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Hewa Rwanda - Lettres aux absents

JC Lattès

Tous les ans, Dorcy Rugamba revient à Kigali dans la maison de sa famille : il y a toujours du lierre sur les murs, des callas et des langues de feu sur la terrasse, le palmier et le papayer à l’entrée. Au loin, lorsque la brume s’est levée, apparaissent le Mont Jali au Nord et le Mont Kigali au Sud.
Mais pendant des années, ce retour était impossible. C’est dans cette maison que sa famille a été tuée. Les mots étaient perdus comme la vue. Et il a fallu du temps pour les retrouver. Dorcy Rugamba voulait se tenir au plus près des victimes, explorer leurs vies et le monde d’avant, dire qui elles étaient et ce qu’elles représentaient aux yeux des leurs. C’est le sens de tout son travail, de comédien, de dramaturge, de metteur en scène, d’écrivain : rendre aux victimes un nom, un visage, une humanité singulière.
Dans ce livre, il s’adresse à son père, à sa mère, à tous les absents : il dit le philosophe, historien et linguiste qu’était son père, qui était aussi chorégraphe, compositeur et écrivain, l’immense poète, et le théâtre à ciel ouvert qu’il avait créé et quel était son humanisme. Il écrit sa mère, Daphrosa, son amour et sa foi, et cette année 82, il avait 12 ans alors, où son père sembla perdre la raison, assis, immobile et silencieux toute la journée comme s’il pressentait l’horreur à venir. Il dit ce qu’il a vu et appris auprès d’eux, l’enfant et le jeune homme qu’il était, le temps qu’il a fallu après, pour réaliser, pour revenir, pour écrire, pour leur écrire.

Hewa Rwanda - Lettres aux absents

Hewa Rwanda - Lettres aux absents

JC Lattès - 2024

Tous les ans, Dorcy Rugamba revient à Kigali dans la maison de sa famille : il y a toujours du lierre sur les murs, des callas et des langues de feu sur la terrasse, le palmier et le papayer à l’entrée. Au loin, lorsque la brume s’est levée, apparaissent le Mont Jali au Nord et le Mont Kigali au Sud.
Mais pendant des années, ce retour était impossible. C’est dans cette maison que sa famille a été tuée. Les mots étaient perdus comme la vue. Et il a fallu du temps pour les retrouver. Dorcy Rugamba voulait se tenir au plus près des victimes, explorer leurs vies et le monde d’avant, dire qui elles étaient et ce qu’elles représentaient aux yeux des leurs. C’est le sens de tout son travail, de comédien, de dramaturge, de metteur en scène, d’écrivain : rendre aux victimes un nom, un visage, une humanité singulière.
Dans ce livre, il s’adresse à son père, à sa mère, à tous les absents : il dit le philosophe, historien et linguiste qu’était son père, qui était aussi chorégraphe, compositeur et écrivain, l’immense poète, et le théâtre à ciel ouvert qu’il avait créé et quel était son humanisme. Il écrit sa mère, Daphrosa, son amour et sa foi, et cette année 82, il avait 12 ans alors, où son père sembla perdre la raison, assis, immobile et silencieux toute la journée comme s’il pressentait l’horreur à venir. Il dit ce qu’il a vu et appris auprès d’eux, l’enfant et le jeune homme qu’il était, le temps qu’il a fallu après, pour réaliser, pour revenir, pour écrire, pour leur écrire.