« Le voyage est d’abord rêvé. Il le reste et je l’ignorais. Je voulais voir le monde autant que m’en échapper. Je suis parti, moi aussi, aiguillonné par l’esprit d’aventure – on n’était déjà plus explorateur – et ses chantres. Quand il restait des mystères sur Terre. Les classiques de la littérature de voyage m’ont fait halluciner les yeux grands ouverts. Mais à quoi bon poursuivre désormais des fantômes, dans les confettis de forêts vierges pixellisées par Google Earth ? »
C. G.
Qu’est-ce qui fait le départ ? Partir, fuir, rêver, s’échapper. Cédric Gras, qui appartient de livre en livre à ces écrivains-voyageurs, sans cesse partis pour mieux revenir, nous relate quelques-unes de ses tribulations, du Tibet à l’Albanie en passant par toute l’Eurasie. Les hautes solitudes en guise de bout du monde, les rencontres en partage d’un fragment de vie, l’apprentissage d’une langue comme plus belle exploration, ce qui fait sa sensibilité à l’ailleurs.
Les Saisons du voyage sont celles que l’auteur talonne, l’automne, le printemps, mais aussi celles qui ne reviendront pas, qu’il traverse sans nostalgie, mais dans la conscience d’un passé qui ne l’a pas attendu. Les lieux et les hommes ont changés, le rapport au temps aussi. Pour les jeunes générations, l’initiation au monde se fait à travers une planète métamorphosée par le progrès, la politique et la démographie, rétrécie. Qu’est devenu le voyage au xxie siècle ?