Ce sont trois longues nouvelles encadrées par deux contes. Melancolia est un livre sur l’expérience de la séparation, sur ce trauma qui a marqué notre naissance et, par la suite, chacune de nos métamorphoses. L’immense écrivain Mircea Cărtărescu en fait ici l’étude à travers trois étapes de la vie : la petite enfance, l’âge de raison, l’adolescence.
Un enfant de cinq ans, dont la mère est sortie, se persuade qu’il a été abandonné : « C’est là le point de départ de la mélancolie, de ce sentiment que personne ne nous tient plus par la main. » Isabel et Marcel, frère et sœur, vivent au sein d’une famille ordinaire comme deux enfants perdus dans la forêt profonde. Lorsque la fillette tombe malade, son frère se jure d’obtenir sa guérison en partant affronter ce qui le terrifie le plus. Un adolescent se questionne sur la différence sexuelle. Il tombe amoureux. Son corps change : mois après mois, il range dans une armoire les peaux devenues trop petites…
Magnifiques variations sur les grands thèmes de l’auteur : le passage du temps, la poésie, le réel et l’irréel, le masculin et le féminin.
Traduit du roumain par Laure Hinckel.
- « La solitude, la mort, la sexualité, la conscience de soi, la souffrance, l’altérité - tous les thèmes se tressent dans une prose incandescente, faite de descriptions oniriques et d’abysses existentiels. On est magnétisé. L’auteur fait économie de personnages mais procède à la dilatation incommensurable de leur espace-temps imaginaire, où tout devient symbolique, et d’une étrangeté luxuriante, incantatoire. (…) Portés par la beauté étrange et fluide de la langue, dans la splendide traduction de Laure Hinckel, on ne sort pas indemnes de Melancolia. Le soleil noir de cette écriture onirique – la marque de fabrique de Mircea Cărtărescu – brûle et brille fortement, longuement. » ActuaLitté
- « Qu’importe le fantastique, l’irréalité tonitruante d’un univers projeté au-delà de ses frontières, vers l’inconnu. C’est dans l’angoisse métaphysique la plus réaliste que le romancier roumain nous entraîne, avec la puissance limpide des grandes créations de l’imaginaire. Il y a toujours un personnage supplémentaire dans ses livres. Admettons-le : il nous ressemble. » Le Monde