Tout part du chant. Dans les barrios gitans d’Andalousie, le flamenco se transmet comme une seconde nature. Quand on ne chante pas, on se raconte entre gens entendus les grands créateurs d’autrefois, leurs styles, leurs mille et une histoires. Vivent ceux qui savent. Lorsque surgit la grâce, on la reconnaît aussitôt. Un soir aura suffi à Manuel El Negro pour entrer dans la légende. L’écho de sa voix retournait l’âme. Moi, je l’accompagnais.J’étais son guitariste, dans l’ombre toujours. Notre amitié, tissée autour du chant, c’était un rêve partagé. Mais les Gitans le savent : l’art ne se commande pas. Y consacrer sa vie, c’est prendre tous les risques. Mémoire d’un peuple, le flamenco est plus qu’une musique : un art de vivre, une vision enchantée du monde, nourrie des milliers de vers anonymes hérités de la tradition. Confrontant ses personnages romanesques à des figures bien réelles de ce mundillo dans lequel il s’est longuement immergé, David Fauquemberg réinvente cette ’langue flamenca’, sa poésie, ses révoltes, l’intense émotion qui l’anime.
Revue de presse :
- "Manuel El Negro : avec lyrisme, David Fauquemberg ressuscite la magie et la détresse des nuits andalouses. De livre en livre, David Fauquemberg poursuit sa route aux côtés des damnés de cette terre, de ces hommes rêches mais sensibles, fracassés par une vie trop dure pour eux. Après les coups et les bosses des boxeurs cubains dans Mal tiempo, le voici plongé cette fois dans un univers de braises et de mots : celui des chanteurs de flamenco, ces vagamundos éternels grandis au sein de l’âme gitane...
Dans une langue typiquement flamenca, qui épouse le mouvement heurté et les sonorités lancinantes des nuits ibériques, l’auteur de Nullarbor signe une épopée fiévreuse, faite de gloire, de déchéance et de rédemption. Un conte aux accents poétiques, qui sonne comme un hommage appuyé à ces hommes et ces femmes...
Sa propre maîtrise du compás est la promesse d’un festin littéraire, à savourer au son des mélopées de Terremoto de Jerez ou de Paco de Lucía." Julien Bisson, Lire (20 septembre 2013)
- "Malgré un important travail documentaire, ce texte fiévreux, habité, n’a rien d’un essai ethnologique ou musical. Il se glisse entre le rêve et la réalité. Un territoire d’émotions communes, tangibles, réelles, à l’image de la musique des Gitans d’Andalousie (dont la représentation romanesque avant Manuel El Negro se cantonnait à des scènes de genre ou de détail). David Fauquemberg voulait " jouer le flamenco " avec ce livre ; il en livre une interprétation qui pleure et qui rit, enivrante et saisissante." Nils C. Ahl, Le Monde (3 octobre 2013)
- "Pourquoi le lire ? Parce que le flamenco n’est pas une danse, un chant, un art, une tradition, une culture, une discipline, une langue. Non. Le flamenco est un rêve, c’est un roman. Il n’y avait rien à inventer, il y avait juste à raconter. Il était temps que quelqu’un s’en charge, par-delà les Pyrénées. C’est chose faite, et si bien faite. Parce que tout le feu du flamenco tient dans ce roman : el toque (la guitare de Melchior), el cante (la voix de Manuel), el baile (la danse de Rocio, avec ses coups de talons furieux, son corps tendu, ses mains comme deux oiseaux). Et parce que la langue de Fauquemberg est comme la musique qu’il raconte, elle frappe, secoue, bouleverse. Elle donne du sens et de la vie." Marine de Tilly, Le Point (17 octobre 2013).