- © Julien CHATELIN
Figure montante de la littérature US, Dinaw Mengestu se fait remarquer en 2007 avec son roman Toutes ces belles choses que porte le ciel. Alors que le New Yorker le classe parmi les écrivains américains de moins de 40 ans les plus prometteurs, le jeune homme choisit de s’installer à Paris avec sa femme. Il obtient rapidement une bonne reconnaissance dans l’hexagone : son premier roman lui vaut même le Prix du premier roman étranger en 2007. Ainsi, par ses origines éthiopiennes (il quitte Addis-Abeba alors qu’il n’a que deux ans), il incarne bien les grandes thématiques de ses livres : l’exil, mais aussi la confrontation entre une Afrique rêvée et l’Occident.
Pour Dinaw Mengestu, le sentiment d’exil se transmet au fil des générations. À mesure que disparaissent les souvenirs de l’Afrique, naissent peu à peu des visions fantasmées d’une terre d’origine. Les personnages qu’il créé, complexes mais les plus réalistes possibles, sont ainsi tiraillés par leurs rêves et vivent dans l’espoir de la terre promise : rêve américain ou terres ancestrales. Souvent contemplatifs, ils se laissent aller à de longues déambulations rêveuses au cœur des villes. C’est avec poésie, humour parfois, et une grande intelligence qu’il balance entre narration et analyse brillante des couples modernes, de l’adolescence ou de l’intégration culturelle. Son écriture, à l’image de ses titres, est légère, aérienne. Sans jamais sombrer dans la noirceur, il reste optimiste et croit dans le pouvoir de l’écriture, et dans sa capacité à couvrir le silence. "Le silence advient quand deux personnes n’ont plus la capacité de communiquer. Mais on sent très vite de quoi il est porteur. C’est à cause de ce silence que j’écris. À cause de ces choses que nous ne savons pas et que nous devrions savoir. "
Avec son second roman, Ce que l’on peut lire dans l’air (Michel Albin, 2011), Dinaw Mengestu prolonge sa réflexion sur l’identité et l’exil. C’est au cours d’un voyage en Éthiopie qu’il commence à imaginer son second roman. Plus personnel, voire autobiographique, il retrace l’histoire de deux couples en perdition : Joseph et Mariam, séparés pendant trois ans par le climat politique éthiopien, puis réunis sur le sol américain, mais incapables de former un couple uni. C’est aussi l’histoire de leur fils, Jonas, professeur de littérature, et de son épouse, Angela. Déroutés par l’absence de repères, et le poids de l’exil, ils sont les témoins impuissants de la dérive de leurs couples. Ils abandonnent progressivement la réalité pour un rêve plus glorieux, plus lyrique, une part d’Afrique en Amérique.
En 2015, il signe Tous nos noms, un livre de maturité qui sait mêler l’ici et l’ailleurs, l’optimisme et la gravité, la guerre et la paix et qui dessine une fois encore une géographie intime entre l’Afrique et de l’Amérique, l’Ouganda d’Amin Dada et l’Amérique de l’après-Vietnam, au travers le destin de deux personnages. Il y a du Tolstoï et du Walt Whitman dans cette voix élégiaque et solitaire, qui « contient des multitudes ».
- Tous nos noms (Éditions Albin Michel, 2015)
- Ce qu’on peut lire dans l’air (Éditions Albin Michel, 2011)
- Les belles choses que porte le ciel (Éditions Albin Michel, 2007)