Histoire et géopolitique, passé et présent. Les essais de Jean-Pierre Perrin se caractérisent toujours par un discours lucide et réfléchi sur l’actualité, à la lumière des événements qui l’ont précédée.
Journaliste passionné — il se dit « dévoré par le cancer du voyage, de la fuite » — il est, entre autres, l’auteur de Les Rolling Stones sont à Bagdad (2003), portrait de l’Irak avant, pendant et après la guerre, et de Jours de poussière : choses vues en Afghanistan, Grand prix des lectrices de Elle 2002.
En 2011, il dirige une anthologie de nouvelles où dix-neuf écrivains partageant le goût des voyages, parmi lesquels Alain Dugrand, Michel Le Bris, Yvon Le Men, Léonora Miano ou encore Gilles Lapouge, livrent leur vision de ce qu’est le « bout du monde ».
La mort est ma servante (2013, Fayard) est plus qu’un récit de guerre ; c’est l’hommage poignant de Jean-Pierre Perrin à un ami, Samir Kassir, intellectuel arabe, « le plus prometteur de sa génération ». Ce dernier est assassiné en juin 2005, à Beyrouth, non loin du café où les deux amis devaient justement se retrouver.
À celui qui avait prophétisé qu’il n’y aurait de démocratie dans le monde arabe sans « un printemps à Damas », Jean-Pierre Perrin raconte ce qu’est devenue la Syrie après sa mort. Sous-titré « Lettre à un ami assassiné », l’ouvrage va au-delà du témoignage de guerre, convoquant l’histoire, la littérature et la poésie pour rendre compte la pleine mesure du désastre syrien, qui reflète, selon l’auteur, « le pourrissement du monde ».
Dans Menaces sur la mémoire mondiale de l’humanité (2016, Hoëbeke), Jean-Pierre Perrin revient sur l’histoire mouvementée de sites historiques du Moyen-Orient (comme la cité antique de Palmyre, reprise par la Syrie des mains de l’EI le 27 mars 2016) en s’appuyant sur une iconographie variée alliant archives et photos contemporaines. À travers une analyse géopolitique et philosophique, l’auteur nous rappelle que ces sites sont les témoins fragiles des civilisations passées, leur destruction constituerait donc une perte irrémédiable pour l’Humanité. Il est crucial d’immortaliser ce qui peut être détruit et de sensibiliser le plus grand nombre.
Le djihad contre le rêve d’Alexandre (Seuil, 2017) revient sur la situation actuelle de l’Afganistan. Jean-Pierre Perrin entreprend un voyage dans l’histoire du pays pour en expliquer le présent. Il rappelle le rêve qu’avait Alexandre Le Grand de fusionner l’Europe et l’Asie, aujourd’hui mis en echec par le djihad contemporain qui, écrit-il, a déclaré une guerre à l’histoire dont ce pays, plus que tout autre, était dépositaire. Un essai passionnant qui reçoit en 2017 le Prix Kessel de la SCAM, remi Étonnants Voyageurs.
Bibliographie :
- Le djihad contre le rêve d’Alexandre (Seuil, 2017)
- Iran, la prière des poètes (Nevicata, 2017)
- Menaces sur la mémoire mondiale de l’humanité (Hoëbeke, 2016)
- La mort est ma servante (Fayard, 2013)
- Nouvelles du bout du monde (Hoëbeke, 2011)
- Le paradis des perdantes (Stock, 2006)
- Les Rolling Stones sont à Bagdad : Irak, dans les coulisses d’une guerre (Flammarion, 2003 - Grand Prix 2003 des Lectrices de Elle)
- Jours de poussière : Choses vues en Afghanistan (La Table Ronde, 2003)
- Massoud (collectif, éditions 1, 2001)
- Chiens et louves (Gallimard, 1999)
- L’Iran sous le Voile (L’Aube, 1998)
- Chemin des loups (La Table ronde, 1995)