Dominer le monde, exploiter ses ressources, en planifier le cours... Le projet culturel de notre modernité semble parvenu à son point d’aboutissement : la science, la technique, l’économie, l’organisation sociale et politique ont rendu les êtres et les choses disponibles de manière permanente et illimitée.
Mais alors que toutes les expériences et les richesses potentielles de l’existence gisent à notre portée, elles se dérobent soudain à nous. Le monde se referme mystérieusement ; il devient illisible et muet. Le désastre écologique montre que la conquête de notre environnement façonne un milieu hostile. Le surgissement de crises erratiques révèle l’inanité d’une volonté de contrôle débouchant sur un chaos généralisé. Et, à mesure que les promesses d’épanouissement se muent en injonctions de réussite et nos désirs en cycles infinis de frustrations, la maîtrise de nos propres vies nous échappe.
S’il en est ainsi, suggère Hartmut Rosa, c’est que le fait de disposer à notre guise de la nature, des personnes et de la beauté qui nous entourent nous prive de toute résonance avec elles. Telle est la contradiction fondamentale dans laquelle nous nous débattons. Pour la résoudre, cet essai ne nous engage pas à nous réfugier dans une posture contemplative, mais à réinventer notre relation au monde.
Traduit de l’allemand (Autriche) par Olivier Mannoni
- « Le sociologue allemand Harmut Rosa analyse avec sagacité la contradiction au cœur du projet de la modernité : vouloir dominer le monde et, du même coup, le rendre muet. [...] Le sociologue, sans céder à aucune nostalgie prémoderne, met des mots sur un sentiment intime et collectif d’aliénation. Si sa description du moment présent est sombre, son souci est bien de permettre à la modernité de prendre un autre chemin. » La Croix
- « Un sublime pied de nez à cette modernité qui essore le monde, pour le rendre toujours davantage calculable, disponible, maîtrisable. » Télérama
- « Lire, s’entretenir, penser avec Rosa, c’est avoir le sentiment de s’ouvrir aux aspirations existentielles contradictoires qui nous habitent et qui sont le ressort vivant de nos sociétés. Une voix nous parle qui met des mots et des concepts sur la manière dont nous perdons le temps, les autres, le monde. » Philosophie Magazine
- « Rendre le monde indisponible au lieu de vouloir le transformer, voilà la tâche qui s’impose désormais. Court et accessible, cet essai prolonge ses deux ouvrages fondateurs, bien plus volumineux, Accélération. Une critique sociale du temps et Résonance. Une sociologie de la relation au monde (La Découverte, 2010 et 2018). Avant de faire un pas de plus, Rosa reprend, de manière synthétique et nette, les éléments de son parcours. Ce qui fait aussi de ce livre la plus exacte introduction à sa pensée. » Le Monde