A sept ans, je connaissais le Feu de Saint Elme, la Vierge de la Grande Porte et les remparts de Saint-Malo : chaque jeudi, je suivais dans le Journal de Spirou les aventures de Surcouf, roi des Corsaires, racontées par Charlier et dessinées par Hubinon avec un luxe de détails. Je savais les combats en mer contre les frégates anglaises, la loi des abordages et leur routine (« Une voile devant par (...)
J’aimais beaucoup les corsaires quand j’étais môme. Je les aimais tellement que le premier roman auquel je me suis attelé était un plagiat laborieux, un peu servile mais très enthousiaste, du Corsaire Rouge de Robert Siodmak que je venais de voir au cinéma du patronage. J’avais treize ans et le manuscrit, inachevé mais enluminé de superbes illustrations d’un copain aussi cancre que moi, s’appelait (...)
Un été sans maillot de bain
La mer était là, mais je n’avais pas de maillot. Ni l’envie ni l’intention de me baigner. Qui plus est, l’été qui commençait n’était pas très estival et il soufflait sur la Bretagne un vent glacé qui mettait de mauvais poil les pêcheurs et les patrons de restaurants qui vendaient des huitres aux terrasses. J’avais quarante-six ans et je venais accomplir un rituel. Depuis qu’à (...)
Souvenirs d’Etonnants Voyageurs
La première fois que j’ai dit « Je vais à Saint-Malo », la réponse a été un NON ! radical, et il est vrai que mon ami le docteur Schomberg avait raison. Je venais de quitter le lit d’une clinique de Hambourg, où j’avais passé cinq mois aux prises avec une maladie qui aurait pu soit me tuer, soit me condamner au fauteuil roulant. Un énorme corset de métal maintenait ma (...)
A propos de l’esprit d’aventure en littérature
Ecrivain voyageur ? Coureur de tempêtes ? Aventurier d’esprit ou sédentaire atavique ? Qui suis-je ? Parlons-en, chers amis ! Je veux étrenner avec vous de nouveaux rapports. Parler de l’écriture. De sa largeur de vues. De son envergure. Du terrain qu’elle brasse. De son envolée, en quelque sorte. Vraiment de la boutique. Pas ménager les mots. Quitte à (...)
Notre Woodstock
Tous les ans, dans l’air salé, ils s’invitent en notre compagnie. Il y d’abord - un peu distant, inévitable, mais après tout, il est ici chez lui avec sa tombe personnelle -, le vicomte René qui parlait si bien des Amériques. On a vu Jean Giono saluant Melville, et Robert-Louis Stevenson, distingué, discret, tout juste revenu de Silverado et d’Eldorado. Très remarqué, en compagnie de (...)
Voyage à Saint-Malo
Je suis venu au monde nettement trop tard pour être un véritable aventurier en Amérique. Quand je suis né, en 1940, le far west avait déjà été « colonisé ». Des familles venues d’Europe exploitaient les terres dans les plaines où les Indiens d’Amérique avaient jadis chassé le bison et mené cette existence libre et nomade dont les écrivains d’Amérique et d’Europe nous ont fait la (...)