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Le va-nu-pieds des nuages

Sabine Wespieser Editeur

Le va-nu-pieds des nuages Dans son dernier roman, Le Va-nu-pieds des nuages, Takis Théodoropoulos, toujours curieux de revisiter la Grèce antique, s’intéresse à l’histoire d’une comédie : Les Nuées, qu’Aristophane écrivit en 423 av J-C pour vilipender Socrate. La pièce n’eut pas le succès escompté par l’auteur comique. Lors de sa première représentation, le jury des Grandes Dionysies refusa de lui accorder la moindre récompense. Le public athénien, lui, se contenta de réagir par quelques quolibets. L’échec mortifia un Aristophane âgé d’à peine vingt-trois ans. À vrai dire, Socrate n’était pas encore le célèbre philosophe qu’il deviendra. Entouré d’un petit cercle de disciples, il était certes reconnu comme un membre à part entière de la société athénienne, mais il ne jouissait d’aucun prestige, d’aucune notoriété. Alors, pourquoi l’ironique Aristophane s’était-il mis en tête de mettre en scène cet inconnu ? C’est là qu’intervient l’imaginaire de Takis Théodoropoulos, avec l’érudition et la drôlerie qui le caractérisent. Rien de tout cela n’est du ressort des êtres humains, affirme sans rire le romancier grec. Ce sont les dieux qui sont en cause. Eux qui, du sommet de leur Olympe, contemplent les humains avec un ennui profond (c’est long, l’éternité !) et un intérêt agacé. Leur agacement provient de ce que, du côté d’Athènes, les hommes ont dépassé les bornes. Toujours très agités, les Athéniens se démènent beaucoup, se prennent, à l’instar de Périclès, pour le centre du monde, et n’hésitent pas à remettre en cause la suprématie des Olympiens. Même la Grande Peste de 430 (qui a pourtant emporté Périclès) n’a pas eu totalement raison d’eux. Or les dieux sont d’autant plus impatients de châtier la prétention des humains qu’ils leur doivent une invention essentielle : celle de la langue grecque. Voilà pourquoi ils dépêchent sur terre un Démon chargé d’une mission spéciale : semer la zizanie à Athènes. Comment ? En rendant si subtils et si perturbateurs les questionnements d’un obscur philosophe (Socrate, donc) qu’immanquablement celui-ci laminera l’intelligence de ses congénères. Car Socrate possède cette rare capacité : lorsqu’il croise un athlète en train de s’entraîner à la course, il l’interroge si habilement sur les motivations et la technique de son exercice physique que le sportif, bientôt, en perd ses moyens au point de ne plus savoir courir. Il s’agit donc d’appliquer cette recette au domaine du langage. Par sa maïeutique, Socrate - espèrent les dieux - saura rendre à jamais aphasiques ces prétentieux d’Athéniens. Seulement, voilà. Même les plans des dieux peuvent être contrecarrés. Car eux aussi aiment à se chamailler. Ainsi Athéna prend-elle à cœur de défendre sa chère cité contre la perversité de ses divins collègues. Et puis, s’agissant des affaires humaines, on n’est jamais sûr de rien. De revirement en revirement, entre un Socrate sans cesse déroutant et un Aristophane s’arrachant les cheveux, le Démon perd à son tour ses moyens, au point de connaître, après s’être intéressé de près à Aspasie, une grave crise existentielle.

Le va-nu-pieds des nuages

Sabine Wespieser Editeur - 2012

Le va-nu-pieds des nuages Dans son dernier roman, Le Va-nu-pieds des nuages, Takis Théodoropoulos, toujours curieux de revisiter la Grèce antique, s’intéresse à l’histoire d’une comédie : Les Nuées, qu’Aristophane écrivit en 423 av J-C pour vilipender Socrate. La pièce n’eut pas le succès escompté par l’auteur comique. Lors de sa première représentation, le jury des Grandes Dionysies refusa de lui accorder la moindre récompense. Le public athénien, lui, se contenta de réagir par quelques quolibets. L’échec mortifia un Aristophane âgé d’à peine vingt-trois ans. À vrai dire, Socrate n’était pas encore le célèbre philosophe qu’il deviendra. Entouré d’un petit cercle de disciples, il était certes reconnu comme un membre à part entière de la société athénienne, mais il ne jouissait d’aucun prestige, d’aucune notoriété. Alors, pourquoi l’ironique Aristophane s’était-il mis en tête de mettre en scène cet inconnu ? C’est là qu’intervient l’imaginaire de Takis Théodoropoulos, avec l’érudition et la drôlerie qui le caractérisent. Rien de tout cela n’est du ressort des êtres humains, affirme sans rire le romancier grec. Ce sont les dieux qui sont en cause. Eux qui, du sommet de leur Olympe, contemplent les humains avec un ennui profond (c’est long, l’éternité !) et un intérêt agacé. Leur agacement provient de ce que, du côté d’Athènes, les hommes ont dépassé les bornes. Toujours très agités, les Athéniens se démènent beaucoup, se prennent, à l’instar de Périclès, pour le centre du monde, et n’hésitent pas à remettre en cause la suprématie des Olympiens. Même la Grande Peste de 430 (qui a pourtant emporté Périclès) n’a pas eu totalement raison d’eux. Or les dieux sont d’autant plus impatients de châtier la prétention des humains qu’ils leur doivent une invention essentielle : celle de la langue grecque. Voilà pourquoi ils dépêchent sur terre un Démon chargé d’une mission spéciale : semer la zizanie à Athènes. Comment ? En rendant si subtils et si perturbateurs les questionnements d’un obscur philosophe (Socrate, donc) qu’immanquablement celui-ci laminera l’intelligence de ses congénères. Car Socrate possède cette rare capacité : lorsqu’il croise un athlète en train de s’entraîner à la course, il l’interroge si habilement sur les motivations et la technique de son exercice physique que le sportif, bientôt, en perd ses moyens au point de ne plus savoir courir. Il s’agit donc d’appliquer cette recette au domaine du langage. Par sa maïeutique, Socrate - espèrent les dieux - saura rendre à jamais aphasiques ces prétentieux d’Athéniens. Seulement, voilà. Même les plans des dieux peuvent être contrecarrés. Car eux aussi aiment à se chamailler. Ainsi Athéna prend-elle à cœur de défendre sa chère cité contre la perversité de ses divins collègues. Et puis, s’agissant des affaires humaines, on n’est jamais sûr de rien. De revirement en revirement, entre un Socrate sans cesse déroutant et un Aristophane s’arrachant les cheveux, le Démon perd à son tour ses moyens, au point de connaître, après s’être intéressé de près à Aspasie, une grave crise existentielle.

Fables romanesques

Les Cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2012

Avec Carole Martinez, Takis Théodoropoulos, Diane Meur

Méditerranée des deux rives

Avec Yasmine Char, Paolo Rumiz, Maram Al Masri, Takis Theodoropoulos - Saint-Malo 2012

Une rencontre entre Yasmine Char, Paolo Rumiz, Maram Al Masri, Takis Theodoropoulos, animée par Yann Nicol.