Japon : Miscellanées Voici un livre qui ne se lit pas nécessairement du début à la fin, mais que l’on peut ouvrir au hasard de ses deux cents articles pour lever le voile sur une habitude, une croyance, un paysage, une mode, un objet, une personnalité, un art, une fête, une expression ou encore un proverbe, bref tout ce qui fait le quotidien et l’extraordinaire d’un pays : le Japon. Du latin miscellanea (mélange), les miscellanées sont un genre littéraire composé de fragments qui dessinent une mosaïque d’informations sur un thème donné. Il y a eu les miscellanées du sport, du rock ou de la cuisine. Celles-ci sont les premières consacrées à un pays. Ni manuel pratique ni guide de voyage, ces textes étonnent et charment par leur façon de mêler le passé et le présent, l’intemporel et le très actuel, le visible et le caché, le signe et le sens, l’anecdote et le conte, la prouesse technologique et la poésie ancestrale. Ce livre est pour les amoureux du Japon une façon d’être déjà là-bas sans encore avoir fait le voyage, de goûter son périple une fois sur place, et même de s’en souvenir avec émoi. La Maison de l’âme, Maelström 2010 « La maison de l’âme, c’est un rituel. Au fil de votre vie, vous offrez à des étrangers ou des gens de passage de quoi abriter, nourrir, vêtir et parer votre âme ou bien celle d’un proche, après la mort. Inutile de donner aux membres de la famille : c’est un héritage, pas un don. Les héritages pèsent sur les âmes. Il faut quelque chose de léger, gratuit… Dans ce rituel, tout se joue sur la confiance entre deux personnes qui se rencontrent par hasard, l’une qui donne et l’autre qui reçoit. En réalité, elles sont trois si l’on compte l’âme disparue. » Qu’est-ce qui sépare une journaliste radio à Paris, spécialiste des conflits en Afrique, et un jeune ethnologue roumain ? Suffisamment de choses pour que Claire, dans un premier temps, décline poliment l’invitation de l’énigmatique Stefan M. à venir réaliser un reportage sur la Roumanie de l’après Ceausescu. Et qu’est-ce qui, mystérieusement, les relie pour qu’elle se ravise et rejoigne l’ethnologue qui ne la connaissait jusque là que par sa voix ? La voix, c’est tout le thème de ce roman que l’on sent de bout en bout adressé. Dans le petit village de Snagov, Claire découvre la chape de silence par-dessus les tensions, amertumes et violences d’autant plus sensibles un an à peine après la révolution de 1989 qu’au bord de ce lac renommé les victimes du pouvoir côtoient encore leurs bourreaux. Peu à peu elle donne la parole à ceux qui se désignent eux-mêmes comme « démolis » de l’ancien régime, victimes d’un Plan parmi d’autres, où ils ont été forcés de détruire leur maison et d’habiter des immeubles construits par le pouvoir. Son intention pourtant n’est pas de réaliser un reportage… Dans ce village meurtri, la journaliste et l’ethnologue s’attendent, se cherchent et se perdent, chacun prisonnier de ses hantises. Ils n’ont que quelques jours pour accomplir le rituel qui seul peut les sauver... À la fois livre de l’intime et livre d’enquête, ce roman clôture une trilogie commencée par l’auteur avec La Plus que mère et La Cérémonie des Poupées, tous deux parus chez maelstrÖm et traversés par cette même obsession du non-dit et de la prise de parole, du rituel et de la catharsis. La cérémonie des poupées, Maelström 2010 Sélectionné comme finaliste du Prix Rossel des Jeunes 2005 ! Pierre sent qu’un danger nous frôle ici, quelque chose qu’il ne maîtrise pas. Il a peur. Et même cette peur-là, il ne peut la dire. Glissant sa main sur ma nuque, il soulève mes cheveux, les tourne autour de sa main sans s’apercevoir qu’il tire trop fort et me fait mal, et souffle doucement dans mon cou pour me rafraîchir. « Ainsi tu veux rentrer en France ? » J’ai posé la question sans le regarder. Il lâche d’un coup mes cheveux qui se déploient dans mon dos avec une sauvagerie électrique. « Je préférerais rester ici. J’adore ce pays, mon travail, cet appartement... » « Alors pourquoi ? » « Je suis inquiet. » « Inquiet ? » Ton léger malgré ma gorge nouée et la braise prête à jaillir. Pierre devine ma comédie, son visage se durcit, il accepte tout de moi sauf que je lui mente. Il ravale sa colère et d’une voix où ne perce plus que le désarroi : « Ici, je te perds et je ne comprends pas pourquoi. » Je me blottis contre lui, lui caresse le dos, éprouve son désir, le mien. Et je lui réponds : « Je n’ai que toi, tu le sais bien. Que toi et…ici. » Un jeune couple – il est français et elle est japonaise, mais a toujours vécu à Paris – s’installe à Tokyo pour deux ans. Peu à peu, un malaise s’installe dans leur relation jusque-là fusionnelle. Sous son apparente sérénité, la jeune femme cache une blessure dont la brûlure s’est ravivée au premier contact avec le pays des origines....