigali. Il est également le fondateur de la maison d’édition Moyo qui publie des auteurs dans les langues africaines. Dans Hewa Rwanda (JC Lattès, 2024), Dorcy Rugamba se confie sur sa vie auprès de ses parents, sur le jeune homme qu’il était alors, ainsi que sur son existence après le drame. Un récit intime et puissant dans lequel l’auteur rend hommage aux victimes à travers des lettres destinées à ses proches absents, assassinés le premier jour du génocide en avril 1994.


Bibliographie

Récits

  • Hewa Rwanda - Lettres aux absents (JC Lattès, 2024)

Théâtre

  • Les Restes suprêmes (2020)
  • Umurinzi (2019)
  • Retour de Kigali (2016)
  • Market Place (2010)
  • Gamblers ou La dernière guerre du soldat Hungry (2010)
  • Bloody niggers ! (2007)
  • Marembo (2005)
  • Rwanda 94 (1999)
Hewa Rwanda - Lettres aux absents

Hewa Rwanda - Lettres aux absents

JC Lattès - 2024

Tous les ans, Dorcy Rugamba revient à Kigali dans la maison de sa famille : il y a toujours du lierre sur les murs, des callas et des langues de feu sur la terrasse, le palmier et le papayer à l’entrée. Au loin, lorsque la brume s’est levée, apparaissent le Mont Jali au Nord et le Mont Kigali au Sud.
Mais pendant des années, ce retour était impossible. C’est dans cette maison que sa famille a été tuée. Les mots étaient perdus comme la vue. Et il a fallu du temps pour les retrouver. Dorcy Rugamba voulait se tenir au plus près des victimes, explorer leurs vies et le monde d’avant, dire qui elles étaient et ce qu’elles représentaient aux yeux des leurs. C’est le sens de tout son travail, de comédien, de dramaturge, de metteur en scène, d’écrivain : rendre aux victimes un nom, un visage, une humanité singulière.
Dans ce livre, il s’adresse à son père, à sa mère, à tous les absents : il dit le philosophe, historien et linguiste qu’était son père, qui était aussi chorégraphe, compositeur et écrivain, l’immense poète, et le théâtre à ciel ouvert qu’il avait créé et quel était son humanisme. Il écrit sa mère, Daphrosa, son amour et sa foi, et cette année 82, il avait 12 ans alors, où son père sembla perdre la raison, assis, immobile et silencieux toute la journée comme s’il pressentait l’horreur à venir. Il dit ce qu’il a vu et appris auprès d’eux, l’enfant et le jeune homme qu’il était, le temps qu’il a fallu après, pour réaliser, pour revenir, pour écrire, pour leur écrire.