Jean Vautrin, alias Jean Herman, est né en 1933 en Lorraine. Avec Manchette, il est l’un des pères fondateurs du néo-polar. Il fait ses études à Paris à L’IDHEC (Institut des Hautes Études Cinématographiques). Lecteur de littérature française à l’université de Bombay, puis reporter et dessinateur humoristique pour l’Illustrated weekly, il devient assistant du cinéaste Rossellini en Inde avant de faire son service militaire au service Cinéma des armées. Démobilisé, il devient l’assistant de Minelli et de Rivette. Après avoir réalisé une trentaine de courts métrages et de films pour la télé, il met en scène son premier long métrage, d’après Raimond Queneau, avec Danielle Darieux : Le dimanche de la vie (Prix Marylin Monroe). Suivent cinq longs métrages dont Adieu l’ami , avec Alain Delon et Charles Bronson.
À partir de 1971 Herman et Vautrin coexistent. Le premier, comme scénariste dialoguiste (plus de neuf scénarios dont Garde à vue, César du meilleur scénario 1981), le second, comme romancier et nouvelliste renommé dont les oeuvres ont été maintes fois portées à l’écran et récompensées de nombreux prix, dont le prix Goncourt en 1989 pour Un grand pas vers le Bon Dieu. Il est également, avec Dan Franck, l’auteur des aventures de Boro reporter-photographe et a travaillé durant plus de dix ans comme scénariste-dialoguiste avec Michel Audiard. Le Cri du peuple, son roman sur la Commune de Paris lui a valu le prix Louis Guilloux pour l’ensemble de son œuvre et a fait l’objet d’une magnifique adaptation en bande dessinée par Tardi. Jean Vautrin est Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier des Arts et des Lettres et Officier dans l’Ordre National du Mérite.
Bilbiographie :
- En Attendant l’Eau Chaude (Flammarion, 2007)
- Bloody Mary (Mazarine, 1979 ; Fayard, 2006)
- Les Aventures de Boro, reporter photographe (tome 6) : Cher Boro (Fayard, 2005)
- Si on s’aimait ? (Fayard, 2005)
- Quatre soldats français (tome 2) : La Femme au gant rouge (Robert Laffont, 2004)
- New York, 100ème rue Est (6 pieds sous terre, 2004)
- Le Cri du peuple (tome 4) : Le Testament des ruines (Casterman, 2004)
- Le Cri du peuple (tome 3) : Les Heures sanglantes (Casterman, 2003)
- Quatre soldats français (tome 1) : Adieu la vie adieu l’amour (Robert Laffont, 2004)
- Le Journal de Louise B. (Robert Laffont, 2002)
- Le Cri du peuple (tome 2) : L’Espoir assassiné (Casterman, 2002)
- Le Cri du peuple (tome 1) : Les Canons du 18 mars (Casterman, 2001)
- L’Homme qui assassinait sa vie (Fayard, 2001)
- Les Aventures de Boro, reporter photographe (tome 5) : Boro s’en va-t-en guerre (Fayard, 2000)
- Trains de vies (Editions de La Martinière, 1999)
- J’ai fait un beau voyage - Photo-journal 1955-1958 (Editions Cercle d’Art, 1999)
- Courage, chacun (Julliard, 1999)
- Histoires déglinguées (Fayard, 1999)
- Les autistes (Actes Sud, 1999)
- Untel, père et fils (Editions Cercle d’Art, 1998 – photographies de Christian Delecluse)
- Les Aventures de Boro reporter photographe (tome 1) : La Dame de Berlin (Fayard, 1998)
- Le roi des ordures (Fayard, 1997)
- Les Aventures de Boro reporter photographe (tome 4) : Mademoiselle Chat (Fayard, 1996)
- Les Années 50 (Editions Cercle d’Art, 1996 – photographies de Doisneau)
- Symphonie grabuge (Grasset, 1994)
- Les Aventures de Boro (tome 3) : les noces de Guernica (Fayard, 1994)
- Les Aventures de Boro reporter photographe (tome 2) : Le Temps des cerises (Fayard, 1993)
- Tardi en banlieue (Casterman, 1993)
- Romans noirs (Fayard, 1991)
- Un grand pas vers le bon Dieu (Grasset, 1989 - prix Goncourt 1989)
- Dix-huit tentatives pour devenir un saint (Payot, 1989)
- La Vie ripolin (Mazarine, 1986)
- Baby boom (Mazarine, 1985)
- Patchwork (Mazarine, 1983)
- Canicule (Fayard, 1982)
- Billy-ze-Kick (Mazarine, 1980 ; Gallimard, 2006)
- Groom : Crime-journal d’un enfant du siècle (Mazarine, 1980 ; Fayard, 2006))
- A bulletins rouges (Gallimard, 1980 ; Gallimard, 2006)
Argumentaire de Bloody Mary :
Il y a la Ville-achélème avec ses alvéoles. Chacun sa petite case, les gens comme des guêpes. Escalier C. Appartement 412. Un drôle de bonheur. Il y a Locomotive-Baba N’Doula, laveur de carreaux, malien esporté-boeing, qui monte et descend le long de la plus haute façade de la tour. Et son vieil ennemi, un merle des Indes à qui son maître a appris des quolibets racistes. Il y a Théo-le-surinformé qui passe sa vie dans l’actualité : cinq transistors, distributeurs de kidnappings, viols et détournements, branchés en permanence. Il y a Emile, l’égoutier, qui s’est fabriqué dans le grand collecteur une pisciculture " toute en eau de Seine ", où vivent des carpes de plus de sept étés. Des monstres qu’Emile repêche au milieu des hydrocarbures, en bouffant des pilules à bronzer. Quoi encore ? Il faudrait aussi comprendre ce qui accule Jean-Y, le loubard de nord-banlieue à faire péter la Société à coups de grenades. Et ce qui fait perdre son sang-froid à Sam Schneider, affreux flicard, poulet exemplaire, redresseur de l’Ordre. Bloody Mary, sa femme, peut-être. Une foldingue atteinte de bovarysme aigu, qui se prend toujours pour quelqu’un d’autre. Une pousse-au-crime, celle-là...