New York. L’énorme escroquerie des subprimes a conduit à la ruine des millions de ménages modestes endettés à mort, comme les parents de Fannie, vieux couple d’ouvriers rêvant d’accéder à la propriété. Fannie, surnommée Minerve par ses collègues parce que son buste tout entier pivote quand on l’interpelle. Fannie, dont personne ne se doute que sa raideur masque une effrayante coquetterie pour dissimuler un œil de verre. Cachant l’âme d’un cyclope solitaire, cette Minerve borgne n’en est pas moins femme. Au volant de sa vieille Toyota, elle traverse l’Hudson et se dirige vers la pointe fortunée de Manhattan, l’esprit vide, des sortes de rêves plein le cœur…
« Le trajet dure une quarantaine de minutes, au terme duquel elle pénètre dans un parking couvert au 45, Wall Street. Elle monte jusqu’au sixième niveau, le dernier, et parcourt les allées au ralenti jusqu’à ce qu’elle ait repéré ce qu’elle cherche : un coupé Mercedes gris métallisé. »
L’auteur de l’inoubliable Garden of Love use d’un style percutant, d’une justesse implacable, pour parler de la vraie vie dans un monde d’une tranquille inhumanité, qu’on dirait inventé pour terrasser l’individu au profit d’une coalition perverse de spéculateurs et d’exploiteurs de tout acabit. C’est ce qui ressort de Fannie et Freddie, récit d’une vengeance à couper le souffle, comme seuls la folie et le désespoir savent en fomenter.
En savoir plus :
– RTBF, « Livrés à domicile »
– Canal +, « Le Before »
– France Inter, « Pop Fiction »
Revue de presse
« La trajectoire du récit est parfaite, tendue à l’extrême. Implacable et fulgurante. Le travail d’écriture est superbement affûté, le texte d’une singulière puissance. En moins de cent pages, Marcus Malte, l’auteur du fameux Garden of love, met en scène l’histoire d’une folle vengeance dans une ville des Etats-Unis écrasée par les carcasses de hauts-fourneaux aujourd’hui éteints. Des habitants comme des fantômes, des maisons à vendre par dizaines, leurs propriétaires ruinés par les mirages agités par des banquiers au cynisme tranquille. Au commencement est une femme au volant d’une voiture qui « s’enfonce dans les rues de New York comme un bathyscaphe dans les abysses ». Ses collègues l’appellent Minerve à cause de la raideur de sa tête, dont elle contrôle les mouvements au millimètre face à ses interlocuteurs qui ne doivent pas remarquer la fixité de son oeil droit fabriqué à Sanford, Caroline du Nord. Minerve, déesse de la Sagesse et de la Fureur guerrière. On pense, en lisant ce livre, au fameux roman de Donald Westlake, Le Couperet, l’histoire d’un cadre licencié qui tuait tous ses concurrents aux postes qu’il convoitait. La violence sociale est une bombe à retardement. » Télérama
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