Grande figure du monde intellectuel musulman éclairé ouverte sur le monde, sur l’autre et l’ailleurs, le Turc Nedim Gürsel croit au rapprochement entre Orient et Occident, à l’image de son parcours : une enfance en Turquie auprès d’un grand père très pieux, des études au lycée français d’Istanbul puis à Paris, où il est contraint à l’exil au moment des coups d’état militaires. Auteur d’une trentaine de romans, d’essais littéraires et de chroniques, l’écrivain exilé à Paris depuis plus de trente ans puise son inspiration dans la riche culture de son pays et dans les lettres occidentales pour construire une œuvre singulière, emprunte de nostalgie.
Depuis son premier récit, Un long été à Istanbul, paru en 1976, récompensé par la plus haute distinction littéraire turque mais censuré en Turquie sous le régime militaire, Nedim Gürsel mêle avec brio le passé et l’avenir, cherchant dans la géographie de sa ville tant aimée le destin de son monde. Marqué par sa double culture et par les villes d’Europe qu’il a traversé depuis ses trente ans, entre Paris, capitale de l’exil et de la souffrance, et Istanbul, cité de la douceur, mais aussi de la nostalgie, Nedim Gürsel établit dans ses romans une géographie des sentiments calquée sur son propre parcours, entre douleur et poésie.
À travers une formidable galerie de portraits, il revient dans son nouvel opus sur les thèmes qui lui son chers : la mémoire, la vieillesse, et l’exil.
Auteur de nouvelles, il signe également en tant que chercheur au CNRS spécialiste de la littérature turque, de nombreux ouvrages d’essais critiques et une importante étude sur la poésie de Nazim Hikmet. À noter qu’en 1986, il obtient le prix Ipecki pour sa contribution au rapprochement des peuples grecs et turcs. Dans La Turquie, une idée neuve en Europe (2009), il confie ses espoirs de voir son pays entrer dans l’Union tandis que son récit, Retour dans les Balkans imagine une possible réconciliation entre Chrétiens et Musulmans et interroge les cœurs des hommes et des femmes qui ont connu les pires horreurs de la guerre civile qui détruisit Sarajevo. (Voir à ce sujet sa chronique de la guerre du Kosovo pour Libération en 1999). Quant à son roman Les Filles d’Allah, il fit en 2008 l’effet d’une bombe : conduit devant les tribunaux turcs pour outrage à la religion, il risque alors un an de prison ferme. Soutenu par de nombreux intellectuels dans une lettre ouverte au premier ministre turc, l’évènement projette alors à la face de l’Europe l’image d’un pays où la liberté d’expression est toujours flouée.
- Le fils du capitaine (Seuil, 2016)
- Retour dans les Balkans (Empreinte temps présent, 2012)
- Belle et rebelle, ma France (Empreinte temps présent, 2011)
- Nâzim Hikmet, le chant des hommes (Le Temps des Cerises, 2010)
- Les Filles d’Allah (Seuil, 2009)
- La Turquie, une idée neuve en Europe (Empreinte temps présent, 2009)
- De ville en ville. Ombres et traces (Seuil, 2007)
- Un long été à Istambul (Gallimard, 2007)
- Au pays des poissons captifs : une enfance turque (Bleu Autour, 2004)
- Retour Dans les Balkans (Tribord, 2004)
- Balcon sur la Méditerranée (Seuil, 2003)
- Le voyage de Candide à Istanbul (Comp’Act, 2003)
- Les Turbans de Venise (Seuil, 2001)
- Mirages du Sud (L’Esprit des Péninsules, 2001)
- Paysage littéraire de la Turquie contemporaine (L’Harmattan, 2000)
- Derviche et la ville (Fata Morgana, 2000)
- Le roman du conquérant (Seuil, 1998)
- Un turc en Amérique : Journal des deux rives (Publisud, 1997)
- La Mort de la mouette (Fata Morgana, 1997)
- L’art de vivre à Istambul (Flammarion, 1993)
- Le dernier tramway (Seuil, 1991)
- Istambul, un guide intime (Autrement, 1989)
- Nazim Hikmet et la littérature populaire turque (L’Harmattan, 1987)
- Le roman du Conquérant (Seuil, 1996)
- La première femme (Seuil, 1986)
- Les lapins du commandant (Messidor / Temps actuels, 1985 ; Seuil, 1997)
- Un long été à Istambul (Gallimard, 1980, 1991)