Şeyhmus Dağtekin, poète et romancier est né et élevé à Harun, village kurde au sud-est de la Turquie. Il a grandi dans une bourgade de montagne au mode de vie quasi autarcique, sans voiture, ni télévision, ni radio.
Les hommes de son village vivaient, pour beaucoup, de contrebande. Au village, l’écrit n’existe pas, sauf sur les emballages d’aliments ou sur les paquets de cigarettes arrivés en contrebande des pays arabes voisins. Le kurde, unique langue des villageois, est interdit par l’État turc.
Pendant la petite enfance de l’auteur, seuls deux hommes, dont son père, parlent le turc et lisent l’alphabet latin. Dans les années 1970, L’État turc construit une école et nomme un instituteur, l’auteur appartiendra à la première génération scolarisée du village.
Puis ce fût l’université à Ankara et les études de journalisme et d’audiovisuel.
En 1974, l’un des frères de l’auteur part travailler en France comme ouvrier dans l’industrie lorraine. En 1987, Şeyhmus Dağtekin le rejoint pour compléter ses études universitaires. Il « naît alors au français ». Après Nancy suivent des études de cinéma à Paris.
Quatre ans à peine après son arrivée en France, il commence à écrire en français et choisit la poésie et son exigence d’appropriation de la langue. Puis, en 2004, Şeyhmus Dağtekin publie chez Robert Laffont son premier roman, À la source, la nuit, dans lequel il nous offre un voyage poétique aux sources des émotions de son enfance. Un texte qu’il définit comme le roman d’un monde d’avant le livre.
Mais Şeyhmus Dağtekin est avant tout poète, ses textes ont été publiés en revues et dans les anthologies Poèmes à dire la francophonie (Le Castor astral, 2002) et Une salve d’avenir (Gallimard, 2004). Il a publié plusieurs recueils au Castor Astral. Il participe régulièrement à des lectures et rencontres en France et à l’étranger. Ses lectures publiques, spectaculaires, lui valent une réputation croissante. Aujourd’hui, l’écrivain est ancré dans la vie littéraire française.
Il n’est plus retourné en Turquie depuis 1992, où il reste en délicatesse avec les autorités. Şeyhmus Dağtekin aime à rappeler qu’il n’a pas de drapeau qu’il soit turque, kurde ou français.
« Si on ne veut pas rester seuls, il faut s’ouvrir à l’autre. Et si la vieille Europe ne veut pas rester seule à sa table, il faut aussi cette générosité. (…) La France a eu la générosité de m’accueillir, je le lui ai rendu en adoptant sa langue. » (France Ô)
Bibliographie
Poésie
- De la bête et de la nuit (Le Castor astral, 2021)
- Sortir de l’abîme, manifeste (Le Castor astral, 2018)
- À l’ouest des ombres (Le Castor astral, 2016)
- Élégies pour ma mère (Le Castor astral, 2013)
- Ma maison de guerre (Le Castor astral, 2011)
- Juste un pont sans feu (Le Castor astral, 2007)
- La Langue mordue (Le Castor astral, 2005)
- Couleurs démêlées du ciel (Le Castor astral, 2003)
- Le Verbe temps (Le Castor astral, 2001)
- Les Chemins du nocturne (Le Castor astral, 2000, Prix international de poésie francophone Yvan Goll)
- Artères-solaires (L’Harmattan, 1997)
Roman
- À la source, la nuit (Le Castor astral, 2018, mention spéciale du Prix des Cinq continents de la Francophonie)