Murée dans la solitude et le silence pour devenir invisible puisqu’indésirable, une femme est face à elle-même. Les seuls témoins de son existence sont des colonies d’insectes, le regard d’un chien et l’ombre d’un homme...
Murée dans la solitude et le silence pour devenir invisible puisqu’indésirable, une femme est face à elle-même. Les seuls témoins de son existence sont des colonies d’insectes, le regard d’un chien et l’ombre d’un homme...
Une île : Maurice, la narratrice du roman. Quatre personnages : un oncle las de la vie, sa nièce, unique lumière pour lui, une femme qui vient de quitter son mari, un chef de bande assoiffé de vengeance.
Une journée où tout va exploser : la cité, les haines, peut-être l’île. Enfin, d’étranges animaux qui attendent patiemment que les humains finissent de détruire ce qui leur reste – leur humanité, leur foyer – pour vivre seuls, en paix : les caméléons. Unité de lieu, de temps, d’action. Le compte à rebours est lancé, le drame peut commencer.
Mais reprenons. Le roman s’ouvre, la ville est à feu et à sang. Zigzig, le caïd meneur, tient dans ses bras une fillette ensanglantée. Les plus pauvres viennent de s’attaquer aux plus riches dans le centre névralgique de l’île : le shopping center, désormais en ruines. Au loin, un volcan gronde. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelques heures plus tôt, Zigzig partait avec les siens attaquer ses rivaux tandis que Sara regardait danser une femme libérée sur une plage abandonnée. L’île rembobine et nous raconte. On suivra tour à tour chacun des personnages jusqu’à ce que leur destin se mêle. On remontera aussi le cours de l’Histoire pour comprendre comment les peuples, les servitudes et les logiques du monde moderne ont saccagé cette terre de merveilles et divisé ses habitants.
Avec sa langue tour à tour tendre et ironique, tranchante et poétique, Ananda Devi nous emporte dans un roman impossible à lâcher pour nous plonger dans le chaos des hommes. Le destin est en marche. Mais dans cette histoire-là, ceux qu’on croit les plus féroces seront peut-être les seuls héros.
Février 1963, Londres. Une jeune mère de famille se suicide en glissant la tête dans son four à gaz. Cette femme, Sylvia Plath, est une poétesse. On la dit poussée au désespoir par les trahisons de son mari. À l’heure où les femmes cherchent à sortir de l’étau qui les étouffe, Sylvia est érigée en symbole par les féministes. Malgré elle. Car le destin de cette femme comète, hantée par la noirceur, est beaucoup plus complexe. Sous la plume empathique d’Ananda Devi, on suit la vertigineuse descente aux enfers de ce couple maudit. Jusqu’à l’éblouissement absolu.
Revue de presse
« Alors, voilà, je vais te parler comme si tu pouvais m’entendre. Te dire ce que j’aurais voulu qu’on me dise à ton âge, et ce que je suis en mesure de comprendre, au mien. Quel étrange aller-retour ! Me répondras-tu. Tu ne peux pas me lire ; moi seule peux à la fois me lire, m’entendre et comprendre ce que j’ai à te dire. Et pourtant, n’es-tu pas en moi encore aujourd’hui, jeune fille de dix-sept ans, qui avait le monde pour avenir ? Tu es l’enfant dont je n’ai jamais accouché. [...] Tant qu’à faire, vivons jusqu’au bout le dédoublement nécessaire des écrivains ! Dédoublons-nous ensemble ! Soyons, pour une fois, joueuses, joyeuses, d’être ! Diablesses ! »
Deux malles et une marmite est un regard tendre et sans concession de la romancière et poétesse Ananda Devi. L’auteure crée un pont, un dialogue entre la jeune femme qu’elle a été et la romancière qu’elle est devenue. Un texte d’une grande générosité offert à ses lecteurs et à tous les curieux des littératures indianocéanes. Il y a là des clés pour pénétrer une oeuvre exigeante, riche, bouleversante.
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Deuxième texte publié en coédition avec le musée des Confluences (à Lyon). Ananda Devi a été interpellée par une momie de femme péruvienne. Elle imagine la trajectoire de cette femme qui a beau avoir vécu à l’autre bout du monde il y a des siècles, elle lui semble extrêmement proche. À partir de cet "objet" troublant et terriblement humain, elle réfléchit à sa propre vie, aux impasses qu’elle peut rencontrer dans son écriture, à la condition des femmes en général et au pouvoir de l’art. Un texte bouleversant.
Fidèle à l’appel constant des autres rives et des antipodes, dans l’ardente continuité de ses quatre premiers numéros – Galaxies identitaires, De l’imaginaire et des pouvoirs, La guerre et la paix et Traduire le monde –, la revue Apulée poursuit sa double investigation : face aux bouleversements de l’actuel et dans l’espace inaliénable de la création toujours en devenir.
Dans cette cinquième livraison, c’est le tissage et le métissage des langues – avec au cœur la traduction à l’origine des grands humanismes tant méditerranéens qu’occidentaux – qui sont à l’honneur.
Essayistes, romanciers, nouvellistes, traducteurs, plasticiens et poètes nous rappellent au choix impérieux de l’éveil, du qui-vive et de la parole libre face aux pires dérives, en cette période de régression identitaire, de puérilisme généralisé et de démission compulsionnelle. Avec à l’esprit l’injonction de Lautréamont : « Toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuel. »
Avec des contributions notamment de : Ambedkar, Yahia Belaskri, Pascal Blanchard, Jean-Marie Blas de Roblès, Selahattin Demirtaş, Miquel de Palol, Ananda Devi, Mahasweta Devi, Delphine Durand, François-Michel Durazzo, Edmond Amran El Maleh, Aslı Erdoğan, Anna Gréki, Hubert Haddad, Alexis Jenni, Mohammed Khaïr-Eddine, Michel Le Bris, Ma Jian, Dory Manor, Albert Memmi, Laure Morali, Bernard Noël, Cécile Oumhani, Catherine Pont-Humbert, Jean Portante, Jean Rouaud, Éric Sarner, Kenza Sefrioui, Michael Sfard…
L’enfant grandit et découvre le monde. Sa grand-mère s’émerveille des découvertes à faire ensemble. Un texte poétique pour dire la beauté du monde, en mots simples et savoureux. Un texte bilingue pour laisser entendre aussi la musique du créole mauricien. Illustré en ligne claire et en gravure par Mary-des-ailes. Ethnologue et traductrice, Ananda Devi, née à l’île Maurice, a publié recueils de poèmes, nouvelles et romans récompensés par de nombreux prix. Elle est l’une des figures majeures de la littérature de l’océan Indien.
« Au commencement était un éléphant rose et bâfreur qui prenait tout de la vie et du corps de sa mère ». Au commencement était une voix, pléthorique et féroce, d’une jeune adolescente obèse dont le corps, depuis sa naissance, ne fait qu’enfler, et la vie empirer. Née assaillie de bourrelets et de plis, dévorant chaque jour le sein maternel, elle grossit tant et tant que bientôt elle effraie les passants, les nourrices, et fait fuir sa mère dégoutée. Restée seule avec un père qui l’aime par-dessus tout et la croit flanquée d’une jumelle invisible qu’elle aurait ingérée dans le placenta, huée par ses camarades de classe qui la traquent jusqu’aux toilettes pour la photographier et nourrir le grand Œil de la toile internet, elle quitte bientôt l’école et se retrouve alitée chez elle où son père cuisine des heures durant pour nourrir « ses princesses ». Là, elle grossit et prolifère jusqu’à se retrouver un jour coincée dans le chambranle d’une porte, incapable de bouger. Funeste coup du sort qui lui apportera l’amour de René, le menuisier venu la secourir, et lui fera goûter le plaisir inédit de la chair, jusqu’à ce que le grand Œil ne la rattrape finalement...
Conte moderne et roman de l’excès, Manger l’autre est autant l’histoire d’une obèse incapable d’arrêter de manger que l’allégorie d’une société avide de consommer obsédée par le culte de la minceur, du Moi et de l’image, l’empire d’Internet et la surproduction. Avec force et virtuosité, Ananda Devi brise le tabou du corps et expose au grand jour les affres d’un personnage qui est notre miroir.
Manger l’autre fait partie des romans sélectionnés pour le Prix Ouest-France Etonnants Voyageurs 2018.
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Ceux du large… Qui Ananda Devi désigne-t-elle par ce titre ? La réponse nous est suggérée dès les premiers vers du recueil : « Dans des barques de feuilles mortes / Ils portent à bout de fatigue / Les enfants de leur faim », avant d’être assénée comme une gifle dans le dernier poème : « Ceux que la vie éventre / De son coutelas ». Entre ces deux poèmes, elle suit l’errance des réfugiés, de tous ces êtres qui ont fui la terre où ils vivaient pour tenter d’atteindre une autre rive. Malgré la « terreur de l’eau », malgré la mort en embuscade. Et si l’auteure s’est donnée la peine d’écrire ce texte en trois langues – français, anglais, créole – c’est pour se prouver à elle-même qu’elle n’est pas restée « Tête baissée bras ballants » devant « Le film catastrophe » qui se déroule sous nos yeux.
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L’auteur nous expose au pouvoir du langage et de l’imaginaire dans ces trois nouvelles capables de réunir l’horreur et l’enchantement de notre monde dans un même étrange lit.
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Le portrait mélancolique et ironique d’un ambassadeur d’un pays nordique à New Delhi, désœuvré et seul ; une romancière occidentale s’attache à un petit mendiant indien sale et pustuleux ; les maladresses de trois riches Américaines parties en Inde se consacrer à la charité ; la solitude d’une femme de maharadja ; les mésaventures d’un écrivain mauricien couvert de ridicule par une journaliste indienne ; la mère d’un nourrisson monstrueux ; une femme qui ne donne naissance qu’à des garçons perd sa fille unique ; un homme qui travaille dans une usine de traitement des bébés phoques ne peut se débarrasser de leur odeur obsédante…On retrouve dans ce recueil de onze nouvelles les grandes thématiques d’Ananda Devi : la place des femmes dans la société, la critique du regard occidental sur l’Inde, le fantasme du pourrissement des corps, la présence du fantastique dans le quotidien, le choc entre tradition et modernité… Ananda Devi développe dans chacun de ces récits des univers violents et sensuels, très réussis. Chaque nouvelle est nette, superbement menée, empreinte d’une ironie féroce et troublante.
Mary Grimes a passé son enfance dans un bourg de la campagne anglaise. Elle y a connu à quinze ans son premier amour avec un soldat de passage, Howard, au début de la Deuxième Guerre mondiale. Howard a été emporté par la tourmente, et Mary vieillit dans une maison de Portobello Road, à Londres. Longtemps elle a attendu le retour de Howard, mais les années passant son souvenir s’est effacé. Cependant, la rencontre d’un gamin du quartier, Jeremiah, va changer la vie de Mary. Avec ses dreadlocks et ses façons de mauvais garçon, il lui apporte sa fraîcheur. Ils ne se parlent pas, ignorent tout l’un de l’autre, mais Mary ne peut plus se passer de lui. C’est le moment que choisit Howard pour revenir la hanter…Entre rêve et cauchemar, Les jours vivants est un conte de la solitude et du temps enfui. On est saisi par une atmosphère de violence latente et d’effroi, tempérée par la grande douceur de l’amour qui protège Mary. Le récit glisse insensiblement vers un registre fantastique qui lui donne sa force, dans la continuité des précédents romans d’Ananda Devi.
Après avoir publié plusieurs romans et des recueils de poésie, Ananda Devi s’essaie, magistralement, au récit autobiographique dans un livre sensuel, au plus près d’elle-même, la femme et l’écrivain, et des hommes qui la hantent, qu’ils appartiennent à son espace familial, à son île natale, l’île Maurice ou à son panthéon littéraire. Envoûtant, sensuel, vrai... Les Hommes qui me parlent est un texte magnifique.
Avec les poèmes et les proses qui composent ce livre, Ananda Devi nous confie son second recueil de poèmes, retrouvant ce lyrisme de la « chair nue » que donnait à lire Le long désir (Gallimard, 2003). Une femme y dévoile sa mystérieuse évidence, sans que les mots perdent leurs sens cachés. Ils explorent le secret et l’intime, scrutent le monde visible et invisible, provoquent les frissons qu’ils suggèrent. Et cela même lorsque l’auteure évoque « l’envie de poésie », la vie broyée d’un enfant soldat ou d’une jeune prostituée, la violence des rapports de domination, le sort fait aux femmes. Entre douceur et incandescence, désir et solitude, sans faire la moindre concession à « la poétique des îles », Ananda Devi nous livre une écriture à même la peau des passions et des démangeaisons humaines. Fine et profonde, comme elle, toujours à l’écoute de l’obscure promesse du monde.
Dans une maison de Curepipe, sur l’île Maurice, un vieux médecin à l’agonie est veillé par sa fille et par sa petite-fille. Entre elles et lui se tissent un dialogue d’une violence extrême, où affleurent progressivement des éléments du passé, des souvenirs, des reproches, et surtout la figure mystérieuse de la mère de Kitty, l’épouse du "Dokter-Dieu", qui a disparu dans des circonstances terribles. Elles ne le laisseront pas partir en paix.
Le Sari vert a reçu le prix Louis Guilloux 2010. Pour lire l’article publié à cette occasion, cliquez ici.
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« Elle s’est tournée pour partir sans même me voir, rentrée en elle-même, inatteignable. Elle a resserré le pan de son sari sur ses épaules. Sous la finesse du tissu, l’échancrure de la blouse laisse entrevoir une poitrine abondante. Peut-être n’est-elle même pas consciente de son attrait ? Peut-être n’y-a-t-il eu personne pour le lui apprendre et réveiller en elle quelque orgueil endormi, quelque secrète vanité ? J’ai perçu en elle la promesse d’une musique qui n’avait pas encore été jouée et qui, même désaccordée, contiendrait sa secrète harmonie. Suffirait-il de jouer en virtuose de l’instrument pour l’allumer de lumières et de couleurs nouvelles et franchir ses ténèbres ? » Avril 2004, New Delhi. L’Inde est en pleine campagne électorale. Sonia Gandhi – l’Italienne, l’étrangère – deviendra-t-elle le prochain Premier ministre ?… Mais pour Subhadra, cinquante-deux ans, grande, plutôt ronde, une femme ordinaire, la préoccupation est autre : ira-t-elle à ce pèlerinage de renoncement des femmes ménopausées que lui propose sa belle-mère pour marquer la fin de sa féminité ? Ou cédera-t-elle au contraire à la mystérieuse séduction de l’autre qui la suit depuis un mois dans les rues de Delhi ? Un étrange pas de deux, chassé-croisé amoureux qui lui offre une chose que personne ne lui a jamais offerte : son propre corps...
« Je suis Sadiq. Tout le monde m’appelle Sad. Entre tristesse et cruauté, la ligne est mince. Ève est ma raison, mais elle prétend ne pas le savoir. Quand elle me croise, son regard me traverse sans s’arrêter. Je disparais. Je suis dans un lieu gris. Ou plutôt brun jaunâtre, qui mérite bien son nom : Troumaron. Troumaron, c’est une sorte d’entonnoir ; le dernier goulet où viennent se déverser les eaux usées de tout un pays. Ici, on recase les réfugiés des cyclones, ceux qui n’ont pas trouvé à se loger après une tempête tropicale et qui, deux ou cinq ou dix ou vingt ans après, ont toujours les orteils à l’eau et les yeux pâles de pluie. » Par Sad, Ève, Savita, Clélio, ces ados aux destins cabossés pris au piège d’un crime odieux, et grâce à son écriture à la violence contenue au service d’un suspense tout de finesse, Ananda Devi nous dit l’autre île Maurice du XXIe siècle, celle que n’ignorent pas seulement les dépliants touristiques.
« N’oubliez pas mon île. Fétu de canne au duvet rose, vêtue de sucre et de jasmin, n’oubliez pas son visage d’enfant puni derrière les esprits clos, ses mains meurtries au bris du jour. Ses pieds coincés dans les failles de son passé. » « Tu es une effraction dans l’absence de mes nuits. Approche. Tends ton envie. Que je l’enroule autour de mes lèvres en un jus amer et putrescible. Tes yeux me songent et m’évertuent, me dégringolent d’impatience. Au bout, chute, cassure, fractures et contusions, hématomes comblés de nos corps, je m’en fous. Je suis celle que tu rouages. Les serments se délitent. C’est l’instant du froid martyre. Toi tu ne l’entends pas. Je suis écarquillée de désirs. Perçois-tu autre chose ? » Ainsi Ananda Devi nous raconte-t-elle une histoire sensuelle, obsédante, cruelle : celle d’un lieu et d’un corps.
On le dit monstre, on le dit mythe. On le dit légende sortie des sources volcaniques de l’île, esprit mauvais hantant les cavernes de roche. On l’appelle le pêcheur nu, l’homme anguille. Joséphin le fou. Il est tout cela. Il est aussi l’enfant perdu que seule la mer accueille, et qui apprend, avec ses créatures, la cruauté minérale des grands fonds. Il est celui qui tente de capturer, dans le regard de deux petites filles, la goutte de paradis qui y tremble. Il est celui qui détruit par innocence meurtrière. Il est, tout simplement, Joséphin.
Au lieu-dit Soupir, dans Rodrigues, dernière île habitée à l’est de l’Afrique, les quatre points cardinaux sont soleil, sécheresse, mer et cyclone. Une poignée de gens, piégés entre un passé renié et un avenir compromis, poussés par leurs rêves fous, décident de s’exiler à Soupir, au flanc d’une colline, pour y cultiver la ganja. Livrés à eux-mêmes, hantés par les âmes mortes de Soupir, pris dans leur chair tourmentée, Patrice l’Éclairé, Bertrand Laborieux, Noëlla, Marivonne, Pitié, Royal Palm et tous les autres seront confrontés à leurs propres ombres et au bleu-noir de leur destin, où seule une frontière fragile et bien trop aisément franchie sépare l’innocence de la cruauté. « Chaque jour à Soupir le temps était violet et cyclonique. Même le soleil était graisseux, les nuits vitrifiées, les matins remplis d’égratignures. Les gens se réveillaient avec des boursouflures et des démangeaisons. Ils sortaient des abris de fortune le corps dilapidé. Ils contemplaient le jour, incurieux, sachant qu’ils n’en réchapperaient pas. »
Terre Rouge, un village au nord-ouest de l’île Maurice. Une femme y arrive le jour de la Cérémonie, aux côtés de l’homme qu’elle a accepté d’épouser par vengeance. Il pleut. Son sari de mariée est alourdi de boue. Elle ne sait pas encore que cet endroit rouge va lui apporter autre chose. L’amitié de Mitsy aux robes multicolores, l’odeur brumeuse des épices qu’elle laisse filer entre ses doigts, et surtout l’amour de Zil, le pêcheur. Amour interdit, parce qu’elle est mariée, parce qu’elle est hindoue, parce qu’il est créole, parce qu’il est pêcheur, parce que tous les prétextes sont bons pour interdire. Un soir, chargées de lui faire entendre raison, les mofines, gardiennes de la pureté, viennent la marquer au fer du nom de folle : Pagli. Pour elle, ce ne sera pas une punition, mais une libération.
« Ai-je porté en moi l’enfant et sa mort ? Lui ai-je moi-même donné, après sa lente gestation, ce jumeau intolérable, cette ombre définitive attachée à ses pas ? Peu importe les dieux et leurs exigences, la mère aussi est une divinité. Mais une divinité déchue, amputée de ses pouvoirs … » Confrontée à la maladie de son fils, Anjali, jeune femme hindoue de l’île Maurice, n’a plus qu’un recours : accomplir la marche sur le feu, un rituel à travers lequel elle intercédera auprès des divinités en faveur de la vie de son fils. Mais avant de franchir le sentier de braises et de tenter d’apercevoir ce voile de Draupadi, dont on dit qu’il s’étend sur les braises pour protéger les marcheurs et les empêcher de se brûler, elle devra parcourir une longue route mystique au fond d’elle-même, vers un passé où se sont forgées toutes les chaînes de connivence qui emprisonnent son destin.
Murée dans la solitude et le silence pour devenir invisible puisqu’indésirable, une femme est face à elle-même. Les seuls témoins de son existence sont des colonies d’insectes, le regard d’un chien et l’ombre d’un homme...
« Mon nom est la Gungi, la lunaire ou Aeena, qu’importe. Je serai tour à tour muette ou miroir, selon le temps qui se décompose et se recompose autour de moi, selon les êtres qui me heurtent, me meutrissent ou m’apaisent, selon les vies que je retrouve en cherchant, dans mon passé, les clés du présent. Car je suis née fille de swami, et marquée du karma du parricide. Mais qui étais-je donc, dans cette vie que je n’ai pas vécue et pourquoi ai-je tué ? »
Avec Jamey BRADBURY, Lola GRUBER et les membres du jury Ananda Devi ANENDEN, Michel LE BRIS, Anna MOÏ, Atiq RAHIMI, Jean ROUAUD
Animé par Maëtte CHANTREL
Avec : Audrée WILHELMY, Ananda DEVI
Animé par Maëtte CHANTREL et Pascal JOURDANA
Avec Ananda Devi, Grégoire Polet, John King et Jonathan Coe
Ananda Devi, Chahdortt Djavann et Patrick Declerck
Avec Abha DAWESAR, Gisèle PINEAU, Bulbul SHARMA, Bertina HENRICHS
Une rencontre entre la poétesse et écrivaine Ananda Devi et Hubert Haddad, précédée par une lecture d’un texte de la poétesse par Elie Guillou.
« L’écrivain, le poète, le romancier, sont des créateurs. Cela ne veut pas dire qu’ils inventent le langage, cela veut dire qu’ils l’utilisent pour créer de la beauté, de la pensée, de l’image » disait J.M.G. Le Clézio, dans le discours du prix Nobel 2008. Présent en visio à la rencontre, il sera rejoint par des auteurs, autrices et poètes et poétesses venu·es de quatre océans, de mondes et de cultures diverses, qui se retrouvent autour de leur amour de la langue et des mots. Matière première qu’elles et ils façonnent pour dire le monde en français.
Avec Ananda Devi, figure majeure de l’espace littéraire francophone élevée au contact de plusieurs langues. Ethnologue de formation, traductrice de métier, elle est sensible à l’imbrication des identités, aux contradictions de l’espace insulaire et à la question toujours brûlante de l’altérité ; Natasha Kanapé Fontaine, slameuse, poétesse et écrivaine innue du nord du Canada ; et Abdourahman Waberi, magicien des mots dijboutien auteur du Tout-monde questionnant les rapports entre Nord et Sud.
La rencontre, animée par Yann Nicol, était précédée d’une lecture d’un extrait d’Avers, recueil de J. M. G. Le Clézio, lu par Élie Guillou.
Quand la poésie prend le pas sur la vie, la dévore jusqu’à la tuer. Se tuer. Comme si, ainsi que le disait Rimbaud, la vraie vie était ailleurs. Comment alors vivre avec sa vie et sa poésie, en même temps ? Avec Ananda Devi, Coline Pierré, Thomas Vinau et Yvon Le Men.
Rencontre avec les lauréats du prix Littérature-Monde 2018 Mohamed Mbougar Sarr et Einar Már Guðmundsson (traduit par Éric Boury). Avec les membres du jury Ananda Devi, Anna Moï, Dany Laferrière, Michel Le Bris et Jean Rouaud. Animé par Sophie Ékoué.
Rencontre avec Claude Aziza, Ananda Devi et Pierre Dubois, après la projection du documentaire Monstres, l’ennemi de l’intérieur (Jac et Johan). Animé par Claudine Glot
Il y a la petite fille boulimique qui veut se faire manger par un ogre malheureusement anogrexique, il y a l’adolescente obèse dévorée par les réseaux sociaux, il le père que le fils appelle lui même l’ogre du Vaterland et surtout il y a les écrivains qui nous délivrent en nous parlant justement de l’ogre et du petit poucet. Il y a nous, un jour ogre, un jour petit poucet.
Avec Paul de Brancion, Ananda Devi et Nathalie Papin. Animé par Yvon Le Men.
« Quelque soit le lieu d’où résonne la littérature, elle fait entendre, photographie, questionne les mots/maux du monde. Elle parle de l’humain, donc est résolument ancrée dans l’universel. Elle est le langage d’hier, d’aujourd’hui et du monde qui vient. Elle porte les cicatrices de l’Histoire. Elle doit être lue, être entendue, secouer les consciences, désarmer les certitudes. » (Mackenzy Orcel)
Avec Sophie BOUREL, Néhémy PIERRE-DAHOMEY, Dany LAFERRIÈRE, Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS, Rodney SAINT-ELOI, Ananda DEVI, Hakan GÜNDAY, Coutechève LAVOIE AUPONT, Yahia BELASKRI, Martine FIDÈLE, Aurélia LASSAQUE, Nii AyikweiI PARKES, James NOËL, Makenzy ORCEL, Guy-Junior REGIS et la présence d’Azad Zyia EREN… : ils sont les nouvelles voix qui nous viennent d’Haïti, ou qui portent Haïti au cœur. Rassemblés pour une soirée magique à l’Univers, superbement accompagnés par le guitariste Yoann MINKOFF.
Avec Guy Junior Régis, Coutechève Lavoie Aupont, Emmanuelle Colas, Ananda Devi
Animé par Eduardo Castillo
Avec Ananda Devi
Un beau poème d’Ananda Devi (Bruno Doucey éd.) dit par Isabelle Fruleux et Ananda Devi « pour ne pas rester tête baissée, bras ballants, devant le film catastrophe qui se déroule sous nos yeux ».
Avec Alice Diop, Ananda Devi, Patrick Chamoiseau
De berceau de civilisation, la Méditerranée est devenue un cimetière marin – mais qu’est-ce qui meurt, de nous, avec ces malheureux ? Ailleurs, nous multiplions les camps. Mais qu’est-ce que nous nous enfermons de nous-mêmes, ce faisant ? Rester « entre soi » ? Mais que reste-t-il alors de ce « soi » ? Qu’est-ce que cela veut encore dire pour nous, d’être humain ? Qu’est-ce qu’un être humain ? Il y a un imaginaire de l’être ensemble à refonder. Avec Patrick Chamoiseau, Edgar Morin, dont toute la pensée tend vers la définition des contours d’un nouvel humanisme, Raphaël Glucksmann, qui après un séjour à Calais a publié un texte fort, dans Médiapart sur la faillite de l’idéal républicain : De quoi Calais est-il le nom ?, Shumona Sinha a été interprète auprès de l’Ofpra, chargé de gérer les demandes d’asiles politiques, dans Assommons les pauvres !, elle dressait un constat sans complaisance et publie Apatrides (Éditions de L’Olivier), Raphaël Krafft avec Passeur (Buchet-Chastel) qui, en racontant l’ascension du col de Fenestre pour aider des réfugiés à atteindre la France, met en exergue l’absurdité des lignes imaginaires dans un document profondément humain. Retour ligne manuel.
« Je n’ai pas voulu faire un film militant qui dénoncerait quoi que ce soit, mais un film qui assigne une place au spectateur, l’invite à regarder ces hommes comme on a rarement l’occasion de les voir. » précise Alice Diop (Télérama) La Permanence (2016) a bouleversé le public du Cinéma du réel : à l’hôpital Avicenne, la réalisatrice a filmé pendant un an les consultations par un médecin de migrants malades, brisés par l’exil, l’expression des visages, l’entrecroisement des histoires et des voix. Un grand film, présenté par la réalisatrice.
Avec Makenzy ORCEL, Danielle SCHRAMM
Et les membres du jury : Ananda DEVI, Dany LAFERRIÈRE, Paule CONSTANT, Boualem SANSAL
Animé par Yann NICOL
Avec Kamel Daoud, Hubert Haddad, Ananda Devi et Wilfried N’Sondé. Rencontre animée par Sophie Ekoué
Avec Ananda Devi et David James Poissant, une rencontre animée par Kerenn Elkaim.
Une rencontre avec Nancy Huston et Ananda Devi, animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
Une rencontre chargée d’émotions avec Samar Yazbek, Maram Al-Masri,
Ananda Devi et Carmen Yanez