C’est en songeant au célèbre tableau de Paolo Uccello, La Bataille de San Romano, que Frédéric Jacques Temple a imaginé de peindre les terribles combats par lesquels, en 1944, cinq siècles après l’affrontement des Siennois et des Florentins, au même endroit, prit fin la campagne d’Italie. Et c’est bien en peintre qu’il compose ce récit d’une épopée méconnue, rapidement éclipsée de nos mémoires par les grandes heures de la Libération. Rendant justice à l’héroïsme de ces bataillons d’Afrique pour la plupart composés d’étrangers, le romancier nous fait vivre, en compagnie de quelques sans-grade, des épisodes d’une grande violence dont il parvient à saisir avec une connivence parfaite le côté humain, le "plan rapproché". Puis soudain, c’est à un véritable "panoramique" que donne forme cette succession de séquences courtes scandées par des lettres, des "faits divers", ou de brèves et combien glaciales notes de renseignements militaires… Sic transit gloria mundi : l’illustre Torre di San Romano, démantelée puis reconstruite au quattrocento, fut donc à nouveau détruite — autres temps, mêmes mœurs — par les tanks américains et les Panther allemands. Les années ont passé, peu à peu les survivants rejoignent ceux qui sont morts au combat. L’oubli fait son chemin. Mais le roman veille.