DE CLAIRVILLE Agnès

France

Corps de ferme (Harper Collins, 2024)

© Melania Avanzato

Agnès de Clairville est née en Normandie et vit aujourd’hui à Marseille. Scientifique de formation, elle a d’abord travaillé la photographie, avant de se dédier à l’écriture. Après La poupée qui fait oui (Harper Collins, 2022), un premier roman en partie autobiographique sur une jeune femme victime de violences sexuelles, elle signe cette année Corps de ferme (Harper Collins, 2024). Pour raconter les réalités du métier d’agriculteur, dont elle a été témoin pendant son enfance à la campagne et ses études d’agronomie, l’écrivaine normande a choisi de raconter le quotidien d’une famille d’éleveurs du point de vue de ses bêtes. Dans ce huis clos pastoral et polyphonique, les animaux racontent tandis que les hommes se taisent. Ouvrant le récit sur cet indicible que restera à jamais pour nous l’expérience de vie animale, elle tisse une réflexion singulière sur notre rapport à la maternité, à la filiation et au vivant.


Bibliographie

  • Corps de ferme (Harper Collins, 2024)
  • La poupée qui fait oui (Harper Collins, 2022)
Corps de ferme

Corps de ferme

Harper Collins - 2024

« Quand on prend leur veau, les vaches chargent. Même si elles n’ont plus de cornes. Elles courent comme des génisses, sans la joie. Leur plainte envahit l’air froid. Traverse les prés. Frappe les carreaux de la ferme. S’insinue dans les oreilles. Elle devient un bourdonnement qui empêche de penser à autre chose. Qu’à cette mère qui appelle son veau. »

Tandis qu’ils œuvrent à leur survie, rien n’échappe aux animaux de la ferme. L’inquiétude de l’éleveur acculé par les échéanciers, les batailles des fils à mesure qu’ils grandissent, les pas de la femme, plus lourds que d’ordinaire. La vache, la chienne, le chat sont les vigies d’un monde rythmé par la vie et la mort. Leur ronde silencieuse ne connaît pas le contretemps. Mais dans cette ferme une tragédie a cours et personne n’en devine rien. Parce que les hommes sont aveugles, les bêtes vont témoigner.

Avec ce huis clos à ciel ouvert, où les cris des bêtes se mêlent aux secrets des hommes, Agnès de Clairville s’attache à renverser le regard. Qu’ont à nous dire les animaux sur notre rapport à la naissance et à la filiation ? Ici, l’animalité commande tout et les mots bousculent, jusqu’à l’inattendu.


  • « Ce huis clos rural bâti sur une série de monologues animaliers allie précision du vocabulaire et poésie des tournures pour dévoiler les faces cachées d’une famille en apparence unie par les travaux de la ferme, mais profondément déchirée par ses silences. Cette tragédie pastorale savamment construite, autour de deux parties qui se répondent en suivant les cycles de la vie et de la mort, est un hymne subtil à ceux qui nous nourrissent. » Le Monde
  • « Il est rare de décrire avec autant d’acuité l’ambiance des petits propriétaires, leur isolement et la solitude qui s’en dégage. La grande réussite de Corps de ferme est là : nous sommes en plein air, mais nous assistons à un huis clos terrible. » Le Figaro
  • « Avec ce huis clos à ciel ouvert, petit théâtre du réel dont le décor est une ferme en péril, où les cris des bêtes se mêlent aux secrets des hommes, Agnès de Clairville renverse le regard. Qu’ont à nous dire les animaux sur notre rapport à la naissance et à la filiation ? A la violence et à la domination, celle, millénaire, des hommes sur plus petits qu’eux ? » ActuaLitté